Chronique de Concert
Merlot (+ Sophie Maurin)
Surprise sympa, une nouvelle jolie petite salle à découvrir (décidément, Paris en regorge) : la Boule Noire, qui a l'air d'être une simple excroissance de La Cigale, tout à côté et sans doute bien plus grande. On ne peut pas dire que la salle ait autant de personnalité que le Nouveau Casino ou la Java, mais elle est agréable, bien éclairée et sonorisée : rien à lui reprocher à part une invention débile de Heineken - les tuyaux de ses tireuses de bière sont couvertes de glace. Et dire qu'on crame de l'uranium pour ces conneries (et pire encore, pour servir uniquement cette pisse de rat que boycottent tous les amateurs de bière). Enfin...
Autre petit problème (qui n'en est pas vraiment un, n'exagérons rien) : il y a une première partie. Sophie Maurin de son nom, jeune chanteuse sans doute encore en devenir. Ses compositions sont sympas, souvent surprenantes et bien interprétées. Son accompagnateur batteur-choriste-clarinettiste fait le job, il sait tout faire, un vrai couteau suisse pour chanteuse ! Pour ma part j'ai juste un petit problème avec sa voix, à la miss (on dirait un peu Olivia Ruiz enrouée), mais son petit set, juste de la bonne durée, se passe sans encombres. Avec un peu de chances, elle trouvera sa petite place au soleil un de ces jours...
Mais avouons qu'on s'est quand même bien plus amusés lors du concert de Merlot. Il a beau commencer par se traiter de Loser, il est pour moi l'archétype du chanteur très drôle et qui a réussi - en contre-exemple du chanteur très drôle et qui n'a pas (encore) réussi, nous avons, précisément, David Lafore ! Toujours cette silhouette de grande gigue, son faux air de John Malkovitch anorexique, et davantage de musiciens que la dernière fois. Un groupe parfait, à son service, s'adaptant sans cesse à ses conneries et ses digressions : Merlot a une GROSSE présence, on dirait qu'il pourrait toucher les murs latéraux de la scène rien qu'en se dépliant complètement !
Dans le concert, 2 ou 3 chansons de reggae qui n'accrochent pas vraiment (il a bien fait de changer de style !), mais tout le reste est franchement bien, dès qu'il a posé la guitare et peut se remettre à gigoter dans tous les sens. Qu'il se moque de ces snobinardes de Parisiennes en mode jazzy (j'en avais justement 2 pile comme ça à côté de moi à midi !), qu'il drague une complice comme un mort de faim radoteur (J'aime Bien), qu'il hip-hoppe gentiment son mal d'être trentenaire (Paumé, Vieux chanteur), il est constamment drôle, rythmé, entraînant, c'est un spectacle à lui tout seul ! Il a beau appeler son gratteux "Krazy Keupon", celui-ci a l'air au contraire tout à fait square et c'est bien lui, Merlot, qui a l'air d'un keupon barjot déguisé en costard...
D'ailleurs le public est totalement dans sa main dès le départ, notamment une petite bande de filles au premier rang. Il commence en costard certes, mais finira totalement débraillé - on est pas passé loin de le voir finir en caleçon, comme sur les affiches dans la métro... Pour moi le moment culminant du concert est sa traversée de Paris à Vélo, pétaradante et hilarante, avec ses groupies qui crient juste au bon moment "Hé, c'est Merlot !" dans sa chanson pendant qu'il se déhanche comme un pantin électrocuté, en zigzaguant dans les bouchons. Une vraie pub pour la promotion du vélo - faites-en un clip et tout le monde s'y mettra, à pédaler dans Paris, c'est sûr !
Autres assez grands moments : Sexe & Marijuana, vraiment très marrante (il a essayé en vain de faire éloigner les enfants du public), Hello plus ou moins en anglais et qui doit être son single (je réalise en direct que j'ai entendu ça à la radio sans savoir que c'était lui !). Et puis évidemment, toujours dans ce registre de la drague-baratin foireuse, son sport préféré (il a du pas mal s'entraîner, étant ado), avec la torride Mademoiselle (une spectatrice apparemment un peu trop consentante finira par lui faire perdre le fil de ses propres paroles !).
Et pour finir le show (après un rappel copieux incluant un deuxième Loser et un Business joyeusement crétin), un titre dont je me rappelais bien : la non moins pétaradante Chuis Chaud, qui met définitivement le feu à la Boule Noire ! Est-il aussi bon sur l'album qu'il vient de sortir - avec le son mais sans l'image, est-il aussi drôle ? Je ne sais pas encore mais sur scène, c'est vraiment un putain d'animateur, qui allie de réelles capacités de chanteur à un sens de l'humour et de la répartie à tomber par terre. On ressort du concert avec une telle banane qu'elle nous accompagnera jusque dans les bouchons. Ca nous apprendra à vouloir faire de l'Autolib' la nuit juste pour rigoler... au lieu de prendre un vélo comme on nous a dit !
PS : Désolé, pas d'appareil photo, va falloir y aller vous-même, espérons que cette chronique vous donnera envie de participer au triomphe annoncé, et mérité, de Merlot sur scène...
Setlist (dans son jus, titres et orthographe sans trucages - moi non plus j'écris pas looser comme ça...)
Looser
Parisiennes
Ca va ça vient
J'aime bien
Paumé
Hello
Velo
Sallaud
Vieux chanteur
Ta peau
Nickel
Marijuana
Mademoiselle
encore :
Looser
Buziness
Les Blancs
Chui Cho
Critique écrite le 14 novembre 2012 par Philippe
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