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Chronique de Concert

Lisa Li-Lund, Tahiti boy and the palmtree family

Point éphémère Paris 30 août 2006

Critique écrite le par

Une jolie fille, c'est toujours une bonne raison pour aller à un concert. Lisa Li-Lund est une très jolie fille. Des cheveux, de belles joues, une silhouette, des formes, bref, une jolie fille. Mais Lisa, c'est plus qu'une jolie fille, c'est aussi une sœur. Pas celle de Will Oldham, qui en son temps a chanté sa sister Lisa. Non, Lisa Li-Lund, c'est la sœur d'autres musiciens, issus du même univers folk alternatif que le Palace Brother, je veux parler des deux frères Herman Düne: André et David-Ivar.
On a pu déjà entendre Lisa sur plusieurs disques du groupe, elle figure encore en bonne place au générique du prochain, Giant, à paraître au mois d'octobre. On peut aussi la voir sur la couverture du magnifique album, Novascotia runs for gold. C'est elle à droite, dessinée par et aux côtés de David-Ivar.
Je rappelle que ce disque, je suis très sérieux, est avec Not on top, l'un des tous meilleurs à être sortis ces dernières années. On y trouve des chansons inoubliables, propres à enchanter un maximum de gens, des mélodies qui donnent envie de taper dans les mains et qui dans un monde parfait devraient passer en rotation lourde sur les ondes radio.
Enfin, toujours dans la famille Herman Düne, Lisa a collaboré avec Néman, le batteur, sur le projet Li-Lund. On peut en entendre un morceau sur la compilation Performance #1, sortie en 2002. Il existe aussi un album complet, de 21 morceaux, 900 km from Lund, qui est très, très intéressant. Lisa y chante avec une voix de petite fille. Et je m'en suis tordu de plaisir, hier quand je l'ai écouté pour la première fois.
Bon, voilà pour la bio. Cette année, Lisa a publié son premier véritable album solo, Li-Lund ran away. Je ne l'avais toujours pas écouté, quand j'appris cette semaine l'organisation d'un concert gratuit sur Paris. Chouette. Vu que j'habite Reims, et me doit donc de sortir de l'argent pour payer l'essence et le péage, la gratuité est un atout majeur pour qui veut me voir à son concert parisien. Et me voilà donc au Point éphémère, au milieu de la troupe habituelle de jeunes gens à la coule.



A l'entrée, une affiche s'excuse de ne pouvoir nous offrir Beck. Ah bon ? Pas de déception de mon côté, je n'étais pas au courant. Je me suis même demandé s'il s'agissait d'une blague. Mais à plusieurs reprises, au cours de la soirée les artistes exprimeront leur soutien moral au programmateur pour cette annulation de dernière minute. Et il est vrai que le blondinet californien ne devait pas être loin puisqu'il était prévu le 2 septembre à Londres. Dommage pour lui, d'autres têtes blondes étaient prêtes à l'accueillir, comme il se doit, du bout de leur colt.



Profitant de la gratuité, certains avaient fait le déplacement en famille, et toute une charmante marmaille occupaient les premiers rangs. Ils ont l'air menaçants comme ça, mais je dois reconnaître qu'ils sont restés sages pendant tout le spectacle.

I want him powerful and harmless like a panda bear.



Ils ont bien fait les bambins. La musique de Lisa s'écoute gentiment. C'est une douceur. Ce soir, elle est montée toute seule sur scène. On la sent un peu embêtée. A la limite de s'excuser d'être là. Son frère David, alias Yaya, devait l'accompagner. Il n'est pas là. En retard peut-être. En tout cas, il a été assez gentil pour prêter sa guitare à sa soeurette. Et Lisa, en retour, a été assez gentille pour interpréter, en conclusion de son set, le prochain single de ses frères, I wish i could see you soon (en écoute sur leur site).



La guitare à Yaya, elle s'en sert pour un premier morceau, puis passe derrière un tas de claviers. C'est dépouillé. Plutôt lent. Quelques notes et sa voix de jeune fille. Je l'imagine bien interpréter un cantique à l'occasion d'une fête religieuse, éclairée à la lumière d'un candélabre à sept branches. Je m'égare un peu... Je ne crois pas qu'il soit question de Dieu dans ces textes. A vrai dire, je n'ai retenu qu'une phrase. Celle écrite plus haut en gras : "I want him powerful and harmless like a panda bear".



Lisa a un faible pour les pandas. Moi, je suis plus ours polaires. J'ai passé de très bons moments au zoo de Vincennes à les regarder s'ébattre dans l'eau. Ils étaient très joueurs. Ils me faisaient des clins d'œil. Oui, je le jure. Ca m'amusait de penser que ces coquins pouvaient me démonter la tête d'un coup de patte si on leur rendait la liberté. J'imagine que la relation qu'entretient Lisa avec les pandas est autrement plus pure. Le panda, c'est l'innocence même. Il ne tue pas. Et il est si fragile. Sa vie ne tient qu'à une pousse de bambou.
Une légende chinoise raconte qu'à l'origine les pandas étaient blancs. Un jour, ils allèrent à l'enterrement d'une petite fille. Leurs mains étaient pleines de cendres en signe de deuil. Ils étaient trèèès tristes. Ils se frottèrent leurs yeux noyés de larmes. Ils se consolèrent en se serrant les uns les autres. Ils se bouchèrent les oreilles pour ne plus s'entendre pleurer. Et les traces de ce deuil ne les quittèrent plus.

Such a waste of time to think a song can save the world.



Après Lisa, on annonçait Tahiti boy and the Palm Tree Family. Inconnu au bataillon. Nom ridicule. Je n'étais pas dans les meilleurs dispositions pour accueillir ce groupe français. Pourtant, dès leur arrivée sur scène, on pressent qu'un truc intéressant va se passer. Ils sont sept. Un clavier, un batteur, un bassiste, une guitare, un banjo, un violoncelle. Un banjo et un violoncelle !!



Le groupe semble s'organiser autour d'un petit gars à lunettes aux joues rebondies. C'est Tahiti boy. Ce n'est pas un nouveau venu. Il a déjà joué aux côtés du rapper américain Mike Ladd et il conduit un projet électro-rap du nom de Spontane. Autour de lui, la Palm Tree Family compte un membre de Syd Matters, un autre de Hopper... Tout ça pour dire que s'ils ont l'air bien jeunes, ils n'en sont pas moins des musiciens aguerris. Et dès le premier titre, un morceau countrysant et très entraînant, je suis impressionné par l'assurance qu'ils dégagent.



Ils sont fa-ci-les. La musique coule d'elle-même et c'est BON. Comme une évidence. J'ai vraiment été surpris de me voir emballé si rapidement. Et cela jusqu'à la dernière note du concert.



Pourtant, il n'y a rien de révolutionnaire dans leur musique. Bien au contraire. C'est un énième avatar de revival des années 60 et 70. Un beau travail de faiseurs, comme il y en a tant d'autres, ici, en Angleterre, aux Etats-Unis, au Japon, en Islande ... On y entend les Beatles, Pink Floyd, Randy Newman, Sweet Smoke même.
Mais je ne sais pas, il y a quand même un truc en plus dans ce groupe. En tout cas, ce soir, c'est clair il y avait quelque chose en plus. Il faut bien qu'il y ait un peu de magie dans l'air pour qu'un enfant de huit ans armé d'un colt en plastique s'exclame à la fin d'un titre, "Ah vraiment, j'adore le rock'n'roll !".





Souvent, ce genre de groupe a tendance à produire une musique stéréotypée, étouffée par les références, ennuyeuse dès le deuxième morceau. Ici, même si on se sentait en territoire connu, c'est un sentiment de liberté et d'aventure qui prédominait. Chaque titre était un voyage, avec un point de départ, un point d'arrivée et des rencontres en route. Ca peut commencer par une symphonie de clochettes pour se terminer sur un riff ébouriffant. Une rengaine de crooner peut se métamorphoser en bombe pop. C'était vraiment très riche, très inventif. Le chant, par exemple, se partageait entre trois personnes, Tahiti boy et les deux guitaristes, chacun avec son registre particulier. Ils se répartissaient les couplets, ou bien ils se répondaient, ou bien ils chantaient tous ensemble, ou bien ils faisaient venir une quatrième voix, en la personne d'Audrey, une copine rousse. Le tout, avec un grand sourire et en tapant dans les mains.
Et on a tous adoré. Personne ne les connaissait. Pourtant tout le monde a décollé, a tapé dans ses mains, a dit encore. La marque d'un grand, grand groupe.
A l'heure qu'il est, Tahiti boy et ses copains du palmier (peut-être, j'y pense, le même d'où est tombé Keith Richards) viennent d'enregistrer l'équivalent d'un album. Ils n'ont pas de label. Ils en cherchent un.
Bonne chance à eux, quand on donne autant, on ne peut que recevoir.




Liens utiles:

Page perso de Lisa Li-Lund : https://www.myspace.com/lisalilund

Site d'Herman Düne: https://www.hermandune.com

Page perso de Tahiti boy and the Palm Tree Family: https://profile.myspace.com/index.cfm?fuseaction=user.viewprofile&friendid=57149153



 Critique écrite le 02 septembre 2006 par Bertrand Lasseguette


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