Chronique de Concert
Marie Carnage -Meshell Ndegeocello - Cat Power
Festival Jazz des 5 Continents Marseille 10 Juillet 2024
Critique écrite le 24 juillet 2024 par G Borgogno
10 Juillet 2024. Cette soirée du " Festival International de Jazz de Marseille ", aussi appelé Festival des Cinq Continents se déroulait au Jardin/Palais Longchamp. Un lieu cher aux Marseillais qui, un jour ou l'autre, y sont venus pour faire jouer leurs minots comme on dit, ici.
Le lieu est devenu emblématique pour la musique et le Jazz en particulier.
Même si Cat Power qui était programmée cette soirée en tête d'affiche à un rapport plutôt ténu avec le Jazz. Qu'importe puisqu'une grande partie des spectateurs étaient surtout venus pour elle, Chan Marshall, aka Cat Power à la scène. Ce qui montre une capacité d'ouverture du public comme des organisateurs vers d'autres idiomes musicaux, Comme The Good, The Bad & The Queen en d'autres temps. Concert vu dans le même cadre et dont nous gardons un souvenir ému. Damon Albarn, Simon Tong, Tony Allen et Paul Simonon nous avaient enchantés, Albarn avait, d'ailleurs, ironisé " vous avez l'habitude des festivals de Jazz, vous ? Moi c'est la première fois ... ". Nous reviendrons sur la prestation magnifique de Cat Power ...
En ouverture, nous sommes accueillis, musicalement, par Marie Carnage. Un groupe marseillais au son résolument Nouvelle-Orléans formé de 6 amis et musiciens multi-instrumentistes. Leur orchestration New-Orleans a fait merveille du 10 au 13 juillet au Palais Longchamp, La formation (réduite) se tenait sur le premier palier avant les escaliers monumentaux du Palais au niveau de la billetterie pour un accueil en fanfare. Puis, entre les deux concerts principaux des soirées, on les retrouve à l'entracte (en complet) derrières les deux portes monumentales du Palais Longchamp. Entre fanfare et jazz-band, la formation donne l'occasion d'entendre une rythmique banjo-contrebasse, un washboard, des cuivres et des voix. La Nouvelle-Orléans à Marseille en quelque sorte...
Nous avions vu Meshell Ndegeocello aux Eurockéennes de Belfort en 1995 lors d'une prestation en demi-teintes, qui nous avait à moitie conquis ... Une impression mitigée qui se confirmera, hélas, aux " 5 Continents ". Le public applaudit entre les morceaux avec enthousiasme, ne se souciant pas de notre sentiment personnel. Tant mieux. La bonne volonté est là, les intentions sont bonnes : elle félicite le public " d'avoir bien voté lors des dernières élections ", les instrumentistes sont parfaits, les voix superbes aussi, tous ou presque chantent mais nous ne sommes pas transportés. Tout est là mais le groove est anémique, même lorsqu'elle saisit sa basse... Coup de cymbale dans l'eau. Dommage. Fort heureusement pas pour tout le monde !
Cat Power, aussi, nous l'avions vue, à ses débuts, au Poste à Galène, il y a une éternité, au siècle dernier le 02/12/1998. Elle reprenait DÉJÀ Dylan (" Moonshiner " et un traditionnel repris par le Zim " He was A friend of mine ") .Tiens, tiens? Dylan? Une obsession chez Chan Marshall depuis toujours. Peut-on être songwriter US sans être obsédé par Dylan ? A PRIORI NON !!! Cat Power ne nous avait que moyennement convaincu à l'époque, Mais ce soir, c'est sublime. Pas moins.
En 2022, Chan " Power " Marshall a eu l'IDÉE ! Recréer le concert historique de Dylan de 1966 au Royal Albert Hall de Londres. Et fin 2022, Cat Power recréait effectivement le concert historique de Dylan de 1966 ... Au Royal Albert Hall de Londres ! Bien sur... Tout le monde sait pourtant que le concert avait été enregistré à Manchester. Dans la foulée elle sortait Cat Power Sings Dylan: The 1966 Royal Albert Hall Concert, témoignage de son idée. Depuis la dame transporte " sa revue Dylan Albert Hall '66 " sur les scènes du monde entier et, bonheur, s'est arrêtée avec ses musiciens, géniaux, au Festival de Jazz des 5 Continents pour notre plus grand bonheur...
Le concert, en lui-même, suit à l'identique le schéma Dylanien avec une partie acoustique (sept chansons) et une électrique (8 chansons) . La partie acoustique a certainement, découragé une partie des spectateurs de MeShell. Les premiers rangs se dépeuplant pour être mieux ré-étoffés rapidement. La nature a horreur du vide comme on dit parfois. A leur décharge c'est intimiste et (trop?) austère et peut décourager ceux qui ne seraient pas habitués à l'univers acoustique et rêche des premiers Zimmerman. Les onze minutes et plus de " Desolation Row " pouvant rebuter le néophyte...
Comme pour le concert de 1966, la prestation commence avec " She Belongs to Me ", puis Cat Power suivra, rigoureusement, l'ordre dylanien. Elle égrainera les chefs-d'oeuvre acoustiques du barde de Duluth, accompagnée par son (brillant) guitariste et et un de ses claviers, surtout harmoniciste pour cette première partie. Suivront " 4th Time Around", " Visions Of Johanna" , "It's All Over Now Baby Blue", toujours émouvante, " Desolation Row", épique et les deux hits " Just Like Woman" et " Mr Tambourine Man ". Cette dernière voyant son refrain chanté par le public.
La Fée électricité arrivera avec le changement de plateau pour lequel Cat Power et ses deux musiciens se verront rejoints par un groupe à l'identique du Band (plus une guitariste rythmique) avec ses deux clavier orgue et piano. La rythmique, guitare, basse comme batterie, est parfaite. Les deux claviers rappellent les grandes heures du Band ou du E,Street Band, Et le guitariste, un minot, comme nous le subodorions peut chausser dignement les bottes de Robbie Robertson.
Re-standards de Zimmy . Électriques ! " Tell Me Momma ", " I don't believe you ", le classique de Eric " Ric " Von Schmidt que Dylan s'était approprié " Baby Let Me Follow you Down ". Le groupe joue, merveilleusement, rappelant les grandes heures du Band, Nappes de piano, giclées d'orgue et ce guitariste qui comme nous le devinions s'avère un tueur à la Telecaster. " Just like Tom Thumb's Blues ", " Leopard Skin Pillbox hat ", " One Too Many Morning " (parfaites) suivront. Puis le final de rêve avec " Ballad Of The Thin Man " (frissons) et " Like Rolling Stone " endiablé repris en coeur par le public. Nous avons même vu des babas, d'un autre siècle, danser une gigue woodstockienne et nous ne les blâmerons pas, Cat Power et son Band le valaient bien !
Il a été dit ici et là que Cat Power " réinventait " Dylan? Elle même s'en offusquerait. Non. Juste Cat Power le réinterprétait avec ce qu'il faut le décalage pour ne pas le singer, Avec brio, Parfois même elle était à la limité de la justesse mais même là elle tutoyait les cimes. Cat Power réputée être une teigne caractérielle (comme Dylan) était dans une sorte d'extase à jouer ce répertoire qui lui sied à ravir, on la même vue sourire. Amen.
Critique écrite le 24 juillet 2024 par G Borgogno
Envoyer un message à G Borgogno
Voir toutes les critiques de concerts rédigées par G Borgogno
Marseille Jazz des Cinq Continents : les dernières chroniques concerts
Festival Jazz des Cinq Continents. Morcheeba + Selah Sue par Gammagt
Jardins du Palais Longchamp, Marseille, le 27/07/2023
Comme je les aime ces ambiances de festival ! Une parenthèse musicale, un moment hors du temps, éphémère et magique ... Où se mêlent les rires, les sourires et les voix ! On se... La suite
Nubya Garcia, Emile Londonien, Michael Leonhart & JSwiss (Jazz Des Cinq Continents) par Sami
Palais Longchamp, Marseille, le 26/07/2023
Entre deux soirées complètes au palais Longchamp, Gilberto Gil la veille, Morcheeba (un régal) le lendemain, le public était malgré tout au rendez vous pour ce plateau davantage... La suite
Samara Joy - Gilberto Gil (Marseille Jazz des Cinq Continents) par Phil2guy
Parc Longchamp, Marseille , le 25/07/2023
Le festival de Jazz des 5 Continents propose une superbe affiche ce soir : la new yorkaise Samara Joy et le désormais octogénaire Gilberto Gil, véritable monstre sacré de la... La suite
Alfa Mist + Marcus Miller (Marseille Jazz des Cinq Continents) par vv
théâtre Silvain, Marseille, le 22/07/2023
Il y a un Rhodes sur la scène. Un piano électrique dont la tige de pédale se visse dans un tout petit trou, inatteignable pour les phalanges d'un backliner trop gras, ou si, comme... La suite
Cat Power : les dernières chroniques concerts
Cat Power & Arsun (Covers Tour 2022) par Pierre Andrieu
La Coopérative de Mai, Clermont-Ferrand, le 31/05/2022
Grand moment que celui vécu dans la grande salle de La Coopé - quasi complète - en compagnie de Cat Power, venue présenter son dernier album, le très bon "Covers". Oui,... La suite
Cat Power (This Is Not A Love Song Festival 2014) par Pierre Andrieu
Paloma, Nîmes, le 30/05/2014
Beau à chialer des larmes de bonheur dans sa bière, voilà comme était le concert solo de Cat Power dans la grande salle du Paloma de Nîmes le 30 mai 2014 pour le This Is Not A... La suite
Cat Power + Ólafur Arnalds (Festival Days Off 2011) par Pierre Andrieu
Salle Pleyel, Paris, le 03/07/2011
Cat Power en état de grâce...
Extraordinaire concert de l'éternellement surprenante Cat Power - en état de grâce - dans le cadre majestueux de la salle Pleyel à Paris, à... La suite
Cat Power and The Memphis Rhythm Band + Franz Ferdinand + Katerine + Mogwai + Stuart A. Staples + Why ? + Islands + Calexico + TV On The Radio + Belle And Sebastian + The Spinto Band + Grizzly Bear + Isobel Campbell & Eugene Kelly + Band Of Horses + Howling Bells + Liars + The Pipettes + You Say Party ! We say Die ! (La Route du Rock 2006) par Pierre Andrieu
Fort de Saint-Père et Palais du Grand Large, Saint-Malo, le 13/08/2006
Encore une édition réussie pour la Route du Rock... Après le succès retentissant de l'année dernière (où tous les records d'affluence avaient été battus, grâce à la venue de... La suite
Me'Shell NdegéOcello : les dernières chroniques concerts
MeShell N'Degeocello par Jacques 2 Chabannes
Espace Julien, Marseille, le 15/04/2016
Solitude Standing !
(Intro/Boulot/Dodo)
Installé sur le devant de la scène, casque vissé sur tête et mains affairées passant sans cesse d'un clavier à Pomme à une table, d'un... La suite
Me'Shell Ndegéocello par Sami
Cabaret Aléatoire, Marseille, le 27/01/2011
Malgré plusieurs passages dans le sud c'est semble t'il la toute première date Marseillaise de Me'Shell Ndegéocello, mieux vaut tard que jamais !
Salle pleine et moyenne d'age... La suite
Festival Jazz des 5 Continents Marseille : les dernières chroniques concerts
Nubya Garcia, Emile Londonien, Michael Leonhart & JSwiss (Jazz Des Cinq Continents) par Sami
Palais Longchamp, Marseille, le 26/07/2023
Entre deux soirées complètes au palais Longchamp, Gilberto Gil la veille, Morcheeba (un régal) le lendemain, le public était malgré tout au rendez vous pour ce plateau davantage... La suite
New Power Generation + Hannah Williams & The Affirmations (Marseille Jazz des Cinq Continents) par Sami
Palais Longchamp, Marseille, le 20/07/2022
Avec quelques heures d'avance sur l'annonce officielle des autorités, le département s'apprête à devenir en vigilance orange, avant de venir au Palais Longchamp on savait déjà que... La suite
Supergombo + Sweet Street Opéra par Sami
Palais Longchamp, Marseille, le 29/05/2022
De bons souvenirs du concert de Pumpin et Vin's Da Cuero lors de la première édition du festival Culture Debout à l'automne dernier qu'on est un peu surpris que la deuxième ait... La suite
Pumpkin & Vin-s Da Cuero par Sami
Palais Longchamp, Marseille, le 02/10/2021
On connaissait le Festival Jazz des 5 continents mais ce superbe endroit qu'est le Palais Longchamp devient l'écrin ce weekend de soirées gratuites rassemblées sous le nom de... La suite
