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Chronique de Concert

Marina & The Diamonds

Marina & The Diamonds en concert

L'Alhambra - Paris 30 Novembre 2010

Critique écrite le par

Marina Diamandis, alias Marina & The Diamonds, est l'une des révélations de l'indie pop mondiale cette année : son premier album, The Family Jewels, a fait un carton au Royaume-Uni, mais aussi aux Etats-Unis ou encore en Allemagne. La France, en revanche, n'a pas semblé succomber au charme de la belle gréco-galloise, dont c'était seulement le deuxième concert dans l'hexagone, après un premier essai au Divan du Monde en avril dernier. Ce soir, la chanteuse arrive à L'Alhambra dans le cadre de sa première vraie tournée européenne, le Burger Queen Tour, avec une mise en scène nettement plus travaillée que lors de son précédent passage. Ayant su réunir autour d'elle une communauté de fans restreinte mais active, notamment parmi la communauté gay, elle jouait ce soir à guichets fermés.



L'ambiance est déjà chaude quand la jeune femme entre en scène, dans une robe satinée du plus bel effet, lunettes en grossier plastique rouge et blanc sur le nez. Le discret ventilateur qui soulève ses cheveux est un détail parmi d'autres qui laissent voir que Marina se construit peu à peu ses habits de pop star. Après une entrée en matière progressive sur The Outsider, la chanteuse envoie déjà l'un de ses tubes, Girls, dont la pop acidulée et déjantée éclabousse la salle. Elle laisse ensuite passer trois titres plus neutres (Seventeen, Are You Satisfied? et Rootless), qui lui permettent tout de même de faire la démonstration de son incroyable talent vocal, tout en maintenant l'ambiance à un bon niveau. Le public, s'il est assez sage, se montre très enthousiaste et reprend les paroles avec ferveur. Avec le pétillant et complètement barré Hermit The Frog, que Marina a longtemps écarté de ses concerts, L'Alhambra bondit déjà et se laisse emporter par le tourbillon multicolore qui déferle depuis la scène.



La jeune star rentre alors dans les coulisses pour se changer une première fois et revient habillée d'une robe plus courte et avantageusement décolletée, cerclée d'une ceinture dont la boucle forme un grand cœur fluorescent. C'est déjà l'heure de ce qui est peut-être son titre le plus connu : I Am Not A Robot, émouvant et puissant, comme une lame de fond qui embarquerait toute la salle. Elle poursuit avec Obsessions, dont elle offre une très belle version piano/voix, avant que Jealousy ne serve d'intermède pour mieux lancer un nouveau tube : le sémillant et très dansant Oh No! Ca y est, L'Alhambra se lâche complètement et se transforme presque en boîte de nuit. C'est un incroyable vent de fraîcheur qui souffle sur Paris et le titre vaut à la belle sa première grosse ovation. Elle ne pouvait demander mieux pour lancer Shampain, qu'elle dédicace à son pays hôte du soir. Pour prolonger l'ambiance festive qui règne dans la salle, la jeune femme enlève ses chaussures afin de pouvoir bondir sur scène, imitée avec joie par un public entièrement conquis.



Deuxième sortie sous un nouveau tonnerre d'applaudissements et retour en scène affublée d'une casquette de baseball piquée de plumes d'indien, avec aux pieds des santiags siglées d'un M jaune reconnaissable entre mille. C'est dans cet accoutrement que la chanteuse lance Mowgli's Road puis Guilty, deux nouvelles pépites pop à l'énergie ébouriffante. Elle prend alors tout le monde par surprise en annonçant que sa mère et sa sœur sont dans la salle et que c'est aujourd'hui l'anniversaire de la première, à qui elle offre un beau cadeau en faisant chanter un " happy birthday" mémorable à la foule. Une fois ce moment particulièrement sympathique passé, il est temps pour Marina de conclure son set par Numb, dont la puissance finit d'envoûter tout le monde.



Pour le rappel, les quatre musiciens qui entourent la diva s'offrent un petit jam sur la base de Hollywood, dernier tube de la soirée, pour lequel la chanteuse revient en tenue de pom-pom girl made in USA, avec son nom dans le dos, plus pop art que jamais. C'est la quintessence de la pop star mégalo, une image dont Marina Diamandis aime tant jouer, non sans une certaine ironie. Le final est théâtral, grandiose, et conclue un set d'à peine plus d'une heure que le public salue par une longue ovation.



C'est la fin d'un concert avec beaucoup plus de moyens et de maîtrise qu'il y a cinq mois. Marina est mieux entrée dans son personnage, un personnage qui s'affine et qui s'affirme. La scénographie est elle aussi plus travaillée, et puis il y a toujours cette voix hors norme, qui bondit d'octave en octave avec une agilité stupéfiante. Quand on garde le kitsch assumé et les rengaines entêtantes d'une pop fraîche et dansante, qu'on y ajoute une louche d'autodérision et une pincée de recul critique, et que, surtout, on évite tout additif chimique d'auto-tune vulgaire, on obtient une musique gravement joyeuse qui fond sur la langue en pétillant comme un bonbon acidulé. En concert, Marina & The Diamonds parvient à transmettre son énergie et son talent dans une prestation jouissive dont on ne regrettera que la brièveté et la rareté.

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