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Chronique de Concert

Les Lionceaux

Cartonnerie, Reims 3 novembre 2006

Critique écrite le par

Jacky et Francis sont descendus de leurs Ardennes pour l'évènement. Ils ont la soixantaine et sont d'authentiques fans des Lionceaux. Cette passion n'est pas exclusive puisqu'ils possèdent en commun une collection de 2000 vinyles de l'époque et que Jacky, veste à franges, santiags, est un membre du fan-club de Dick Rivers.
"A l'époque, c'était les Chats (sauvages avec Dick) et les Chaussettes (Noires avec Eddy), puis il y avait Les pirates, Les champions, Les vautours, Danny Boy et les pénitents (des musiciens noirs cachés derrière des cagoules). Les Lionceaux, c'était la classe encore au-dessous, c'était un peu cacophonique, faut dire qu'ils n'avaient pas du tout le même matériel qu'aujourd'hui."

Les Lionceaux, Jacky et Francis, les ont découverts à la radio, dans l'émission Salut les Copains de Daniel Filipacchi, qui passait tous les jours à 17 heures sur Europe 1. Dès qu'ils entendaient un nouveau morceau, ils partaient ensuite à sa recherche chez le disquaire où le 45 tours se vendait pour 10 francs. Ils les ont tous. Six super 45 tours et un album enregistré en concert, sortis entre 1963 et 1965. Mais ils n'avaient jamais pu voir le groupe en chair et en os. D'où leur excitation aujourd'hui. Car les voilà, 40 ans plus tard, avec un rêve qui se réalise.



Bizarrement, moi qui suis un chouia plus jeune, je les ai déjà vus les Lionceaux. Toujours à l'affût de l'évènement musical, j'avais assisté à leur premier concert de reformation en décembre 2004, au Moonlight, une discothèque en bordure du canal. Cela ne m'avait pas laissé un souvenir impérissable. Ils n'avaient joué que 7 morceaux. Tant bien que mal et plutôt mal que bien. Mais bon, il faut savoir être indulgent, c'était leur tout premier concert en classe vétérans et ils n'avaient pas lésiné sur le champagne avant de monter sur le podium. Depuis, ils ont eu le temps de retravailler plus sérieusement leur répertoire, puisqu'ils l'ont réenregistré en studio et qu'ils ont donné quelques concerts supplémentaires, à l'Olympia notamment.

Oui, à l'Olympia, pas moins, car Les Lionceaux, sont le groupe le plus fameux à être sorti de Reims. En 1962, ils ont gagné 4 fois consécutivement la Coupe Age tendre et tête de bois, du nom d'une célèbre émission de télévision. Ils ont tourné avec Johnny Halliday et leur dernier chanteur fut Herbert Léonard !
Leurs succès Quatre garçons dans le vent, Je ne peux l'acheter, Je te veux tout à moi, Toi l'ami n'ont pas traversé le temps puisqu'ils ont été supplantés dans la mémoire collective par leurs modèles originaux à savoir Hard days night, Can't buy me love, I want to hold your hand, All my loving tous composés par John Lennon et Paul Mac Cartney pour les Beatles.

Ces versions francisées sont assez charmantes. Et réentendre, ces niaiseries adolescentes chantées par des papys ne manque pas de charme. Je le dis sans ironie car pour ce deuxième concert rémois les Lionceaux revival était en bien meilleure forme qu'il y a deux ans.
"C'est génial, ah c'est génial. Ils sont vraiment bons. Je retrouve 1960." Jacky et Francis n'en reviennent pas. Ils ont des étoiles dans les yeux. C'est même mieux qu'en rêve. "Ils sont meilleurs qu'à l'époque." Un autre fan n'en finit pas de se pâmer devant le son de la guitare de Bruno Arrigoni, le soliste du groupe. Il n'y tient plus et entre deux morceaux, il lui demande "Pardon Bruno, c'est quoi votre guitare ?" "Une american stratocaster", lui répond le musicien. Passe un autre morceau, le fan revient à la charge. "Dites-moi, c'est sûr que c'est un modèle de série. Un son pareil !" Le Bruno ne sait pas trop quoi lui répondre. Ce n'est peut-être pas sa guitare. Il a dû changer d'instrument pendant Apache, des Shadows, en plein milieu de son énorme solo, il a cassé une corde et c'est Roger Soly qui a terminé le solo.




Pour l'anecdote, il faut préciser que Roger n'est pas un Lionceau pur jus. Il jouait dans un groupe rival Les cordes d'argent, tout comme le batteur Richard Demay. De la formation d'origine, il ne reste que Jean-Louis Percy et le chanteur Alain (Willy) Dumont, le bassiste Dan Dubois et Bruno Arrigoni sont arrivés plus tard. Ils étaient tous très jeunes à l'époque. Pas même majeurs et plusieurs durent abandonner leur carrière naissante pour le service militaire. Le groupe pendant ce temps continuait sur sa lancée et c'est ainsi que treize membres différents se sont succédés au sein des Lionceaux qui n'a jamais compris plus de quatre individus à la fois.

Le spectacle a duré deux heures au total, entrecoupées de deux pauses. "Le bar est ouvert. Nous on est tout rouge", comme l'annonçait d'un ton rigolard Jean-Louis. C'est qu'il ne fallait pas les brusquer les anciens. C'était mieux qu'au Moonlight, mais ils restent quand même empotés sur scène. Il leur faut des pupitres avec les partitions bien ouvertes afin de pouvoir jouer les chansons, pareil pour Alain Dumont qui décollait rarement les yeux de son cahier de paroles.
Mais, dans l'ensemble, ils n'ont pas démérité et ce fut très agréable. Cliff Richard, Elvis Presley, Creedence Clearwater Revival, Chuck Berry, les Rolling Stones, Ricky Nelson, c'est comme si on était devant un juke-box avec traducteur intégré. Ils ont même fait une incursion dans les années 70, la fin des années 70, pour une adaptation inédite, vraiment très inédite, du Sultans of swing des Dire Straits rebaptisé L'école du rock'n'roll.

Site du groupe : http:www.leslionceaux.fr

 Critique écrite le 05 novembre 2006 par Bertrand Lasseguette

> Réponse le 09 décembre 2006, par Richard

Merci, pour cette analyse, aussi objective que sympa, grace à alle nous allons pouvoir nous corriger. Encore merci de vous être interessés a nous. Richard Demay (batteur des Lionceaux)  Réagir


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