Chronique de Concert
Matt Elliott
Matt Elliot, lancé sur une tournée en solo pour présenter son nouvel album The Calm Before, est ce soir de passage à L'Eolienne, une accueillante et chaleureuse salle située dans le quartier de Noailles, dont la scène, aux murs constitués de vieilles pierres, se situe en sous-sol. Etonnant parcours que celui de Matt Eliott : originaire de Bristol, notre homme avait sévi dès le milieu des années 90 dans diverses formations Post Rock dont la plus marquante avait été Third Eye Foundation, pour évoluer ensuite vers un folk sombre et dépouillé, influencé par les musiques méditerranéennes et des pays de l'est.
Comme la dernière fois où je l'avais vu, il est muni d'une guitare classique et quelques pédales d'effet qui lui permettront de doubler les parties de guitare et le chant mais dont il n'abusera pas forcément. Il chante le premier titre d'une voix murmurée, un peu à la manière de Leonard Cohen, joue de son instrument en finger picking et en caressant les cordes. Matt Elliot capte tout de suite le public non seulement grâce à la qualité des chansons mais aussi par une présence à la fois charismatique et discrète. Il fait partie des ces (rares) musiciens qui n'ont pas besoin de faire beaucoup de bruit pour se faire entendre. Le musicien s'excuse presque à la fin de la deuxième chanson en disant que " tous les morceaux, c'est comme ça ", avec une pointe d'auto-dérision.
Les titres sortent du strict format de la chanson et s'étirent en de longs passages instrumentaux très atmosphériques et très aérés mais jamais ennuyeux, qui évoluent en de savantes progressions. Le chant devient parfois plus intense et plus expressif, la voix se fait alors parfois plus forte et claire. Les morceaux reposent le plus souvent sur une boucle de guitare qu'il enregistre aussitôt et par dessus laquelle il joue de son instrument un peu à la façon d'une mandoline. Comme cela été dit plus haut, les influences des musiques méditérranéennes ou même des pays de l'est sont perceptibles mais ne sonnent jamais comme un vulgaire copié-collé world music indigeste, elles se diluent subtilement dans sa musique.
Il y a dans la salle un recueillement presque (ou un peu trop) solennel, le public est un peu sage à mon goût, on aurait presque envie que ça braille un peu plus, ce qui ne serait pas incompatible avec une musique qu'on écouterait volontiers dans une taverne enfumée (Matt Elliot a quand même intitulé un de ses albums Drinking songs). Sur certaines chansons, il siffle ou joue de la flûte à bec sans que cela ne détonne, et cet instrument plutôt inattendu apporte un plus. Il finit par délaisser toutes ses pédales d'effets en disant d'un ton mi-agacé mi-ironique que " tout ça, c'est de la merde ". Il fait ensuite une très libre adaptation de I Put a Spell on You de Screaming Jay Hawkins et termine par une version calme et douce du classique de Sonny & Cher, Bang Bang, assez proche de l'esprit de celle de Nancy Sinatra.
Ce musicien a vraiment l'art de reprendre des titres cent fois entendus en les faisant sonner d'une manière totalement nouvelle. Définitivement, Matt Elliott produit, avec peu de moyens, une musique aussi belle que singulière et parvient, comme ce fut le cas ce soir, à séduire toute une assistance grâce à la qualité des chansons et la force de son interprétation.
photos Julien Confalonierie
Critique écrite le 03 février 2017 par Phil2guy
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