Accueil Chronique de concert Lilly Wood & The Prick + 1973
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Chronique de Concert

Lilly Wood & The Prick + 1973

Lilly Wood & The Prick + 1973 en concert

Le Grand Mix, Tourcoing 24 Novembre 2010

Critique écrite le par



Ils en ont fait, du chemin, Ben et Nili, depuis leur concert sur la troisième scène du festival Rock en Seine en 2009, lorsque leur talent et leur fraîcheur avaient éclaboussé une foule qui ne les attendait pas, mais qui s'est rapidement laissé conquérir. Un an et un album plus tard, on les retrouve en pleine tournée nationale, qui fait étape ce soir à Tourcoing. Ne manquez d'ailleurs pas l'interview qu'ils nous ont accordée quelques minutes avant le concert !

En première partie, c'est la troupe de 1973 qui doit chauffer la salle. Connus depuis leur tube estival Bye Bye Cellphone, ils arrivent sur scène à quatre pour enchaîner des ballades un peu molles. Ce n'est pas désagréable, mais encore moins transcendant. Le chanteur semble jouer plus sur son physique avantageux que sur sa voix, et l'ensemble donne une image assez fade de pop-rock pour groupies en fleur. C'est sympa, c'est léger, mais c'est rarement enthousiasmant et leur musique glisse sur nous sans laisser de trace. On notera en revanche qu'ils font beaucoup de blagues, avec une bonne dose d'autodérision, comme lorsqu'ils essayent de faire participer un public peu réactif et qu'ils en viennent à se demander à voix haute s'ils sont "en train de se prendre un gros vent par 650 personnes". Malheureusement, la réponse est oui. Ils ont gardé le fameux Bye Bye Cellphone pour la fin, qui est de loin leur meilleur titre, avec de belles harmonies qui nous font revoir les lueurs de l'été. Ils offrent même au morceau un final très rock qui sauve un peu l'ensemble, mais leur prestation n'aura sans doute pas marqué grand-monde. A noter qu'à la fin de la soirée, autour du petit stand de dédicaces, ils en sont venus à presque supplier les gens d'acheter leur album, d'abord avec humour, puis de plus en plus lourdement, ce qui aura laissé une impression pour le moins dérangeante.



Après une assez courte attente, c'était déjà au tour des vedettes de la soirée d'entrer en scène. Lilly Wood & The Prick a bien grandi : le duo originel s'est entouré de trois autres musiciens, qui lui permettent d'enrichir considérablement sa musique et sa prestation scénique. Le concert démarre avec un puissant Water Ran et c'est déjà une première claque : le groupe, qui navigue entre pop, folk, rock et électro a manifestement choisi ce soir une formule énergique pour secouer le Grand Mix. Avant de poursuivre sur (No, No) Kids, Nili commence déjà à hurler le nom du duo comme une punkette - qui a dit qu'ils étaient sages ? Elle récidive avant Love Song, pour lequel elle encourage le public à "se rouler des énormes pelles". Le groupe un peu timoré qu'on avait vu à Saint-Cloud a manifestement pris de l'assurance !



Ils osent beaucoup plus de choses et ont le culot de le faire bien. Par exemple, sur la fin de leur fameuse reprise de Santigold, l'excellent L.E.S. Artistes, Nili se permet de partir en rap, tandis que le combo assène des riffs jouissifs. On montera encore en puissance avec Horny et sa fin électrique, annoncé comme un morceau "sexuel", sur lequel la jeune chanteuse se déchaîne à la manière d'une Izia. Pourtant, le public nordiste est étrangement peu réactif, assez mou, peut-être endormi par la première partie. Ca s'améliore un peu après Hopeless Kids et Hey It's OK, auquel le groupe offre un final tutoyant le hard rock. La foule est moins attentiste, mais elle se manifeste nettement plus au moment d'applaudir que pendant les morceaux eux-mêmes, ce qui donne un contraste assez étrange. Le plus calme Prayer in C, parsemé de flute traversière, offre un agréable intermède, féérique et envoûtant, mais voilà déjà Little Johnny, pour lequel Nili descend au milieu de la fosse. Le titre est plus bluesy, le public le reprend en chœur et finit même a capella. Après Middle Of The Night, il est temps de passer aux choses sérieuses : la chanteuse se saisit de sa keytar et, dès les premiers accords de Down The Drain, le Grand Mix réagit. Ca y est, la salle est enfin dedans, le public lâche les chevaux, idéal pour que tout le monde saute sur My Best, qui vient clore le set, et que le groupe ait droit à un rappel tonitruant.



Le duo revient seul en scène pour un beau moment de complicité sur Untitled Yet (qui n'aura vraisemblablement jamais d'autre titre) et la soirée se conclue comme elle avait commencé, avec l'énergique A Time Is Near pour un final échevelé.

Ce qui a toujours été sympa, avec Lilly Wood & The Prick, c'est que, même si Ben est nettement moins expansif que Nili, ils prennent tous les deux beaucoup de plaisir sur scène, ils le montrent et ils le transmettent assez naturellement au public. Finalement, après avoir autant bourlingué ces derniers mois, on sent que le groupe a acquis beaucoup plus de maturité et de maîtrise, tout en parvenant à garder sa fraîcheur, sa spontanéité, son énergie et son enthousiasme. Même si le public tourquennois aura un peu failli à sa réputation en mettant près d'une heure à rentrer dans le concert, chacun aura passé un très bon moment, entre poésie folk et énergie rock.

Retrouvez un interview du groupe en ligne.

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