Accueil Chronique de concert Lords of Altamont + Lipstick Vibrators
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Chronique de Concert

Lords of Altamont + Lipstick Vibrators

Lords of Altamont + Lipstick Vibrators en concert

l'Arsenal - Nogent le Rotrou 29 mai 2009

Critique écrite le par

Ça fait du bien de quitter Paris et sa faune de rockers-poseurs pour voir ailleurs ce qu'il s'y passe. Ailleurs, c'est Nogent le Rotrou, charmante bourgade d'Eure et Loire (en presque grande banlieue) que je suis partie à la chasse des Lords of Altamont . Golf 15 ans d'âge à l'autoradio crypté (hé oui, on ne capte que le brame des tracteurs dans les champs de la Beauce..), barrage policier au détour d'une dead zone, l'éthylotest vierge de tout relent de cidre pourtant ingéré 10 minutes avant, et le soleil coiffe la route pendant 2 heures, donnant presque un côté ‘chant de grillon' au crypté de l'autoradio. Les Lipstick Vibrators , carbonique dans leur noir-près du corps, déchargent, balancent, décapsulent. La salle est grande, confite de petites préciosités électroniques, l'accueil est chaleureux, un peu comme des potes qu'on aurait quittés la semaine dernière. Petite promenade-repérage à la fraîche, Nogent le Rotrou et la tombe de Sully, Nogent le Rotrou et son petit charme de cœur de village. Quelques tartares plus tard et le café rincé, on redécouvre la salle, animée, remplie, parfumée à la bière joyeusement tapageuse. Le public est familial, les quadras en virée nostalgique, ou en virée tout court, cause qu'on est quand même à Nogent le Rotrou, hein, et les animations nocturnes ne se bousculent guère ; et puis les Lords , même dans une pizzeria, franchement ils en jettent. Cinq bonhommes d'un mètre quatre vingt dix au garrot, vestes de hot-rodeux patchés sur bras colorés à l'encre et tiags cirés. ‘Hey guys, we're from fucking L.A.'.



En plein cœur de l'Arsenal , je m'imbibe de la projection de dessins BD rock à mi chemin entre un ‘Lucien dans l'espace' et un Tardi comics, le tout enrobé de lumières guinguette à base de lampions dans boîte de conserve. Oh yeah.
Et c'est parti pour les cinq Lipstick et leurs deux gyrophares comme projos personnels (...). Au fur et à mesure, les gens se rapprochent, dansent, transpirent. Au fur et à mesure, les Lipstick se stripent, glissent à terre avec instrus et micro ou bondissent en ‘Devil in the box' sur les toms écorchés. Ça balance du garage punk New Bomb Turks pour l'énergie électrique et Cramps pour l'énergie sexuelle, surtout quand Pascal le singer se prend pour Blondie ( ‘Call me') ou Joan Jett ('Bad reputation' ).



Les Lipstick Vibrators portent définitivement bien leur nom. ‘Midnite in your eyes' avec sa mélancolie (malgré les paroles..) amère, et le lascif ‘If it doesn't bleed‘ canalisent leur rage concentrée, avant de balancer une ultime bombe et de s'échouer sur la scène, l'œil vague et le sourire figé, en plein post-orgasme., ‘obsessed by the smell' ...



Après une petite demie-heure de fourmillement logistique, les Américains débarquent. À fond la caisse. Derrière eux, les images de mondo movies des 50's donnent le ton. ‘The wild ones' sont sur scène comme à l'écran; ça sent la sueur et l'huile de vidange. Premier morceau, première baston. Le Preacher et son Farfisa qu'il pose dans la fosse ou à l'horizontale sur les amplis. ‘Action' .



En pleine tournée sportive (plus de 20 dates en 30 jours à travers la France, l'Espagne et l'Italie, before backing home) pour la sortie de leur 3ème LP : The Altamont Sin , et l'étrenne de leur nouveau batteur. Les expériences du singer au sein des Fuzztones et des Cramps dégoulinent sur les morceaux survoltés. The Sonics ne sont pas non plus bien loin, entre deux lancers de jambe parfaitement synchronisés et les claps-claps à l'américaine. Les bikers-showmen enflamment le public, petites ados SMS et vieux twisters classieux. Les trois albums y passent, les Lords s'attardent, en furieuse éclate, tant et si bien que le groupe va honorer deux rappels, le premier enfle avec ‘Psycho' pour éclater en une séquence ‘The Preacher à l'harmonica et le public au clavier', et le second en feu d'artifice, avec le bourré de service en recherche d'attention fébrile, squattant le Farfisa et les bras indulgents du public porteur. Stiggs et sa galerie de pédales à effets remercie de son attention quasi religieuse un petit loulou de 8-10 ans en lui confiant son médiator, tandis que deux filles chanceuses planquent contre elles les baguettes chauffées à blanc. Knock Knock .




Une grosse claque. Certes la batterie est restée sur la scène, mais les Lords ne sont pas devenus plus sages pour autant. Ni moins adorables, abordables ou conviviaux, déambulant leurs impressionnantes silhouettes dans la salle après le concert.
Ne perdant pas le nord, quoique avec une bouteille de sky dans la tronche et une bonne caisse de bières, les Lords of Altamont se sont retirés à l'hôtel, reposant leurs nerfs avant le concert du lendemain à Colmar. Rien que ça.



Les Lipstick , quant à eux, sont restés fidèles à leur Bad Reputation, achevant leur faim de soirée dans un camping-car avec force alcool louche et viril. Un des deux gyrophares y a même laissé sa peau (...), innocent stigmate d'un after d'after d'after, qui se prolongera au petit vin blanc sous les tonnelles du marché, en plein soleil, puis VIPs au bord d'une piscine gonflable, vidant les restes de packs, éreintant le dernier neurone jusque-là épargné. À Nogent le Rotrou, l'organisation est dorée à point: elle n'oublie ni l'avant, ni l'après concert ; peut-être parce que l'association à l'origine du concert, les "Blackrippers", semblent aimer les bonnes choses de la vie et connaissent les conditions de tournée en tant que musiciens.
Coups de soleil mais bonne pioche.

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