Accueil Chronique de concert (mes) Eurockéennes 2015, 2/2 : Parkway Drive, Slaves, Eagles of Death Metal, Alabama Shakes, Electric Wizard, Sting
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Chronique de Concert

(mes) Eurockéennes 2015, 2/2 : Parkway Drive, Slaves, Eagles of Death Metal, Alabama Shakes, Electric Wizard, Sting

(mes) Eurockéennes 2015, 2/2 : Parkway Drive, Slaves, Eagles of Death Metal, Alabama Shakes, Electric Wizard, Sting en concert

Presqu'île du Malsaucy, Evette Salbert 5 juillet 2015

Critique écrite le par

Le samedi, c'était par ici !


Deuxième jour pour nous et dernier pour tout le monde, ce dimanche commence en pente douce comme la veille. Il est vrai que personne de sensé ne voudrait être en plein soleil (toujours 36°C au thermomètre) à 16 h 30, à part peut-être les bluesmen africains de Songhoy Blues, dont on espère avoir d'autres occasions de les voir. Il y a bien quelques vagues nuages au loin pour nous donner le faible espoir d'une rincée salvatrice (qui ferait aussi retomber la poussière) : un nuage de type Canadair, comme celui passé 5 minutes sur le site l'an passé, nous irait très bien ! En attendant, les canons à eau projettent toujours ici ou là, et être sur une presqu'île est une bonne façon de s'assurer un peu d'air frais (plus, par exemple, que de camper sur un aérodrome, comme quelques milliers de jeunes gens bien courageux dont on a fait partie ...il y a quelques temps déjà !). Pour finir sur la note d'ambiance, on peut noter sans enfoncer le clou qu'il n'y a que peu de déco sur le site, et (sauf erreur) pas du tout de ces artistes de rue incongruEs qu'on aimait pourtant bien croiser au détour d'un chemin. Budget un peu serré, ou cachet un peu cher de la très barbue tête d'affiche du jour, dont on reparlera ?


On arrive donc pour le dernier quart-temps austral de Parkway Drive, estampillé metal core (wtf ?). On dira plutôt que c'est du metal "standard" avec une petite touche de punk : ça cogne, ça growle et ça joue correctement mais rien de particulièrement original ne se détache. Le tout est relevé par un gros abattage du frontman, le look général de beaux gosses poseurs et la jolie scène décorée façon Mad Max (forcément, l'Australie !). Ah, et puis le chanteur est vraiment aimable, il vient nous chercher, et son faux-air de Trent Reznor jeune finit de le rendre sympathique. Une très bonne idée, reprendre Bulls on Parade de Rage Against The Machine (back to Belfort 1994 ?), pour sans doute le meilleur moment de leur concert ! Au moins, les metalleux du public (quelques uns sont même fans du groupe, à les entendre) sont tout contents qu'on leur fasse enfin faire un mosh pit, ce qui recouvre efficacement toute la vue de la scène de poussière, sur une fast-track finale et roborative et un slow un peu dispensable mais qui finit par tout péter lui aussi. Finalement sympa et surtout, très adapté à l'éclusage de notre première bière de la, euh... de la fin de l'après-midi.


Plus rigolos quand même, les deux petits punks de Slaves, un musclé et un tatoué, qui semblent s'être surpassés pour être le plus mal attifé possible (d'après ce qu'on a compris, le chanteur avait prévu un T-shirt mais avec la chaleur, il est finalement monté sur scène juste en short rose, ce qui va au moins bien avec l'atroce bannière à caniches derrière eux). Il est vrai que quand on joue de la batterie debout, en courant et en chantant façon Johnny Rotten en '77, mieux vaut être à l'aise pour ne pas finir avec les bonbons collés au papier... Tout comme pour jouer un excellent concert de punk-rock à seulement deux personnes, ce qui n'est pas donné à tout le monde (même si les Sleaford Mods ont donné l'exemple hier) ! Ici, on arrive à deux, mais avec des intruments, et des putain de bonnes chansons, de pures machines à danser : The Hunter (pas de guitare... hé, t'as besoin d'une guitare toi ?), Sockets, ou la formidable Cheer Up London ("You're dead ! Already ! Dead, dead, already !"). Autre bon moment, Feed the Manta ray, avec acolyte déguisé ... en raie manta bien sûr, qui finit logiquement en nageant sur le public. Et une fin de concert lorgnant vers un son metal : que du bonheur ! Irons-nous jusqu'à préciser qu'ils avaient des sacrées têtes à claques ? En tout cas ils étaient super sympas, et foutrement efficaces ! On envisage même de les réécouter à la maison, c'est dire.


[S'ensuit un looong tunnel de programmation, qu'on avait bien vu venir. Pas question de se taper un fils Marley comme il y en a tant d'autres (et celui-ci, on l'a déjà subi à Art Rock, en plus !), et le hip hop de Kevin Gates sur la Plage où on finira avachis, à ne pas écouter du tout, n'est pas du tout notre came non plus. Entre temps, on sera donc allé jeter un oeil dans la bucolique zone de presse, déjà désertée vers 19 heures : n'ayant pas croisé Andy Trax, le sémillant photographe dont on peut admirer le travail ici, ni Philippe Manoeuvre, ni nos idoles Jean-Paul Roland ou Kem Lalot (à qui on aurait sans doute pas osé parler), ni la gentille Marion d'Ephelide, ni même Mathieu Pigasse qui vient de devenir Président des Eurockéennes, on a vite fait le tour de la question. Même si ce gang de bikers chevelus, croisé entrant au catering, tout carapaçonné de cuir et de jean, qui semble être tombé du ciel et ne pas comprendre le concept de canicule, doit forcément être les Electric Wizard ! Et dans la partie VIP-mais-pas-mécène du site, dont le principal intérêt est d'être peu peuplée et de vendre les pizzas plus chères, on ne s'attarde pas non plus...]


Heureusement, on sera directement rassérénés à l'arrivée sur la scène Green Room des Eagles of Death Metal, pas revus depuis 3 ans à Rock en Seine. Petite déception quand même, à leur traditionnelle entrée sur fond de disco : à l'instar des QOTSA (dont il est initialement la version queer, rappelons-le), le groupe des EODM a une géométrie très, très variable. En l'occurrence il n'y a aujourd'hui ni Josh Homme (improbable, mais on l'espérait un peu quand même), ni Joey Castillo aux fûts (à la place, un batteur correct mais sans relief), et même plus Brian O'Connor, le bassiste aux grandes pattes, remplacé lui aussi par un type pas trop excitant issu de A Perfect Circle (merci qui ? merci Wiki !) Please, Jesse Hughes, I Only Want You ! Lui heureusement est bien là et porte son nouveau line-up, nettement moins gay qu'auparavant, à bout de bras, toujours parfaitement synchrone avec la foule et sachant parfaitement la titiller ("You really are a great badass public !") ... Il ne lui faut que quelques instants pour nous faire comprendre que non seulement, il n'est pas venu pour vendre des cravates, mais qu'en plus il compte bien essayer d'écraser la concurrence et marquer cette journée de son empreinte de proud & happy redneck !


Sans nouvel album à défendre, le groupe égrène joyeusement un best-of inspiré de ses oeuvres. Car comme je l'explique alors à un ami, en prenant 3 ou 4 chansons sur chacun de leurs disques très inégaux, on peut en composer un presque parfait, comme ils le font ici : Bad Dream Mama, Cherry Cola, Wannabe in L.A. (à 2 basses !), Don't Speak, I Want You So hard (Boy's Bad News), Stuck in the Metal with You, etc... Avec Jesse qui nous relance sans cesse et ce rock tout à fait jouissif et grand public à la fois, rien d'étonnant au résultat obtenu : le plus gros bordel pogo du week-end, la plus grosse densité de crowdsurfing (masculin et féminin), la plus grosse poussière soulevée... et donc la plus grosse ambiance de nos deux jours, c'est ici et maintenant ! On est tout devant et en plein dedans ! C'est aussi ici que quelques fières mamelles vont être montrées au vent et plus généralement, que quelques sous-vêtements vont être enlevés y compris sans penser à mal, comme ce haut de maillot détaché sans le faire exprès par votre serviteur, qui ne faisait pourtant que soutenir dans le dos une gentille fille désirant voler jusqu'à la scène pour aller voir de plus près la moustache du chanteur... Rock'n'roll à donf, pogos furibards et sous-vêtements féminins qui volent : on l'aura compris, une heure de bonheur sans nuages !


Tant pis donc pour les Grand(s) Blanc(s), pourtant bien repérés sur disque, qui ne pouvaient vraiment pas lutter. Prochaine fois... En attendant, c'est bon de savoir qu'on va entendre de la voix soul puissante, alors qu'on a pas pu être là pour revoir les magnifiques St Paul & The Broken Bones (d'Alabama aussi, notez bien). Méchamment montés en puissance depuis un premier passage un peu en demi-teinte en 2012, revoici les Alabama Shakes, bien décidés à en découdre cette fois ! Et quand la gironde Brittany Howard - quelle femme ! et quel relooking radical, nom de Zeus ! - lache ses chevaux vocaux, Aretha Franklin n'est vraiment pas loin ! Sauf qu'ici, on parle également de riff saignant, souvent joué par cette même dame, batterie fracassée et section rythmique d'enfer, ce qui aboutit logiquement à une belle incongruité : un concert de soul où l'on peut pratiquement faire du headbang tant il est pétaradant !


Que ce soit sur les anciens morceaux sudistes & soul à la fois (Hang Loose, Hold On) où ils jouent souvent en version "groupe de rock" restreinte, ou de plus récents où un piano et un petit choeur de 3 choristes vient les épauler façon mini big band, tout est puissant, groovy et parfait, et les couplets interprétés en mode oiseau des îles / Otis Redding, sont enchaînés par des refrains explosifs magnifiquement braillés façon taureau en rut / Janis Joplin ! Et curieusement dans un tel déchaînement de puissance, l'émotion s'infiltre aussi dans ces chansons qui, le style l'oblige, parlent le plus souvent de femmes cocues et de coeurs brisés. Pourtant dieu sait qu'on aimerait pas être le type que cette très grande chanteuse (qu'on soupçonne d'avoir son petit caractère) va devoir attendre, en mode furax, tard le soir derrière la porte avec un rouleau à patisserie... Le public est aux anges et on tape des mains sans même qu'on ait à nous le demander, jusqu'à faire un triomphe final à ce qui est sans doute, sans exagération aucune, l'avenir de la soul music nord-américaine. Ah ! Et le tout se déroule évidemment sur la Plage, certainement la scène la plus relax du site - décidément jusqu'ici, on passe un après-midi vraiment formidable !


En voilà un combo de joyeux lurons, qui ne rigole que quand il se brûle, comme on dit dans le Sud ! Quand on rejoint Electric Wizard, ils ont ouvert les forges de l'Enfer, défouraillant brutalement un metal presque doom, qui n'a finalement que peu à voir avec leurs supposés modèles de Black Sabbath. Par contre, ils maîtrisent le maniement des codes sataniques et sado-maso de leurs modèles, projetant pratiquement tout le concert des vidéos de film dans ces thématiques, datant manifestement des années 70. Vampires, crucifixions, tortures subtiles de femmes nues (cire, fouet) et autres scènes de sexe déviantes, la vidéo n'est pas spécialement tout-public, on s'inquiète presque pour la section 'ado' de notre groupe, qui est heureusement tout-terrain ! Fascinante et hypnotique pendant environ un quart d'heure, leur musique tourne sérieusement en rond ensuite, sonnant rythmiquement toujours pareil : l'archétype du groupe où l'on s'écoute jouer de longs soli sinistres... Jusqu'à un tout dernier morceau (thématique, les bikers) un peu plus enlevé mais lui aussi répétitif, par le son aussi bien que par l'image. A la limite, l'orage qui tourne autour du site aurait pu leur donner une autre dimension, dans un genre "welcome to hell"... Dommage pour eux (et elle, car il y a une fille), il ne se met toujours pas à pleuvoir et les éclairs restent à l'écart. Finalement, ce concert sans doute surestimé, s'avère la seule déception du week-end.


Qu'à cela ne tienne, il reste un bon client à voir, très très grand public (mais jamais passé ici) : Mister Sting ! Problème, je ne crois pas avoir un jour accroché même un peu à Police (ceux qui écoutaient Police dans mon collège étaient des gros cons, d'où l'impasse), ni à sa production en solo, autrement que par le 45 tours de Russians, premier 45 t de ma vie et que j'ai tant écouté vers mes 10 ans que je peux encore la chanter en entier (mais elle n'est pas dans la set-list, hélas). Personne dans notre bande n'est particulièrement excité par ce rendez-vous, d'ailleurs, on pense même partir avant la fin. Et pourtant tout va plutôt bien se passer malgré des arrangements aussi pop-rock et pop-reggae qu'on pouvait le craindre. Son groupe n'est pas terrible du tout, particulièrement son pianiste qui est à la limite du baltringue. Il y a quand même une choriste tout à fait recommandable, qui double fréquemment sa voix, et particulièrement agréable à regarder. Et puis la star du soir, avec une grosse barbe, est restée un sacré beau mec, bien mieux gaulé que nous qui avons 25 ans de moins que lui, avec un sourire charismatique qui le rend aimable même avoir à en faire des caisses, et une voix qui n'a certes jamais été géniale, mais qui n'est pas du tout affectée par les années...


Ca, et le nombre impressionnant de tubes qu'il est évidemment en mesure d'aligner (et qui permettront entre spectateurs une amusante partie de Question pour un Champion) : If i Ever loose..., Englishman in N.Y., Lonely (diablement efficace) etc. L'attention retombe nettement sur ses titres moins connus, les plus jazzy, tandis que le public le suit volontiers pour Walking on the Moon et Message in a Bottle, assez irrésistible, et un De doo doo doo, De da da da aussi parfaitement débile que prévu. A un moment, lassé de nous voir jouer toutes les 10 minutes au "jeu du K-way" (hésiter, le sortir, s'équiper, puis le ranger 5 minutes après), Sting prend une bonne fois les choses en main en nous faisant rugir : "Heavy Cloud ? No Rain !". L'orage, tout penaud, replie ses gaules pour aller tremper quelqu'un d'autre. Et le beau gosse d'entonner une version vraiment étrange de l'inévitable (et redoutée) Roxanne, heureusement avec une digression vers Bill Withers en plein milieu... Pour rappel, bien évidemment, une conclusion sur la fort jolie Every Breath You Take et un bon vieux rock'n'roll pour conclure en fanfare. A-t'on pété les plombs ou vibré du poil pendant son concert ? Non. S'y est-on ennuyé ? On s'aperçoit que non plus. Finalement il n'était donc pas un si mauvais choix pour conclure cette encore bien belle journée...


En bilan sur ces deux jours, une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne : on constate que les Eurocks savent encore et toujours rester à flot et tenir le cap dans un monde qui change, renonçant à certaines grosses pointures, flirtant allègrement avec le mainstream pour être sûrs de rester sold out, mais en faisant en contrepartie des propositions réellement intéressantes, avec une exigence de qualité intacte, pour les gens curieux de nouvelles sensations. La mauvaise : cette 22ième édition d'affilée, copieuse et distrayante, et dans des conditions vraiment idéales, ne nous a finalement pas découragé de revenir, encore et encore, en tirer des pages et des pages de chroniques de notre vie en rock à Evette-Salbert... Alors à l'année prochaine !

Longue vie aux Eurockéennes !!

Photos par Andy Trax !
Quelques vidéos souvenir, par ici !


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Flashback : Chroniques de 21 années passées aux Eurockéennes !
2014, 2013, 2012, 2011, 2010, 2009, 2008, 2007, 2006, 2005, 2004, 2003.... et les plus anciennes encore, en trois parties depuis 1994.
21 putain d'années, je vous dis.

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