Chronique de Concert
Messer Chups + Elektrolux
Le label d'obédience Indus / Post Punk Désordre Nouveau qui organise des concerts sur Marseille depuis près d'un an, a investi le Poste à Galène, cette fois-ci pour une soirée sous le signe de la surf music et du garage rock en invitant les russes de Messer Chups et les phocéens d'Elektrolux. Avec une telle affiche, je me dis qu'on devrait passer un bon moment en matière de sensations électriques et je ne suis certainement pas le seul puisque la salle commence sérieusement à se remplir.
Cela faisait pas mal de temps que je n'avais pas vu Elektrolux sur scène et je dois dire qu'une fois de plus leur performance de ce soir a été une bonne claque. Le trio mise d'emblée sur l'intensité avec le punky et rageur Nova Express, une excellent entrée en matière. Depuis leur dernier album, Robert Mitchum, Elektrolux lorgne davantage vers les racines de la musique américaine, ici savamment intégrée à leur " garage punk n' roll " racé : le timbre de voix de Cedric est plus bluesy que jamais (dans le genre Howlin'Wolf meets Jon Spencer) et ses parties de guitares lorgnent plus vers la surf music voire la country.
Elektrolux ne se départit pas pour autant d'une énergie et d'une urgence toute rock'n'rollienne qui est une de ses marques de fabrique. Le groupe fait en plus preuve d'un sens de la composition et d'une originalité qui font souvent défaut à bien des groupes du genre.
Certaines parties de batterie se font plus jazzy et aère davantage les chansons. La section rythmique assurée par Manu et Eric est à la fois souple et puissante. Les trois musiciens ont une parfaite maîtrise de leur son, très identifiable, et assure au groupe une forte personnalité. Elektrolux a livré un très bon set, la soirée a donc bien commencé.
Les russes de Messer Chups sont depuis une dizaine d'années les dignes représentants d'un genre musical très codifié mais assez irrésistible: la surf music de Dick Dale ou Link Wray, dans laquelle ils injectent un soupçon d'Exotica et de Cramps. Comme ces derniers, les Messer Chups sont des fanatiques d'un des aspects les plus fascinants de la trash culture américaine : les films d'horreurs de série B , voire Z, des 50's /60's dont ils projettent des extraits sur un écran au fond de la scène.
Tout au long du concert, le spectateur se délecte d'images où l'on peut voir s'agiter créatures du marais, araignées géantes, aliens malfaisants, têtes réduites parlantes, strip-teaseuses zombies et autres sympathiques joyeusetés. On se laisse bien sûr complètement scotcher par ce visuel qui colle parfaitement à l'esthétique et à la musique de Messer Chups. Le groupe, à l'origine un duo, a désormais un batteur, qui, impassible derrière ces lunettes noires, offre une solide assise à ses deux complices.
Il pousse parfois quelques rires sardoniques, sans doute une manière d'approuver les agissements à l'écran d'un vampire en train d'asticoter une prude jeune fille. La ravissante bassiste Zombierella (ce nom!), lookée comme une Bettie Page chic, est plutôt statique (quelques mauvaises langues ont pu lui trouver un côté " potiche ") mais ses parties de basse sont très efficaces de concision et de précision. Elle prend le micro sur deux titres et même si sa voix n'est pas très assurée, son chant tout en yodel est plutôt plaisant. Le son du groupe est clair et ça swingue à mort. Le jeu du guitariste Oleg Gitaracula (ce nom, encore !) est fluide et très riche.
Avec un grand sens mélodique, il exécute tous les plans du genre que ce soit sur les parties rythmiques ou les solis. Bien sûr, il y a très peu de surprise musicalement parlant mais l'effet produit est que tout le monde dodeline de la tête et l'on ne s'ennuie pas une seconde. Leur musique ne sonne jamais totalement passéiste tant ils la jouent avec une foi incontestable, fraicheur et fun. Leur répertoire mélange compositions et reprises : en bons cinéphiles et maniaques de B.O, les Messer Chups envoient les thèmes de Peter Gunn et de James Bond.
Le public est en transe et en redemande. Le trio reviendra pour deux rappels avec notamment le tube proto electro Pop corn qui est devenu un classique de la surf music et le thème de Twilght Zone. Bref, tout le monde quitte le Poste à Galène le sourire aux lèvres et on ne manquera pas de saluer l'équipe de Désordre Nouveau à l'initiative de cette très bonne soirée.
Plus de photos par Pirlouiiiit par ici
Bonus video :
et une petite de Elektrolux ici
Critique écrite le 16 octobre 2014 par Phil2guy
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