Chronique de Concert
Massive Attack
Palm Beach Festival Pointe croisette -Cannes 21 Juillet 2003
Critique écrite le 25 août 2003 par Flo
AMON TOBIN
Amon Tobin est parait-il un des DJ les plus en vu du moment et certains considèrent même ce Brésilien comme le maître absolu de la scène électro-groove. Perso, c'est pas trop mon trip et honnêtement, voir un mec assis derrière 2 platines et un ordinateur portable ne me procurera jamais d'intenses émotions. Il mixa donc pendant 1h 30, sans jamais lever la tête pour voir la réaction du parterre encore clairsemé, arrivant péniblement à faire remuer quelques popotins de la jeunesse branchouille cannoise (certains, au passage étant sapés pour rentrer au Baoli voisin...) Au final, warm-up moyen, on était loin d'un dancefloor en plein air géant ; trop long et fastidieux pour les non-initiés dont je fais parti, mais il fallait bien compenser l'annulation de dernière minutes de "The Bees".
MASSIVE ATTACK
Commence alors la transformation du parking du Palm Beach en boîte à sardine à ciel ouvert; plus de 6000 fans s'y massèrent effectivement subitement. La course au premier rang fût rude, mais nous voilà finalement bien placés vers le 5ème rang un peu sur la droite (merci Marco pour tes solides coups de coudes). Crépuscule, ambiance déjà électrique, ciel chargé, la tension était palpable et la longue attente de près de 45min ne fît que renforcer l'excitation. 3D le savait bien car même si ses roadies avaient fini l'installation depuis belle lurette et malgré les quelques sifflets d'un public trépignant d'impatience, il avait bel et bien décidé de jouer encore un peu avec nos nerfs et de commencer son set à 22h tapante. D'ailleurs, le chrono qui s'était affiché dés 21H45 sur l'immense écran de fond nous y avait préparé, tout comme Bono de U2, apercu dans la loge VIP...
22H donc et tout ce petit monde s'installe tranquillement dans un tonnerre d'applau : Robert DEL NAJA, alias 3D tout de noir vêtu entre en premier suivi d'un guitariste et d'un bassiste qui s'installent derrière lui, d'un batteur (au 35 fûts) et d'un mec aux manettes de 4 claviers et samplers. 3D s'avance vers l'un des 5 micros frontside (ce qui nous promettait déjà plusieurs guest au chant), lumière tamisée rouge, et décollage immédiat pour un voyage intersidéral vers une autre planète : la planète Massive Attack. Et il est bon de préciser une chose : j'aime beaucoup MA mais je n'en suis pas un fondu absolu ; j'en apprécie surtout l'éclectisme inégalable à mon sens. On retrouve dans leurs différents albums à peu près tous les genres et par-dessus tout, MA a le grand mérite de toujours innover, le souci permanent de faire évoluer sa musique, la remettant en question ce qui aboutit à des summums d'expérimentation, et sur ce point très peu de groupe peuvent rivaliser (sauf Radiohead évidemment). Autant dire que j'étais très impatient de voir comment ces bidouilleurs de génie allaient transposer leur cuisine sonore studio sur scène et par conséquent, je n'étais pas conquis d'avance. Et pourtant, au final, ce n ‘est pas conquis que j'en ressortis mais complètement bluffé, littéralement envoûté par une ambiance indescriptible, emporté par une déferlante de sons qui vous transperce des pieds au cerveau, une introspection, un voyage à travers les âmes. Et leur set pris certainement une dimension lyrique supplémentaire dans un tel cadre. Bref un régal pour l'esprit bien plus encore que pour les oreilles, notamment grâce à un light show exceptionnel (j'y reviendrai). Donc, quelle maîtrise, quelle emprise sur la foule souvent plongée en transe et parcourue par des salves de bonheur, le tout sans que 3D ne regarde jamais son public, incroyablement concentré sur son chant, habité par sa musique, les yeux pratiquement toujours clôts y compris pendant les longues instrus salvatrices. Perso, mon trip fut à son paroxysme sur "Teardrop" merveilleusement interprété comme sur la version d'origine par la splendide Dott Alison : planant à souhait, de même pour "Protection" et "Angel". Et quelle bonne surprise de retrouver tous les membres d'origine réunis sur cette tournée (à part Tricky) : Horace Andy le reggaeman et Daddy G pourtant absents pour l'enregistrement du dernier album. A retenir aussi une performance vocale exceptionnelle de la choriste, d'ailleurs joliment saluée par le public.
Tous les albums furent visités : "Mezzanine", "Blue Line", "Protection" et bien sur "100th window".
Mais le show repose aussi sur un light show démentiel. Sur l'immense écran de fond de scène ont défilés toutes sortes de visuels informatiques "à la matrix", messages politiques et écolos. "La guerre en Irak est-elle justifiée ?" peut-on lire par exemple en français dans le texte. Et puis, dans le désordre, pleins de visuels aussi bien engagés que ludiques et amusants : de nombreux classements divers (pays selon leurs stocks d'armes de destruction massive ; classification périodique des éléments avec détails des masses atomiques, structure moléculaire, avis aux chimistes ; systématique des bactéries et virus connus, plus les cours de la bourse) . Et pour faire plaisir aux cannois, la météo pour la semaine et même les indices UV sur les plages, plus les coordonnées latitude-longitude de la ville, ainsi que la distance cannes-Bristol...Ouf ! Et encore je vous fais grâce des innombrables mots mitraillés en quasi subliminal pendant les instrus, parmis lesquels tous les grands règnes du vivant (protistes, fungis, ascomycètes, mollusques, arthropodes, amibes, gymnospermes, ptéridophytes....) mais aussi Ronaldinho, Tony Parker et même ... Antoine Rigaudeau ( !!!) Mais le plus original restera la tonne de statistiques en temps réel . Ainsi défileront un florilège de nombres entre 5 et 20 chiffres indiquant, depuis le 1er janvier 2003, le nombre d'hectares de forêts déboisés, le nombre de baril de pétrole consommés, le nombre de kilomètres de fil barbelé entourant les prisons américaines, le nombre de km parcourus par la terre dans le système solaire, le nombre de battements de votre petit cur, le nombre de voitures vendues, le nombre d'éclairs étant tombés sur terre, j'en passe et des meilleures.... Bref vraiment surprenant, interloquant, et tout cela participe beaucoup à créer une ambiance d'un autre monde.
Au final, un show monumental de plus de 2H avec 2 rappels de 15min chacun dépassant largement toutes mes espérances. Les rappels, parlons-en justement. Le 1er était assez prévisible et clore la prestation la dessus n'aurait rien eu d'honteux, on en était déjà en effet à plus d'1H45 de bonheur et ils avaient déjà beaucoup donné. Nombreux donc regagnaient déjà la sortie quand voilà que 3D réplique flanqué de Dott Alison munie d'une 2eme gratte électrique pour un bouquet final complètement fou de plus de 15 min. Toutes guitares devant, la fine équipe nous sert en effet un enchaînement de riffs hypnotiques qui n'en finissent jamais, prouvant qu'ils savent même jouer du rock brut. Ils réussirent même à faire de l'ultra-saturation un son à part entière... grandiose, unique. Le tout est évidemment bien servi par des effets stroboscopiques démoniaques. Perso, j'en suis sorti épuisé, en transe totale et je crois que je n'étais pas le seul (n'est ce pas Philou ?). Limite je les aurais suppliés d'arrêter pendant ce rappel de psychopathe tant j'étais à la limite de l'apoplexie. Et puis trop de jouissance tue la jouissance...
Tout ca pour vous dire que si vous avez l'ocas' de voir ce gang, surtout n'hésitez pas car que vous soyez méga fan ou simple amateur de sensations fortes, et bien pour 32 euros vous prendrez à coup sûr un énorme shoot dans la cervelle. En plus, la descente de trip et très très très longue, la preuve, je ne m'en suis pas tout à fait remis plus d'un mois après...
Critique écrite le 25 août 2003 par Flo
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