Chronique de Concert
Mathis Haug
Un tiers de la salle est occupé par un public éparse mais dès l'arrivée sur scène du duo Mathis HAUG à la guitare et Stéphan NOTARI aux tablas, percussions, le ton de la soirée est donné sur une note humoristique car Mathis plaisante facilement avec le public sans se prendre vraiment au sérieux. Son côté très décontracté accentue la communication avec l'ensemble des spectateurs et met tout le monde à l'aise.
Le Blues que joue Mathis à la guitare est difficilement comparable et c'est ce qui fait sa particularité, parfois intimiste, parfois plus Rock, plus Folk voir Afro-Blues. Il voyage vocalement d'un grave extrêmement suave en passant par des aigus hauts perchés et lâchant des onomatopées toujours justes et surprenantes. La connivence musicale avec son batteur est flagrante, elle respire la joie de jouer ensemble et lorsque Mathis se lève de sa chaise avec sa guitare et s'approche de Stéphan en gesticulant sur un rythme endiablé, on prend un grand plaisir visuel et auditif à communier avec eux. Stéphan avec sa batterie, (si on peut l'appeler comme ça) car son instrument est étrangement fait de valise en carton pour la grosse caisse, une gamelle retournée pour un tome métal, de multiple petites cymbales au son bizarre, tambourin, etc..., multiplie les solos dans des grands mouvements de bras en tapant énergiquement avec des balais sur son bric à brac musical. En tous cas, il sait utiliser tout son attirail car il suffit de voir le public battre la mesure avec ses pieds et taper dans ses mains pour s'en rendre compte. Chaque morceau est une nouvelle aventure avec comme voyage musical une ponctuation de riff, de slide, de changement de rythme avec ou sans médiator, que Mathis utilise parfaitement pour donner de la couleur et de l'expression à ses chansons.
Les sentiments qu'il fait passer à travers sa musique et son chant sont ressentis dans la salle et ses expressions de visage confirment qu'il prend un certain plaisir à aller chercher des notes improbables sur le manche de sa guitare. En reprenant le morceau de POLICE Walking on the moon Il pratique un arpège étonnant qui donne un rythme et une couleur inattendus au morceau. Le public est fin connaisseur, il n'hésite pas à haranguer l'artiste après chaque chanson pour lui en demander encore et encore. Toute la douceur du guitariste talentueux passe à travers des morceaux plutôt folk/blues qu'il interprète fabuleusement bien à la guitare et au chant, accompagné parfois par Stéphan à la guitare folk.
Mathis n'a pas encore 40 ans et pourtant il peut se délecter d'une incroyable expérience scénique et d'un sens indéniable du spectacle. Après plus d'une heure et demie de concert et trois chansons après rappel, la soirée Blues s'achève avec une vente d'albums pour ceux qui, comme moi, n'en possédaient malheureusement pas, dont le dernier CD "Distance" produit par Jean-Jacques Milteau, bluesman invétéré. Sans aucune prétention, Mathis discute avec les gens du public qui viennent le saluer pour le féliciter de sa prestation, de s'enquérir d'un disque de l'artiste ou tout simplement le remercier de l'extraordinaire moment qu'il nous a fait vivre.
Critique écrite le 21 février 2014 par Janfi
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