Chronique de Concert
Luberon Jazz Festival : Roland Tchakounté + One Leg Toad
Ce jeune groupe de Poitiers débute la soirée. J'apprends que "toad" signifie crapaud. Un batracien qui n'a qu'une patte a de quoi chanter le blues, fût-il résident du plus beau nénuphar du bayou.
Julien Dexant n'a rien d'un crapaud ou alors après le baiser magique de la princesse. Son chant est bien plus agréable que ceux qui polluent mes nuits même s'il y manque ce côté râpeux qui rend le mal-être du bluesman plus crédible.
Un répertoire de standards dont l'intemporel Nobody's Fault But Mine fait apparaître le dur labeur des champs de coton, des pasteurs bible à la main, des femmes noires battant le linge...
Les traditionnels arpèges de guitare s'appuient sur une efficace rythmique. Le groupe semble avoir découvert un vieux coffre empli de photos mates, noir et blanc, prises voilà un siècle outre-Atlantique. Il les dépoussière et leur donne un éclairage nouveau à travers l'originale orchestration qu'il lui apporte : accordéon, scie musicale, clarinette, mélodica.
Le décor est planté. Roland Tchakounté va le modifier à 50% puisque son blues à lui est hybride. Il le chante tantôt en anglais, tantôt en bamiléké, sa langue maternelle et nous propose un voyage musical blues entre Cameroun et Etats-Unis.
Comme la traduction est difficile, il nous invite à apprendre le bamiléké, "une langue d'avenir", pour en comprendre les paroles. Il nous dévoile tout de même le message contenu dans le poignant Africa, hommage à ce continent "malmené" : "les mauvais jours passeront". Joli résumé des sentiments que véhicule le blues : joie, tristesse, espoir.
Ce concert, qu'il avait débuté seul avec sa guitare sur un titre John Lee Hookerien, il le continuera avec ses deux complices : Mathias Bernheim, son batteur depuis 5 ans et Mick Ravassat, exceptionnel guitariste dans la lignée de Neal Casal. La joie, la peine, l'espoir jaillissent de la guitare électrique à tel point que le compteur de la Salle Municipale qui l'alimente s'en émeut. Panne. Tristesse. Une demi-douzaine de techniciens s'affaire. Espoir. Fiat Lux. Joie.
Le titre initial Hookerien est repris, en trio cette fois, puis Vae Victis, un autre chant d'espoir pour l'Afrique. Mick Ravassat fait sonner sa guitare davantage encore qu'au moment de la panne comme pour défier les Dieux du Blues. Ils sont avec lui et semblent même lui donner un coup de main tant ce qu'exprime sa guitare est divin.
La nuit blues s'achève sur plusieurs rappels dont un chant en bamiléké juste souligné par des djembés délicatement percutés et une guitare cette fois-ci Knopflerienne. Magique.
Cliquez pour plus de photos de One Leg Toad et Roland Tchakounté.
Critique écrite le 21 juillet 2011 par Mcyavell
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