Avis et critique du concert de (ma) Rue du Rock #2 - Festival Phocea Rocks 2014 : Thousand & Ramirez, Devilish Piranhas, La Coupure, No Country, Malin, La Sérénade, Lee Zeirjick, Mutacion Nacion, Binaire le 20 septembre 2014, Rue Consolat, Marseille, par Philippe

Accueil Chronique de concert (ma) Rue du Rock #2 - Festival Phocea Rocks 2014 : Thousand & Ramirez, Devilish Piranhas, La Coupure, No Country, Malin, La Sérénade, Lee Zeirjick, Mutacion Nacion, Binaire

Mardi 5 novembre 2024 : 7119 concerts, 27217 chroniques de concert, 5420 critiques d'album.

Chronique de Concert

(ma) Rue du Rock #2 - Festival Phocea Rocks 2014 : Thousand & Ramirez, Devilish Piranhas, La Coupure, No Country, Malin, La Sérénade, Lee Zeirjick, Mutacion Nacion, Binaire

Rue Consolat, Marseille 20 septembre 2014

Critique écrite le 22 septembre 2014 par Philippe

L'archétype de la chronique merdique à rédiger - mais dans quoi je me suis encore fourré moi ?! Idéalement un chroniqueur sérieux et efficace lancé dans un festival, se doit de : savoir faire preuve d'impartialité (voire de sévérité), être extrêmement mobile pour voir un maximum de trucs, et enfin conserver une certaine sobriété - ou à défaut, prendre des notes : ça m'a souvent sauvé la mise ! Or ici j'ai d'abord un conflit d'intérêt majeur : bénévole occasionnel chez les agitéEs de Phocéa Rocks où je ne compte que des bons copains et bonnes copines, je connais aussi un certain nombre de musiciens impliquéEs dans les groupes qui ont joué !

Mais ce n'est pas tout : j'ai fait ce mini-marathon de concerts avec mon petit bonhomme dans les bras et toutes ses affaires dans un sac (ceci limitant considérablement ma mobilité), j'ai pas du tout pris de notes évidemment, et j'ai fini la chose ... complètement bourré. Oui, parfaitement, complètement bourré à 20 heures et avec mon fils endormi dans les bras, lui-même défoncé au lait-fraise dont il avait englouti 2 grands berlingots pendant que je m'enfilais des litres de bières ! Mettez-moi dans le guide du mauvais père, je m'en fous, en tout cas il s'est bien amusé et moi aussi ! Donc, Pirlouiiiit m'ayant remis un coup de pression, j'ai à raconter ici le mieux possible 15 concerts dont je n'ai d'abord vu ou aperçu que 8 ou 9 d'entre eux, et dont je ne garde pour la plupart pratiquement aucun souvenir. Ca va donner...

Thousand & Ramirez by Pirlouiiiit 20092014

On commence par les trente-quatre dernières secondes de Thousand & Ramirez au Pôle Info Musique, joliment décoré pour l'occasion (rideau rouge et éclairage Ikea basse conso - le même que dans mon salon !). Dommage pour le duo raté dont l'installation a l'air rigolote : il n'y a qu'un musicien (chroniqueur occasionnel sur l'excellentissime site concertandco, par ailleurs), qui chante et joue dans la pièce, et l'autre est dans une télé ! S'agissant du rappel je ne pourrai donc pas juger du mélange : si Mr "T" me paraît très bien, je ne verrai Mr "R" (à moins que çe ne soit le contraire) qu'en train de taguer un mur, en vidéo... C'est en tout cas une solution très maligne pour réduire les coûts et éviter les conflits dans un duo !

Devilish Piranhas by Pirlouiiiit 20092014

On passe ensuite un moment dans le joli petit Théatre de la Ferronnerie, à l'écoute des bien-connus-de-nos-services Devilish Piranhas, autrement dit nos Lux & Ivy locaux, qui animent également depuis un paquet d'années le groupes non moins crampsien des Dirteez. Et comme toujours ils jouent fort et plutôt bien, du rock garage (dans un théatre donc, ça change !). Miss Wild Cat Lou se démène et se déhanche pour faire onduler sa jolie guitare, Clint Lhazar aboie et miaule en regardant au loin... Le casque est de rigueur sur les oreilles les plus frêles et ça tombe bien, les petits spectateurs d'aujourd'hui en semblent bien équipés !

Aperçus dans la rue devant "chez Thomas" (grand merci à ce monsieur pour le prêt de son garage perso !) le duo La Coupure, avec un gros morceau de Rudy Nitwits dedans : un vrai délire de shoegazer puisqu'il aligne une belle collection de pédales, fait sonner des boucles et des enluminures distordues sur des rythmes de batterie à tendance hypnotisante. Assis sur une voiture au premier rang, mon kid toujours casqué a l'air d'apprécier à sa juste valeur ce groupe qu'il conviendrait sans doute de revoir en salle, pour en profiter à fond.

On doit les quitter après quelques minutes pour aller découvrir le nouveau projet de l'hyperactif Hervé "on Vend la Caravane - Karma Cramé - Blah Blah et je sais que j'en oublie", No Country, projet monté avec le chevelu chanteur et lead-guitariste du one-man-metal-band Revolver Klub. Ce punk braillard et ce metalleux notoire n'ont donc pas eu d'idée plus saugrenue que de monter ensemble un duo de musique country, et sans banjo en plus ! Et pourtant le duo fonctionne fort bien : l'habitude des petites formations leur a donné à chacun une belle voix, une aptitude à la guitare rythmique et solo, et le sens du spectable.

Pas complètement varié sur la durée, leur set mi-reprises mi-compos s'écoute néanmoins très agréablement, ponctué de petites blagounettes entre le déconneur, et le ténébreux. A signaler une très belle chemise country mais, hélas, pas encore de beaux chapeaux. Et le seul coup de feu entendu pendant le concert sera l'explosion du ballon de mon fils...

Déjà programmés l'an passé par Phocéa Rocks au Dan Racing (une très belle salle qui va hélas bientôt fermer, snif...), les Malin m'avaient laissé le souvenir d'un groupe horriblement et donc jouissivement bruyant. C'est pourtant une formation plus détendue, quasiment pop par moments, en tout cas très déconneuse qui joue aujourd'hui devant chez Marsatac. Détail un peu triste, le public ne peut pas vraiment s'approcher. [En effet, les petits rigolos de la Mairie de Marseille (Ca-ca pi-pi tale Européenne de la Cul-culture en 2013, rappelons-le) ont cru bon de refuser à Phocea Rocks, la veille (LA VEILLE !), l'autorisation de barrer, pendant 4 heures, dans l'après-midi, un samedi, 2 pâtés de maison à peine de la modeste rue Consolat (au risque sans doute de créer un monstrieux embouteillage ...de 4 ou 5 véhicules... boulevard de la Libération...)]. Quoi qu'il en soit le public compense en gueulant deux fois plus fort et tout le monde, le groupe y compris, semble passer un très bon moment, à l'exception du président de Phocéa Rocks, qui fait de l'huile à chaque passage d'une bagnole, le pauvre. A noter un massacre inutilement cruel, mais drôle, de Gigi L'Amoroso...

Le rôle de la bonne surprise de l'après-midi (il y en a toujours au moins une parmi les groupes qu'on ne connait pas encore, dans les dates de Phocea Rocks !), a failli être tenu par le très noisy Lee Zeirjick, décidé à en découdre à lui seul en pleine rue avec une guitare, moult pédales et une boite à rythme. Le genre de choses qui peut volontiers m'embarquer, suant et trépidant, le regard dans le vague, surtout avec quelques bières dans le nez. On est repassés le voir vers la fin et pas mal de gens semblaient en effet être tombés dans ce toujours plaisant état second...

Mais en attendant, mon fils (dont le goût musical reste à affiner entre Au Clair de la Lune et Master Of Puppets, selon les jours), m'a fait savoir rapidement qu'il préférait aller à La Serenade, plus calme et pour lui, écoutable sans casque. Très bon choix il est vrai, cet enfant à bon goût : les deux frères Mancuso (les Mancusi donc ?), bien connus du milieu rock de Marseille depuis les regretté Sweet Children et diverses autres participations depuis, font désormais un super duo folk/rock de contrebasse & guitare, braillard/éraillé juste ce qu'il faut à la voix, mais délicat dans le maniement des cordes et très inspiré dans ses compositions. Johnny Cash version Rubin n'est pas loin, par moments... Très, très grande classe pour ces deux gars qui se font pourtant curieusement appeler les "Désastres siciliens", dans une formation voisine.

Comme prévu, l'un des climax de l'aprème sera le long moment passé avec nos bien-aimés Mutacion Nacion, souvent vantés sur ce site, groupe dont tout le côté hybride est déjà dans le nom : le plus provençal des groupes punk, le plus destroy des groupes arabisants, le plus maghrébin des choeurs occitans ! Autrement dit la quintessence de ce que peut produire le brassage culturel du quartier de la Plaine (la liste des groupes mélangés dedans serait un peu longue à dresser ici et possiblement incomplète). Arnaud, Manu, Mouloud et les autres se taillent un très beau succès avec leur rock... mutant donc, et ce malgré les 3 degrés d'angle de vue que permet le garage Marsatac quand on joue à l'intérieur.

Pouvant sonner Cure aussi bien que Gach'Empega... ou Stooges (une assez fabuleuse reprise d'I Wanna Be your Dog, avec riff joué au bouzouki, s'il-vous-plaît), ils sont d'une efficacité redoutable pour rameuter une foule compacte. Surtout quand, assistés d'un collègue du quartier, ils assènent leur tube punkcitan total, celui qui fait : Quoi ? Kess'qu'y a ? Kess'tu veux ? T'y'as un problèmeu ?, pas loin de rendre définitivement dingue un public décidément gâté aujourd'hui...

... Mais pas encore au bout de la transe puisqu'il reste les rhaâââ, les rhoôôô, les "Bhouuûûû !!" (comme on se l'est crié dans la face pendant leur concert, fous de joie, mon niston et moi), les merveilleusement hypnotiques, punk, noisy, Binaire, qui nous avaient déjà proprement tués l'an passé à l'Espace Julien. Putain de bordel de vié, cette formation de deux gratteux hurleurs a décidément le don de fasciner et de fédérer.... Il est vrai qu'à cette heure-là et après tout ce qu'il a déjà vu de bon, le public est de bonne volonté. Surtout que jouant en plein air et en pleine rue, leur volume reste raisonnable. Une belle ribambelle de mômes, manifestement fascinés, sont donc assis au premier rang et ils découvrent, les petits veinards, ce que peuvent donner deux rockeurs underground en totale connexion. Ca va être dûr de leur faire écouter la radio FM ensuite, à ceux-là... Tout comme à mon bonhomme qui, après avoir vaillamment tenu, s'est finalement endormi en sursaut à la fin du set.

Conclusion idéale, pour nous en tout cas, de cette Rue du Rock, cuvée 2014, à la fréquentation manifestement bien plus importante que celle de l'an passé : 500 personnes au bas mot - et encore, personne n'a demandé son estimation au cégétiste de l'organisation ! Faisons quand même un calcul simple... Le dernier feu d'artifice de Gaudin pour le 14 juillet nous a valu la gloire - le plus cher de France : 550 000 euros ! Supposons qu'une ville endettée comme Marseille soit raisonnable et se limite pour cet événement traditionnel et festif... de 20 minutes... à 300 000 euros (tarif Lyon et Paris) : resterait 250 000 euros sur la ligne "culture populaire" ! Avec un budget final de ... 1 700 euros (j'ai mes sources) pour cette Rue du Rock, cela représente donc : 147 Rues du Rock de 4 heures chacune, financées à 100 %, soit 588 heures de musique pour ainsi dire gratuite (24 jours à 24h/24...) et jouée par ... 2 205 groupes, devant 73 000 personnes. Bon, okay, c'est pas réaliste, il va peut-être nous manquer quelques groupes.

Ca ne fait rien Jean-Claude, passe nous juste l'oseille, les (putains d') autorisations, et retourne roupiller au Palais du Luxembourg, on s'arrangera pour le reste et longo maï encore, tant qu'il y aura de l'électricité et des gens pour la brancher tous seuls comme des grands !... Merci à tous les participants et à l'organisation ! Bravo, c'était vraiment génial, tout le monde a semblé adorer son après-midi dans la zolie rue Consolat ! Et Longue vie à Phocéa Rocks !

PS : En plus des malheureuses chroniques ici torchées, sur une base de mémoire défaillante, au vu des photos et vidéos des nombreuses autres formations ratées par ailleurs, on ne peut qu'espérer sincèrement que quelqu'un viendra compléter sur les autres groupes : c'est à vous !

Plus de photos et vidéos par Pirlouiiiit par ici

A lire également sans faute : une autre chronique par notre vaillant (et sobre, lui...) Pirlouiiiit !

Bonus video :

Critique écrite le 22 septembre 2014 par Philippe
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Photographe : pirlouiiiit
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