Chronique de Concert
Mansfield.TYA, Zaho de Sagazan
La Coopérative de mai, Clermont-Ferrand 18 février 2022
Critique écrite le 28 février 2022 par Pierre Andrieu
Zaho de Sagazan
Zaho de Sagazan, son nom est un peu étrange, l'univers de la dame, "électro chanson goth", ne l'est pas moins... On ne la connaissait pas du tout, normal elle n'a encore rien publié officiellement, mais après un petit temps d'adaptation, la très naturelle Bretonne - elle parle entre les morceaux comme si c'était une discussion entre potes - séduit rapidement grâce à sa voix qui prend au tripes, à ses textes qui interpellent, mais également à ses mélodies et à ses prods, très catchy.
Sans avoir jamais écouté la chanson "Mon corps" auparavant, impossible de ne pas se rendre compte que c'est un tube appelé à résonner partout et pour longtemps. Certes, on pourrait dire qu'il est dans l'air du temps avec son thème évoquant le questionnement sur le genre, mais la manière dont il est tourné, interprété et mis en son est originale et, autant le dire, méchamment bouleversante. Dans sa manière de chanter et de tourner les choses, Zaho de Sagazan semble clairement inspirée par Jacques Brel, mais également par les synthés discoïdes de Giorgio Moroder, on peut également rapprocher ce qu'elle fait de Stromae, très fan du grand Jacques, et des prémices de Christine and The Queens. On lui souhaite la même carrière que ces deux derniers artistes...
Mansfield.TYA
Pour accueillir comme il se doit Mansfield.TYA, toujours composé de Julia Lanoë aka Rebeka Warrior et Carla Pallone, il y a pas mal de monde dans la grande salle de La Coopé, dont beaucoup de très jeunes fans du duo français (qui n'étaient sans doute pas là lors du concert d'anthologie et très "chanson" donné ici-même en 2006) et de nombreuses représentantes de la gent féminine, ça change de l'ambiance blues rock 'n roll très masculine de la veille... Tout commence tel une grand messe avec scénographie grande classe - superbe cage de toile éclairée en ombres chinoises - et titre über envoûtant avec rythme électro lancinant, violon dissonant, synthés menaçants et chant scandé. L'effet initial produit par Mansfield.TYA est très réussi et pas si éloigné d'une bande son échappée de la Factory d'Andy Warhol et signée par le Velvet Underground.
La suite s'avérera tout aussi convaincante, souvent dans un autre genre, avec beaucoup de titres électro vrillants, voire de la techno à danser en étant bien défoncé. La complicité hallucinante entre les deux musiciennes est quasi palpable, il y a beaucoup de sourires et d'attentions, ce qui est très beau à voir, en plus d'une fusion artistique à peine croyable, ce qui fait gravement tripper le public. D'ailleurs, avec les fans, c'est la communion totale : tout le monde est à fond, très enthousiaste, ça doit être un véritable bonheur de jouer dans ces conditions idylliques. Comme elle baigne dans cette ambiance très friendly, la grande maîtresse de cérémonie Rebeka s'autorise des petites interventions très franches et drôles. Sur le méga tube techno gothique "Auf Wierdersehen", extrait du dernier album du groupe, "Monument Ordinaire", la front woman de Mansfield.TYA se jette partout, semble kiffer sa life à mort et rallonge le titre à l'envi. Et à la fin, elle déclare tout sourire sous les vivas de la foule, "J'adore ce passage à la Kanye West, on va le refaire !" Et Bim, c'est reparti pour un tour...
Le public aura même droit à une troisième version de "Auf Wiedersehen" lors des rappels, avec Rebeka Warrior, hilare, répétant en boucle le final "ça n'est plus mon problème !". Bref, on est entre ami(e)s et ça déconne à pleins tubes ! Avec au rayon titres forts qui restent en tête (après avoir eu droit plus tôt dans la soirée à une reprise du mythique "A Forest" de The Cure en version électro sombre), le délicieusement anxiogène "Le sang dans mes veines", le très pop (et presque doux par comparaison avec le titre précédent) "Des coups, des cœurs" et enfin l'inénarrable "Logic Coco" et sa coda trop chupee : "Les palmiers, les nuages dans le soleil sont tropicaux / Et le bronzage de tes fesses dessine un cœur, vulgaire mais beau / Comme notre amour." Inutile de préciser que les dernières dates, ever, de Mansfied.TYA sont immanquables...
Photos : Enzo Habrial - Clfd Capture enzohabrial.com, www.facebook.com/clfd.capture, www.instagram.com/clfd_capture...
Critique écrite le 28 février 2022 par Pierre Andrieu
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