Chronique de Concert
Metallica
C'est toujours pareil avec Metallica ! A chaque annonce de tournée, on se dit qu'il faudrait grandir un peu, que c'est trop loin, trop cher, trop revu (Marseille 1998, Arras 2008, Nîmes 2009, Zurich 2010, Paris 2019 !). Que cette fois ce sera donc sans nous, sacré bordel de Lemmy ! Et puis chaque fois on se trouve un prétexte - cette fois, de boucher un trou (certes béant) dans le CV de metalleuse de notre Amoureuse - on craque et donc finalement on y retourne, voir les Quatre Darons de l'Apocalyse...
Il faut avouer aussi que leur live ayant conclu l'édition 2022 du Hellfest (qu'on a pas vu, mais bien écouté), maîtrisé et hargneux à souhait, nous avait sacrément remis les patates au fond du sac à leur sujet. Et que leur nouvel album, 72 Seasons, comme les 2 précédents d'ailleurs (voir nos chroniques sur galette si besoin), comporte certes une moitié sans intérêt, mais aussi 2-3 chansons énormes, et 2-3 autres plutôt cool, qu'on aimerait toutes bien voir en live... Dernier point assez irrésistible, la promesse d'un show inédit, puisqu'avec une set-list répartie sur deux soirs, dont nous ne verrons que la deuxième moitié - parce qu'on a pas que ça à foutre et à financer non plus, hein !
Si nos bien-aimés Beauf et Beaufette sont allés à la première date, ils ont une interdiction formelle de nous parler depuis, par aucun média possible - on tient absolument à découvrir la setlist en direct et à l'évidence, si on tombait celle du 17 mai, on pourrait pratiquement deviner celle du 19 ! Or ce vendredi soir, avec un peu de chance (et assez peu de menaces proférées au final), on est parvenus dans la fosse du Stade de France, sans rien savoir du tout, ouf ! Au fil du concert en effet, on devinera sans peine en creux, les chansons qu'on aura pas, par proximité de son ou d'album. Exemple : si on entend Battery, c'est que les premiers ont forcément eu Master of Puppets... si on entend The Unforgiven, ils ont eu Nothing Else Matters, Harvester / Sad but true, etc, etc... Le jeu est plutôt amusant pour les connaisseurs, cela dit !
Premières parties ? Quelles premières parties ? Arrivés à 19h30, on en a entendu et vaguement vu qu'une, et qui n'a pas retenu notre attention, Architects. Pas grand chose à en dire, a priori c'était du metalcore bien racoleur, les mecs mouillaient le maillot, on a même cru discerner une voix et des riffs pas trop mal... Sauf que comme toujours en pareil cas, le groupe n'avait que la moitié de la puissance et de la précision du son de la tête d'affiche. Et qu'on a constaté d'entrée ce qui allait (un peu) nous gêner tout le concert : une plateforme centrale trop basse ! 50 centimètres plus haut (quitte à surélever aussi la "rich zone" centrale), auraient tout changé en terme de vue - fréquemment, on allait vraiment avoir du mal à voir tous les musiciens...
On en a donc profité pour faire un tour du terrain de foot de France 1998 (pelouse qu'on foulait pour la première fois !) et de cette drôle de scène en forme de cercle, percée au milieu d'un "snakepit", pour que les gens ayant un banquier sympa puissent obtenir un prêt et payer 330 euros une place, il est vrai très privilégiée, à portée de glaviot des 4 membres du groupe ! Chacun son truc mais nous, le prix à 3 chiffres en fosse nous a déjà bien fait râler et hésiter, merci ! Et plus encore, ces prix ont à l'évidence rebuté les 20 000 personnes qui ont manqué, chacun des 2 soirs, pour remplir le stade... Espérons que le groupe a compris qu'il avait, a priori, perdu de l'argent en fixant ses prix trop haut pour cette tournée. Bref.
De façon inattendue, un titre d'AC/DC précède The Ecstasy of Gold - toujours un petit frisson à la réentendre à l'entrée de Metallica ! Montée sur le ring des quatre sbires dans une grande clameur... On sait que trois d'entre eux ont un physique immuable, on checke donc directement celui du plus "fragile" : il se trouve que James Hetfield est putain d'affuté et manifestement en pleine forme en 2023 (bien plus qu'en 2019 au même endroit !). Nous voilà rassurés... L'entame déroule du familier (...plutôt jouissif et avec un public très gâté, donc), avec un son "aussi bon que possible dans un stade ouvert" c'est-a-dire assez puissant et propre pour qu'on puisse en jouir, à condition de ne pas trop y chercher la petite bête. Creeping Death, Harvester of Sorrow, Cyanide : en outre, on enchaîne de l'inévitable, avec de l'inattendu (...l'avantage de la setlist étalée sur 2 soirs !).
Ceci jusqu'à entendre le pétaradant début de 72 Seasons : un son un peu confus, mais une telle joie dans le public que ça commence à s'agiter d'un coup et qu'il se met littéralement à pleuvoir de la bière dans notre huitième de fosse (ce qui ne s'arrêtera plus vraiment jusqu'à la fin du concert), entre les foufous qui jettent leur gobelet à moitié plein, et ceux qui se font simplement bousculer en tentant de rejoindre leurs potes avec 4 pintes dans les mains, au plus mauvais moment. A propos de bière, on doit rapidement se rendre à l'évidence, on ne tiendra pas 2 heures avec une vessie pleine à 117 %, et on s'en va donc faire notre meilleure miction de l'année, au son métronomique de If Darkness had a Son... C'était ça ou un pipi-gobelet, et il ne faisait pas encore assez nuit pour cette option certes séduisante, mais toujours un peu risquée...
On ne regrettera pas ce petit sacrifice d'un demi-titre, surtout pour bien profiter de la formidable Sanitarium, pas réentendue en live depuis le siècle dernier... You must burn, en deça, a un seul effet sur nous : après 3 des titres du nouvel album et selon le principe déjà évoqué ci-dessus, on comprend avec tristesse qu'on aura logiquement pas la phénoménale Lux Aeterna ce soir, hélas, peut-être leur meilleur titre depuis 30 ans, leur Ace of Spades, en quelque sorte... Mais ce sera vraiment la seule frustration en ce qui nous concerne. En consolation, on sera tout décontenancé (et charmé) par l'instrumentale The Call of Ktulu, dont on avait oublié l'existence !
Voici alors une séquence dantesque qui commence avec 2 monuments historiques, The Unforgiven & Wherever I may Roam, toujours un baume à réentendre, et de l'énorme Moth into Flame (sans doute le meilleur titre de leur album précédent, pas visité du tout ce soir !) et de la rhaââââ-issime Battery : c'est probablement la demi-heure de climax du concert et le moment le plus chaud, souligné par quelques flammes bien envoyées ! N'y tenant plus, on se surprend à pogoter un peu avec nos voisins (quitte à être couvert de bière...) - entre pogoteurs avec des places à 3 chiffres, on ne risque pas grand chose ...
Après une cover pop un peu en deça et qu'on ne fera pas semblant d'avoir reconnue (j'avais préféré Johnny en 2019 !), il reste heureusement la formidable One (on aurait été bien triste de pas l'avoir, celle-là...) : si l'intro éclate bien moins les oreilles qu'il y a une décennie ou deux (et heureusement), c'est toujours une fulgurante cavalcade, posée sur de très belles images. Et là à la fin, bim, une intuition, ma compagne peut en témoigner, je m'exclame (je rappelle que je ne connais pas la setlist du premier soir) : "ils vont jouer Enter Sandman, là, maintenant, j'en suis absolument certain !" et oui, ouiiiiii !
A l'instar de Fred Sigrist, j'aimerais vivre dans cette chanson, tellement elle me parle toujours à des niveaux différents, et ce soir c'est une merveille absolue et une communion totale. Qui vient conclure idéalement un set terminé par de longs saluts de tous les côtés du stade, où des seaux entiers de mediators sont jetés, après une généreuse setlist de 2 h 15. La place est pas donnée certes, mais on en a pour son argent... Le lendemain, sur la presse disponible sur le web (pro et fanzine inclus), il se trouvera quand même des idiots pour se plaindre soit de quelques pains, soit de l'absence de rappel...
Eh oh, guys ! 2 h 15 de concert ! Metallica a quand même bossé 4 h 30 de musique rien que pour Paris, et après vérification il y a eu encore d'autres titres joués sur les 2 soirs d'Amsterdam ! Ils ont 60 ans ou presque, et ils viennent de marcher plusieurs kilomètres sur leur scène immense pour venir faire risette à tout le monde ! Et puis pour un grand groupe, un rappel est pratiquement toujours une simple construction du show pour amuser les gogos, mais répété à l'identique tous les soirs... Quoi, on vous l'avait jamais dit ? Check the internet, guys !
Bref, merde alors, nom de Lemmy, Metallica c'est toujours aussi bien, avec une immense force collective qui emporte toutes les réserves possibles, et quelques petites faiblesses individuelles qui ne changeront sans doute plus à leur âge... On se souvient d'avoir écrit sur un concert passé que pour eux, pour nous, ce serait toujours Anytime, anywhere, any price... Et apparemment c'est bien ça, notre destin, on va pas se mentir. Surtout qu'on a créé une nouvelle adepte, totalement scotchée au plafond ce soir ! Alors promis, la prochaine fois, on ne fera même plus semblant de ne pas vouloir venir.
Hé, les Mets ! C'est pas une raison pour que ce soit aussi cher, bien sûr... See you next time, Horsemen !
Setlist 19 mai 2023 :
It's a Long Way to the Top (AC/DC) /
The Ecstasy of Gold (Morricone) /
Creeping Death /
Harvester of Sorrow /
Cyanide /
King Nothing /
72 Seasons /
If Darkness Had a Son /
Welcome Home (Sanitarium) /
You Must Burn ! /
The Call of Ktulu /
The Unforgiven /
Wherever I May Roam /
Moth Into Flame /
Battery /
Whiskey in the Jar /
One /
Enter Sandman
Critique écrite le 20 mai 2023 par Philippe
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