Chronique de Concert
Mercury Rev + Paloma
La Coopérative de Mai, Clermont-Ferrand 18 avril 2002
Critique écrite le 22 avril 2002 par Pierre Andrieu
Le moins que l'on puisse dire c'est que leur prestation a divisé le public : il n'y a pas eu de bagarres mais les débats ont été animés après le concert... J'ai bien remarqué que le chanteur et leader du groupe n'avait pas trop de présence scénique, qu'il chantait un peu faux et jouait désaccordé mais je ne vois pas où est le problème. Si on apprécie la musique de Will Oldham, les chansons de Paloma ne sont pas désagréables, au contraire. Il me semble que l'émotion passe malgré les "défauts" cités plus haut. Le pop/rock électrique de Paloma prouve encore une fois que l'Auvergne est un joli plateau de musiques...
A 21 heures et 45 minutes, Mercury Rev fait son apparition sur la grande scène de la Coopé. Bien qu'il n'y ait malheureusement pas grand monde (300 ?), je sens une joie immense me traverser tout le corps ! Il faut dire que depuis la sortie de Deserter's songs en 1998, je suis un fan inconditionnel du groupe ! Les voir en vrai interpréter devant moi The funny bird, leur premier titre jamais joué à Clermont-Ferrand, me bouleverse, tout simplement !
La voix de Jonathan Donahue est identique à celle des albums, dès qu'il s'approche du micro, je suis fasciné par la pureté, l'originalité et l'émotion qui se dégagent de ce chant extraterrestre. Mais il n'y a pas que ça pour me faire dresser les poils de tout le corps : maintenant, c'est Grasshopper qui se lance dans un solo expressif et sobre à la pédale Wah-Wah. Quelques notes bien placées et c'est parti pour la stratosphère...
Le dernier membre permanent de Mercury Rev présent ce soir n'est pas en reste : comme ses deux camarades des Catskills Mountains, le batteur Jeff Mercel joue avec classe, subtilité et talent. Pour couronner le tout, Paul Dillon, qui remplace Dave Fridmann sur scène, s'en sort impeccablement tandis qu'Anthony Molina au Mellotron et Michaël Shirmer au piano réunissent si bien à retranscrire les arrangements des disques qu'en fermant les yeux on jurerait qu'une section de cordes est présente sur scène.
Je crois bien que Ça plane pour moi : je flotte par-delà les nuages, je navigue dans la salle pour voir le groupe sous toutes les coutures. Quel que soit l'angle d'attaque, c'est magnifique. Le public a l'air d'apprécier car il fait du bruit pour deux entre chaque morceau : sensible à cet accueil chaleureux, Jonathan sourit de toutes ses dents et semble très heureux d'être sur scène. Il joue parfois au chef d'orchestre pour lancer une montée de violons, un solo de guitare, un roulement de cymbales... Son attitude, assez théâtrale, donne une dimension originale au spectacle.
Voir un groupe d'une telle classe évoluer devant une foule si restreinte est un véritable crève-cur, surtout quand on regarde les prestations des artistes qui cartonnent ! Jonathan Donahue fait preuve de philosophie à ce propos : "Nous adorons jouer quelque soit l'affluence : nous essayons de donner de bons concerts pour que la prochaine fois, plus de gens viennent. C'est notre premier concert à Clermont-Ferrand, il n'y aura peut être pas énormément de monde mais, la prochaine fois, nous espérons qu'il y en aura plus."
Vous revenez quand vous voulez les gars, c'est le moins qu'on puisse leur dire après une concert de cette qualité. Car en plus des qualités musicales, les lumières sont superbes et totalement adéquates pour ce spectacle : elles collent parfaitement aux émotions dégagées par les chansons.
Ce concert a été un bon moment d'une heure quarante cinq minutes mais il y a quand même eu des moments encore plus forts que les autres : Tides of the moon, un morceau magique, Holes, très Pinkfloydien, You're my queen, romantique à souhait, le génial morceau Lincoln's eyes, I keep a close watch, la superbe reprise de John Cale, Nite & Fog avec ses violons langoureux et le final magnifique sur The dark is rising. L'instrumental The saw song a été interprété avec Jonathan Donahue, assis, jouant de la scie musicale. Comment oublier la chanson Godess on a hiway ? Les premières notes de cet hymne, qui rappellent le générique des Feux de l'amour, sont le point de départ de 3 minutes et 45 secondes absolument. Quand on écrit une chanson pop parfaite comme celle-là, on peut tout arrêter immédiatement.
Si vous aimez planer, déplacez-vous pour les concerts de Mercury Rev et achetez leus disques, vous ne serez pas déçus par le voyage psychédélique.
Set list Mercury Rev (1h45) :
The funny bird
Chains
Tides of the moon
Delta sun bottleneck stomp
Tonite it shows
Lincoln's eyes
Fritering
I collect coins
Holes
Nite and fog
Little rhymes
You're my queen
Goddess on a hiway
Spiders and flies
Opus 40
I keep a close watch (John Cale)
The saw song
Hercules
The dark is rising
(Photo Flore-Anne Roth)
Critique écrite le 22 avril 2002 par Pierre Andrieu
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