Chronique de Concert
Marianne & love orchestra
Cette fois je me refuse à chroniquer parce qu'il s'agit d'une véritable affaire de cur. La preuve en est que la salle du J.A.M est comble, d'amateurs, d'amis, d'amour. Je me glisse avec peine au plus près de la scène, c'est-à-dire très loin. Elle se fait attendre, nous nous faisons entendre, qu'elle se hâte, nous sommes tous pressés. L'atmosphère déjà est pleine d'émotion, de tension, d'attention. Les claps l'appellent, elle s'installe sans mots dire, sans un regard et puis nous dit : "je sais que vous êtes là". La salle rigole, s'affole. Elle n'a pas perdu son sens de l'humour c'est certain, quelque unes de ses brèves suivront ce résumé.
C'est une chanson "sérieuse" qui l'introduit : "choisissez votre Dieu" nous conseille le texte. De blanc vêtue elle est lumineuse mais foncièrement calme, sa maturité transparaît autant dans son toucher que dans le vibrant de sa voix. Elle nous raconte ses vies, ses difficultés, son désir de partage, ce soir là ainsi que pour le restant. Brièvement. On comprend que c'est en ayant vécu "le purgatoire" qu'elle parvient à se dire de cette manière. Et puis le défilé des amis commence, comme une habitude, Fatine Assayadi et Claire Menguy arrivent, simples et courtoises. La première à l'extrémité droite, la seconde au milieu, accompagnée de son violoncelle. L'image et le son sont poétiques, comment traduire cet état ? Je pleure... : "Il revient de voyage avec dans sa tête un peu trop d'image", mon vécu y fait écho. La texture est chaude, pleine de larmes, de nostalgie, vélocité du bonheur. Les chansons sont familières, on entend des voix qui "se chantent". Cela ressemble à une complainte dans mon esprit embrouillé. On se meut si peu, prêts à recevoir du sentiment. Vieux et jeunes, artistes souvent, l'écoute est ceinte de respect.
Marianne, en habituée de la scène est résolument proche de nous. Nous fait glousser, et de plaisir et parce qu'elle communique le rire, la joie. Presque apaisée lorsque le Trio Zéphir, au complet, joue. On sentirait presque la présence des bébés du groupe dont elle parle, amusée. Ce trio est composé de deux violons et du violoncelle, la musique se fragilise, se renforce aussi. Le vibrant de Fatine qui intervient souvent révèle une alchimie particulièrement réussie. Un miroir déformant, leur deux sons en sont sublimés. Dans Le chur de la Buège c'est l'effervescence, ils vont monter sur scène. Les couleurs qui les rassemblent rouge, orange et jaunes sont comme eux, chaleureux, sablonneux, exotique. Ils rappellent dans leur différence le désir d'ailleurs. Je suis agréablement surprise, cela est carré, propre et émouvant à la fois. Elle nous explique l'histoire de cette chorale et exprime l'influence maîtresse : celle de la gospel music. Selon Marianne, et j'acquiesce en silence, le gospel révèle l'humanité, l'exalte, la rend vivante en ces temps déshumanisants. Elle rend hommage à Emmanuel Djob, chef de chur d'un autre ensemble vocal avec qui Marianne a partagé des moments de vie. Lorsque l'on connaît le fil, cela ne contribue qu'à renforcer l'émotion, pleine de pudeur. Elle dirige avec naturel la trentaine de choristes présent sur Psalm : "My love is my shelter", composé par l'une des choristes absente de la scène, mais dans l'auditoire... cela transcende.
Et puis plus tard un autre artiste s'affirme en tant que soliste, c'est frais, entraînant, vrai. Lui succède Yoann Fréget, un ami de Marianne et de bien d'autres. Un timbre qui touche, une force dont il n'a presque pas conscience, élevé par le chur, son caractère se dessine, peu sûr de lui mais véritablement talentueux, fragile mais profondément ancré dans ses convictions. Pour prolonger ce bonheur nous assistons à un duo de merveille sur Psalm, version épurée...Il s'essaie même à la trompette vocale, spécialité de Marianne dont elle a même hérité un surnom (la femme-trompette). Cela s'apparente à un jeu entre le maître et l'élève, on rit tendrement. Le regard plein on perçoit dans chacune de leur paire d'yeux de l'estime voire même de l'admiration. Yoann finit par partir, Fatine par revenir. On profite d'un invité "spécialement venu d'Andalousie pour le concert" guitariste au service d'une jolona de Candolle (cf Ginkobiloba- Mamacita) , moins festive, plus recueillie. Un succès qui nous fait bouger un peu. Marianne justifie la présence d'une association : voix libres, parce qu'elle la soutient. Cette dernière lutte contre le travail, que dis-je la mort d'enfants travaillant dans les mines du Potosi, en Bolivie. La suite, une chanson écrite pour la cause- belle et totalement légitime. On adhère forcément et à la musique et au sujet qui la touche particulièrement vue son rapport à l'Amérique Latine. World fiesta s'assied, trois guitares gitanes portées par des personnages drolissimes. Marianne rapporte à leur sujet des anecdotes tordantes. Tout sourire ils approuvent et jouent. C'est tout à fait cliché, rythmé, sympathique, dansant, contrastant avec la première partie du concert.
Et puis le final, avec le Love orchestra, c'est-à-dire tous les invités de Marianne sur scène... on euphorise !! Le salut est professionnel ! Elle a tenu la cadence, largement éprouvée par la piètre qualité du micro, le son loin d'être magnifié... et fini, seule, par le commencement : "objection retenue"...Un moment comme elle l'a souhaité, partage continu, y compris après le concert...
A très vite, Le 15 avril, Marianne assurera la première partie de Gospelize It !!
Critique écrite le 10 avril 2006 par Oriana
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