Chronique de Concert
Maceo Parker (Festival Nuits du Sud)
Dans la nuit tiède de Vence, il s'avance à tâtons dans l'obscurité des coulisses. Dos courbé, jambes fléchies, la démarche est incertaine. Il passe tout près de moi et je me dis : "comment va-t-il faire ?". Sur la scène, ses choristes et ses musiciens ont déjà lancé le groove en béton armé.
Il est 21 heures 15, c'est le début du concert, il entre en scène. Grande classe, costume-cravate, saxophone en main, et toute l'énergie de la funk. "My name is Maceo". Transcendé par la scène, Maceo Parker vient de rajeunir de 20 ans !
Et il maîtrise son groupe et sa musique en vrai chef d'orchestre, comme le faisait son ancien patron James Brown ; c'est lui qui dicte le tempo et l'intensité du groove. Et il sait s'exprimer avec générosité, et virtuosité, aussi bien au sax qu'au chant. Les notes qu'il produit avec ses deux instruments sont hyper mélodiques et reconnaissables parmi mille, c'est d'ailleurs pour ça qu'il est le musicien le plus samplé de l'histoire.
Il faut dire que dans ses musiciens il y a du très lourd, comme toujours, avec notamment cette fois-ci Dennis Chambers à la batterie s'il-vous-plaît, connu pour sa frappe monstrueuse mais non sans nuance et agilité. Il nous gâte d'un super solo de batterie au milieu du set.
Les 2 choristes Darliene Parker (la nièce de Maceo) et Martha High l'accompagnent vocalement à merveille avec leurs voix puissantes, pleines de coffre, et leur danse chaloupée-rythmée soul. Elles chanteront chacune un morceau en lead, dont une reprise de "Stand by Me" (Ben E. King) divinement bien interprétée par Darliene, aux intonations parfois masculines, en osant les poses sensuelles et une belle complicité avec son oncle.
Le très classe et distingué Greg Boyer accompagne Maceo avec talent, aussi bien au trombone qu'au chant. J'adore ce musicien qui a un véritable charisme, et son jeu complète naturellement celui de Maceo au sax alto.
Aussi, deux musiciens, discrets mais qui font un travail énorme pour mettre le jeu de Maceo en valeur : Will Boulware, qui joue du piano et de l'orgue depuis qu'il a 13 ans, et Bruno Speight à la guitare dont le jeu paraît simple au premier abord, mais qui, quand on écoute attentivement, fait vraiment le lien entre la section rythmique et le lead.
Enfin, last but not least, Rodney "Skeet" Curtis dont la basse est la pierre angulaire de la musique funk, l'instrument qui représente le groove. Maceo a d'ailleurs eu une très grande complicité avec lui en le chauffant à plusieurs reprises et en l'invitant à partir en solo. Il joue pratiquement tout le temps en slap, ce qui donne le côté claquant et sautillant de la musique de l'ancien saxophone de James Brown et de Prince.
Mais l'originaire de Caroline du Nord, est surtout en osmose avec son public ce soir-là, comme toujours, avec ses nombreux "we love you" répétés sans cesse. La fillette perchée sur les épaules de son père qui croise son regard à ce moment-là s'en souviendra peut-être. Et il faut dire qu'il affectionne tout particulièrement la France, il y écume tous les festivals chaque année, et joue de surcroît depuis toujours sur des saxophones de marque française Selmer.
L'homme de 72 ans nous joue, transpirant, en costume-cravate pratiquement 1h30 de show. Sur la grande place de Vence, le public estival et familial est absolument conquis. Fosse debout et 200 places assises, les plus malins avaient réservé une place au restaurant en terrasse devant la scène, pour une triple dégustation culinaire, visuelle et auditive !
Jusqu'au rappel ("Pass The Peas"), Maceo ne lâche rien, son jeu et celui de son orchestre (pratiquement un big-band, comme il aime souvent dire) est plus en place que jamais, toujours avec la même formule magique : 2% jazz, 98% funky stuff.
Le saxo le plus funky de la planète sera en concert prochainement, le 23 octobre 2015, à Paris, au Bataclan...
Chronique co-écrite par Valérie Khong et moi-même (Mat Ninat)
Un grand merci à Cécile Bronner et à l'équipe du festival Nuits du Sud de Vence pour son accueil chaleureux !
Critique écrite le 21 juillet 2015 par Matninatphotography
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