Chronique de Concert
Massilia Cumbia Session : La Kamba + La Cumbia Chicharra + La Dame Blanche
Après une après-midi passée à Magic City (une première pour moi) et un dîner sur le pouce me voici à l'espace julien pour la Massilia Cumbia Extravangaza ! Après la cumbia session avec Chico Trujillo (déjà accompagné par la Cumbia Chicharra et La Kambà) l'équipe du Molotov remet ça avec cette fois ci La Dame Blanche. Une inconnue pour moi, par contre La Kamba et La Cumbia Chicharra eux ne le sont pas, et même si j'ai vu les seconds il y a une petite semaine à l'occasion du Son de notre Canebière et même si je ne suis pas d'humeur spécialement dansante, je n'ai pas de doute sur le fait que je vais passer une bonne soirée.
Lorsque j'arrive La Kamba est déjà sur scène. Ils sont bien sûr venus avec leur guirlande de papier et leurs peintures faciales ! Comme les autres fois où je les ai vus (en janvier au Poste à Galène). Toujours aussi nombreux (11), toujours aussi joyeux, toujours aussi survoltés, toujours aussi contagieux, un joyeux bordel savamment orchestré !
Car si l'énergie de chacun contribue à rendre l'ensemble irrésistible il faut quand même reconnaître que c'est en général d'un des deux chanteurs (le grand à la chemise à fleurs ou celui à la casquette) ou des interventions du fond de cours de Pacheco Terror (seul musicien dont je connais le "nom") que part en général l'étincelle qui met le feu au poudre !
Morceaux traditionnels revisités, compositions qui sonnent comme des morceaux traditionnels ( Cumbia bouillabaisse), pas de temps mort. Arrivé au milieu de Avioncito je ne noterai aucune baisse de régime pendant leur set. Pas vraiment pris de note pour vous en parler plus en détail mais quand même noté que la guitare aux sons bien traficotés par moment pouvait être tout aussi funky que Messer Chupsienne.
Dans la salle déjà bien pleine le public est jeune dansant et souriant donc beau ; ça fait du bien en ces temps où le bonheur et le partage ne sont pas forcément hyper mises en avant ! des choses mises en avent par tous. Pour le dernier morceau le chanteur moins grand que l'autre troquera sa casquette pour un masque multicolore tout à fait à l'image de leur musique !
Set list : Corralito / Donde vas / Todos quieren cumbia / Avionecito / Lupita + Gente que no / El conductor / Mi canoita / Nave raptora / Cumbia bouillabaisse / La kamba / Melaza tropical / Mambo no loco
À la pause je lorgne sur les affiches de la Cumbia Chicharra (penser à en prendre une en partant pour les enfants) et sur chips un peu aussi je dois l'avouer ... puis je retournerai dans la salle pour mettre de l'ordre dans mes notes. Du coup le changement de plateau me paraitra plutôt court.
Lorsqu'ils débarquent sur scène je flashe sur le t-shirt Le Vortex qui dépasse de la chemise colorée de François au clavier (je n'ai toujours pas eu l'occasion de me le procurer). Comme je le disais plus haut je les ai vus il n'y a pas longtemps en haut de la Canebière mais je n'avais pas pu rester jusqu'au bout ; pourtant j'avais quand même pu sentir le virage amorcé dans leur musique.
Ce virage ne fera que se confirmer pendant le set (surement assez proche du précédent en contenu) de ce soir. Le son de la Cumbia Chicharra est en effet en train de glisser vers quelque chose de moins traditionnel / plus moderne. En plus de la clarinette qui à mes oreilles faisait plus klezmer que cumbia il y a maintenant plein de petites choses en plus notamment dans l'écho qui est ajouté à la trompette ou les effets de clavier pour un résultat qui tend vers le dub (il y a d'ailleurs un morceau qui s'appelait comme cela sur la setlist).
A côté de ces morceaux plus calmes il y a toujours des fichtrement dansant comme ce superbe Tres puntas qui nous ferait presque oublier La Chicharra machaco (j'ai dit presque car tout comme mes enfants dont c'est un des morceaux préférés, ça ne me déplairait pas de l'entendre sur scène de temps en temps). Sinon le double chant fait toujours des ravages (tiens cette fois ci son chant à elle m'a fait penser à celui de Les Elles), tout comme les percus qui nous entrainent à danser.
Tous plus ou moins multi-instrumentistes (mention spéciale au chanteur, clarinettiste, tromboniste, bassiste) et en tout cas techniquement irréprochable, ils sont un régal à regarder comme à écouter. En fait ils sont tellement bons que même quand ils calment le jeu on les suit car il se passe toujours quelque chose ici ou là sur la scène. Des nouveaux morceaux (La ventana), des plus anciens ... je suis tellement captivé que je ne bouge pas du bord de la scène.
Oubliant du coup de faire quelques plans plus larges. J'étais déjà très fan des deux premiers albums (Ya va empezar et Sudor) mais j'apprécie aussi le chemin qu'ils sont en train de prendre. Sur une base toujours résolument cumbia ils ajoutent tellement de trucs qu'au final ils nous emmènent loin. C'est aussi pour cela que c'est aussi agréable de voir le même soir La Kamba et La Cumbia Chicharra.
setlist: Santa / Mami / Mars' / Baja / Dub / ... / Mapale / Rifa / Ventana / Wea / Pollera // Yaya / Tigre
A la fin de leur set un des gars du stand de l'asso pour venir en aide aux péruviens victimes de grosses inondations (récentes ? je ne suis tellement pas l'actualité que je n'étais pas au courant) viendra nous en parler. La pause qui suivra me paraitra beaucoup plus longue que la précédente (surement le simple reflet de ma fatigue). D'autant que je commençais à avoir faim et que je pensais au rangement qui m'attendait en rentrant. Bref je n'étais pas dans les meilleures dispositions pour ce qui allait suivre.
Ne connaissant pas du tout La Dame Blanche j'avoue avoir été surpris en voyant la scène se vider pour installer une table de DJ et une batterie ... en encore plus lorsque j'ai vu débouler la chanteuse : tresses colorées, lunettes noires, longue chemise en guise de robe, chaussures montantes à talon haut, et cigare (comme sur l'affiche en fait). Les premières 10 minutes je n'ai vu que ce qui ne me plaisait pas
Sa façon de minauder voire de se tripoter, sa flute clairement sous utilisée, les effets dans la voix, le DJ qui lance des sont à la Mambo n°5, elle qui harangue la foule en mode hip-hop ragga "tout le monde les mains en l'air", le tout sur des rythmes cassés et cassant ... où est le lien avec la cumbia ? Immédiatement j'ai pensé que Sami lui vous en aurait sans doute dit le plus grand bien, ou en tout cas aurait été beaucoup mieux placé que moi pour vous en parler.
Je ne sais pas si le public très fourni qui était là la connaissait déjà mais en tout cas, après un petit temps d'observation, et de toute façon remonté à bloc par la Kamba et la Cumbia Chicharra, s'est mis l'accompagner bruyamment. Et moi-même je dois avouer que, calé sur la côté gauche de la scène, j'ai commencé à trouver cela bien fait. Déjà ce qu'elle fait çà la flûte est quand même bien sympa, et puis même si je ne suis pas fan du genre à la base je dois reconnaitre que c'était entrainant.
Bon certes en continuera à jouer l'allumeuse et à placer sa main entre ses jambes assez régulièrement, mais au final avec des racines cumbia finalement audibles et son phrasé hip hop sur un gros son tek, sans ses lunettes mais toujours avec son cigare elle assurait carrément. Je ne me souviens plus trop à quel moment m'ai-je me souviens avoir pensé à Tricky à un moment en la regardant / écoutant.
Je ne resterai pas jusqu'à la fin de son set et raterai donc Baja Frequancia mais je repartirai de l'Espace Julien bluffé par la bonne ambiance et globalement le succès de soirée. Nul doute désormais que ces soirées organisées par le Molotov et qui semblent avoir pris le relais du Fanfare Connexion un temps organisé par la "bande à" Samenakoa (dont certains membres étaient présents sur scène ce soir) sont parties pour durer !
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Critique écrite le 11 avril 2017 par Pirlouiiiit
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