Chronique de Concert
Mark Lanegan Band
Deux légendes vivantes qui ont définitivement marqué les grandes décennies noisy et (post) grunge ont foulé les planches du Café de la Danse en moins d'une semaine. Thurston Moore, le 19 novembre dernier, offrant un fabuleux live digne des années Sonic Youth et ce samedi 25, Mark Lanegan, pour un show envoûtant.
L'ex-leader des Screaming Trees a toujours oscillé entre blues vaporeux en solo et un son seventies survitaminé en compagnie des frères Van Conner et Barrett Martin. Avec Screaming Trees, il ignora la France (aucune trace d'une quelconque date de concert), il aurait pourtant dû jouer aux Transmusicales de Rennes en 1996 mais la venue en exclusivité pour ce festival fut annulée au dernier moment.
Il flatte désormais notre pays par sa présence régulière depuis de nombreuses années, non seulement pour un public d'irréductibles mais aussi quelques nouveaux convertis lors de chacun de ses passages. La petite salle jouxtant l'animée rue de Lappe était d'ailleurs sold-out depuis plusieurs semaines pour cette date unique : le jour des 53 ans de Monsieur Lanegan.
Revenu de tous les excès, l'auteur de "The winding sheet" ne semble pas au premier abord au top de sa forme : il boite, porte des lunettes à grosse correction et pestera ouvertement contre l'ingénieur lumière qui ne semble pas proposer l'éclairage souhaité, ni idéal pour cette soirée qui se veut intimiste pour les 500 spectateurs présents.
En revanche, dès que Mark Lanegan se saisit du micro, il donne une autre dimension à l'instant présent. Sa voix habitée et caverneuse transporte immédiatement au coeur de son univers psychédélico-dépressif. Revisitant notamment le sublime "Bubblegum" (relire les remerciements et les crédits figurant dans cet album laisse sans voix !), épaulé par sa muse aux tatouages généreux et tout de cuir vêtue qui lui donnera notamment la réplique sur "Hit the city", Lanegan offrira 90 minutes d'introspection, plus riche en décibels que lors d'un précédent passage à l'Alhambra. On avait tout à coup espoir d'une cover issue de "Sweet oblivion" mais il n'en fut rien. Les 4 musiciens qui l'accompagnaient contribuèrent pleinement à la très grande réussite de cette prestation du Mark Lanegan Band.
Parmi les 20 bijoux interprétés avec grâce et le son qui leur faisait honneur, une reprise de The Twilight Singers (formation qui lui tient à coeur) et des classiques issus notamment du grand "Blues funeral" donnaient à cette soirée un ton résolument fascinant.
Peu dissert sur les planches, Mark Lanegan proposera de signer livres, disques et autres objets quelques minutes après la fin du set comme à l'accoutumée, pour une cinquantaine de fans. Une attention toute particulière à souligner.
Photos : Olivier L.
Critique écrite le 27 novembre 2017 par Samuel C
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