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Chronique de Concert

Lhasa

Lhasa en concert

Le Moulin, Marseille 16 avril 2005

Critique écrite le par


Lhasa de Sela [lasa] n.f.: Jeune chanteuse mexicano-québéco-marseillaise à la voix déchirante. Son premier album, la Llorona (1997), a bouleversé toutes les certitudes concernant les chanteuses à voix, les pleureuses et la beauté en général. Quant à son deuxième album, The Living Road (2003), plus éclectique, elle vient terminer à Marseille la tournée qui lui donne vie et consistance.

Pour rien au monde ses fans nombreux n'auraient manqué ce soir le passage de la douce chanteuse, qui clôture sa tournée au Moulin. Sandwich à la main, certains font déjà le pied de grue devant la scène plus d'une heure avant le concert. Equipés d'un pass photo, nous sommes nous aussi idéalement placés, à moins de deux mètres du micro. Pour ne pas tomber dans ce que le MPP appelle mon travers sexiste (c'est-à-dire une manie de trouver belles les filles qui chantent, et de l'écrire), disons qu'en toute simplicité c'est une fée qui est apparue sur scène, accompagnée de deux autres demoiselles et de trois messieurs, tous de noirs vêtus, costards, robes et talons hauts, la classe.

Avant de dégainer les superlatifs pour la chanteuse, il faut rendre hommage tout de suite à son groupe, impeccable, tout à son service, écrin de choix pour un bijou vocal. Rien que leurs patronymes rappellent déjà toutes les influences de Lhasa : français, québécois, anglais, espagnol... Avec un bravo particulier à Mélanie Auclair, multi-instrumentiste (violoncelle, melodica, mini-guitare, percussions variées...) et surtout soutien vocal pour Lhasa : véritablement son bras droit et son alter ego, Mélanie chante d'une manière aussi habitée que si c'était elle, là, dans la lumière... une petite révélation.

Mais revenons à notre fée. Le timbre de sa voix a souvent été disséqué : tour à tour cassée, rocailleuse, chuchotante, plaintive, limpide... un chant qui parle directement à l'âme, un don sans aucune retenue, comme une manière de mettre ses tripes sur la scène (à la manière de Björk). Certes ce chant superbe est visiblement un peu fatigué ce soir (parfois certaines notes aigües passent discrètement à la trappe). Et cependant les chansons sont habitées, même la délicieuse De Cara a la pared, même la bouleversantissime El Desierto, comme si elle les chantait pour la première fois - ma réaction est donc la même qu'à la première fois... un frisson de bonheur. Lhasa semble d'ailleurs contente de nous parler, et même intimidée, comme si c'était son premier concert !

Autant les chansons de La Llorona émouvaient sans même les comprendre, autant celles de The Living road pouvaient un peu déconcerter. Mais elle les présente ici avec passion, explique leur sens, n'hésite pas à réciter les poèmes a capella, dans un silence religieux. Ainsi pour J'arrive à la ville, écrite en hommage à son arrière grand-père, libanais immigré à marseille. Elle fait aussi rire toute la salle en introduisant la culpabilité, une chanson maligne où elle confesse tout ce qu'elle a fait ou fera de méchant, pour que l'on ait pas de prise sur elle (comme elle l'a fait contre ses soeurs cafteuses, quand elle était petite).

La Frontera, elle, traduit la fascination de Lhasa pour le voyage, la route qui pour elle est "vivante", et le but du voyage, la frontière : il manque cependant une petite trompette pour donner à cette chanson, comme sur album, un petit air mexicain traditionnel à la Lila Downs. Et puis il faut signaler une chanson inédite, un air libanais que Lhasa adore, Fairuz : en effet un air magnifique, malheureusement déjà oublié (peut-être qu'elle voudra bien nous le donner sur album un jour !)

Quand Lhasa chante, après l'avoir longuement introduite, sa chanson Para fin del mundo O El Ano Nuevo, on se dit qu'on aimerait qu'elle chante à notre prochain enterrement ! Cette chanson triste et inquiète lui fut inspirée par un Nouvel-An à la Seyne-sur-Mer face au port de guerre de Toulon (la pauvre, je comprends sa détresse, c'est l'endroit le plus moche de la région...).

Mais quand le groupe joue en rappel La Celestina, avec un petit rictus de mépris amusé, un geste de la main, avec une classe folle, Lhasa nous donne au contraire sa plus joyeuse chanson, et enfonce le clou avec Los Pesces : une énorme envie de danser et de battre des mains emporte la salle entière, et l'on se dit qu'on aimerait bien avoir Lhasa aussi pour animer notre prochain mariage !

En dernier rappel, et en hommage à son père, Lhasa prend le temps d'expliquer le sens de la chanson Soon this space will be too small, chanson sur le passage, simple, belle et triste : nous sommes donc déjà en conditions - attristés - quand elle quitte la scène, après un concert généreux et tout en communion de près de deux heures. Merci et bon vent, petite fée, nous attendrons patiemment ton prochain album, et s'il te faut à nouveau 6 ans pour l'écrire... eh bien nous attendrons le coeur léger, au chaud avec le souvenir de cette soirée magique.

Set list :
Con toda palabra ; La marée haute ; La Frontera ; J'arrive à la ville ; El pajaro ; Small song ; Floricanto ; Anywhere ; Fairuz ; De cara a la pared ; La confession ; El Desierto ; Pa'llegar a tu lado ; My name ; Para fin del mundo
Rappel : La Celestina, Los Pesces
Fin : Soon this place will be too small


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