Chronique de Concert
Metallica
10 jours sont passés depuis la dernière prestation des rois du metal en France et je me décide enfin à partager mes réactions. Metallica et moi, c'est une longue histoire débutée il y a plus de 15 ans maintenant, lorsque je m'abreuvais de leur Black Album. Depuis, les albums se sont succédés, avec plus ou moins de succès (artistique et critique) et l'adoration que je leur vouais s'est quelque peu estompée.
Il faut dire aussi que j'avais eu l'occasion de les voir clôturer le festival de Werchter en Belgique en 2007 puis 2009 et bien que j'aie beaucoup apprécié ces deux prestations, il manquait un petit quelque chose pour que la fête soit totale. C'est donc sous l'impulsion de mon cher petit frère, graine de métalleux du haut de ses 12 ans, que je me suis décidé à me rendre dans la belle ville de Lyon pour cette unique date en France de l'année 2010 du groupe de San Francisco.
L'après midi, lors de notre balade en ville, on imaginait aisément qui se rendrait au concert, les vêtements étant un signe extérieur relativement fiable. Nous sommes donc arrivés à la Halle Tony Garnier vers 19H, nous laissant guider par les T-Shirts noirs croisés tout le long du chemin. Nous jetons un il au merchandising : comme d'habitude (dis je ayant payé mon T-Shirt 30€ il y a 3 ans...), les prix sont exorbitants. Cet aspect machine à pognon fait d'ailleurs partie des raisons qui m'ont fait prendre mes distances avec le groupe depuis quelques années. Nous renonçons donc à ramener un souvenir matériel de la soirée.
Celle-ci promet d'ailleurs d'être longue et bruyante puisqu'à notre arrivée, High On Fire est déjà sur scène. Pour une entrée en matière dans un concert metal, le frérot est servi. C'est très bourrin et la voix notamment est particulièrement pénible car hurlée. Musicalement, c'est très carré, mais le chant n'est vraiment pas ma tasse de thé. Les boules quies ne seront pas de trop pour limiter la casse. Du haut de ma modeste culture metal, ça me fait penser à Machine Head que j'aime beaucoup, mais en bien moins bien. Je rage de les avoir ratés sur les dates où ils officiaient en 1ère partie des Four Horsemen.
Nous avons finalement trouvé des places assises (pas fou le frère et un peu responsable aussi) au premier rang sur le côté gauche en regardant la scène. Volbeat qui assure la seconde 1ère partie joue, comme son prédécesseur, face à notre tribune, mais à l'autre bout. Nous les voyons donc de côté, tout comme les nombreuses personnes placées sur l'immense tribune face à la scène. Leur musique correspond bien mieux à ce que j'aime dans le metal, plus mélodique, chantée et proche de le tête d'affiche de la soirée. Je tape beaucoup des pieds et commence même à bouger la tête tant c'est entraînant et plaisant. Parfois ça fait presque penser à du punk et la musique de Folsom Prison Blues de Johnny Cash est même reprise en version énervée dans un titre intitulé Sad Man's Tongue, très moderne. Ces petits danois ont donc décidément du goût et sont sympathiques, pour ne rien gâcher. Ils iront même de leur hommage à Ronnie James Dio, immense icône du metal, décédé quelques jours auparavant.
Une fois la salle rallumée pour les (longs) dernier réglages, on comprend que ce qu'on a eu pour le moment n'était qu'une mise en bouche. Le son de la grosse claire frappée durant les balances arrache des hurlements de plaisir à la foule de plus en plus compacte massée au bas de la scène. Tout cela s'annonce très très fort et comme prévu, la scène nous fera bien entendu face.
Le morceau d'introduction tirée du film Le bon, la brute et le truand retentit à 21h15 tapantes dans une salle encore plongée dans le noir. Pas d'écran avec visualisation du film pour cette fois donc. Par contre, dès que les 4 membres du groupe envahissent la scène pour That Was Just Your Life, je suis sidéré par le light show de folie présent sur la scène : ça envoie du très lourd. Les cercueils placés au dessus de la scène contiennent en fait des lumières qui bougeront tout au long du concert. Utiliser le thème du dernier album pour éclairer les musiciens est une excellente idée.
Nos quatre amis sont visiblement en grande forme, tant ils bougent sans arrêt. Visuellement c'est super impressionnant de les voir déambuler comme ça aux quatre coins de l'immense scène (plusieurs dizaines de mètres de long), en continuant à jouer et à chanter.
Contrairement à sa réputation, Kirk Hammett est très en verve. Je ne distingue pas de moment où il merde réellement, alors que je l'avais remarqué à Wercher lors de certains soli. Certes, il modifie et simplifie certains passages, mais rien qui ne mérite de lui couper la tête. A l'inverse, je trouve Lars Ulrich à la ramasse trop souvent. On dit souvent qu'un bon batteur est un batteur qu'on n'entend pas et j'avoue que ce soir, je trouve que je l'ai trop entendu. Rassurez vous, rien d'insupportable, mais il est vrai qu'il a tendance à démarrer trop vite les morceaux ou à trop accélérer lors des changements de rythme, ce qui rend parfois les rythmes irréguliers et clairement à coté de la plaque. Mais grâce à son métier, il arrive toujours à retomber rapidement sur ses pattes. Robert Trujillo est toujours aussi impressionnant à la basse et dégage une puissance (accentuée par ses postures très simiesques) phénoménale. Sur certains passages, mes oreilles vrombissent de plaisir.
Enfin, comment ne pas vouloir ériger un monument à la gloire de Monsieur James Hetfield ? Ce mec est un dieu vivant du metal. C'est simple : tout chez lui inspire le respect. Outre le look et la voix de camionneur, il est d'une décontraction hallucinante et toujours prêt à haranguer la foule. Ce show man est vraiment énorme de par l'énergie dont il fait preuve en permanence. Il faut le voir se déplacer d'un micro à l'autre, le plus naturellement du monde entre chaque passage chanté, tout en continuant à asséner ses riffs de tueur pour le croire. Je le redis mais ce qu'il fait est quasiment surhumain : jouer ses parties de guitare hyper chiadées et rapides tout en chantant et crapahutant aux quatre coins de la scène, en s'adressant constamment à son public relève du tour de force permanent. Je lui adresse donc un énième Oh Yeah ! des familles.
Pour ce qui est des morceaux joués, j'ai trouvé l'ensemble assez original et intéressant. Bien entendu, les classiques du Black Album sont de la partie, Sad But True et Enter Sandman clôturant le set avec les effets pyrotechniques de rigueur, en tête. Mon plaisir a d'ailleurs d'aller me soulager durant le titre guimauve qui me sort par les yeux qu'est Nothing Else Matters, repérant ce qui allait suivre aux notes d'intros improvisées par Hammett. Dans le même temps, des titres beaucoup plus rares et qu'il ne m'avait pas encore été donné d'entendre en live m'ont ravi. Entendre Battery, qui plus est, quand il est précédé de One et de Master Of Puppets est tout de même quelque chose de bien appréciable. Through The Never, les peu communs The Unforgiven III et My Apocalypse tirés du récent Death Magneticque j'apprécie particulièrement, ainsi que No Remorse ont ainsi tiré leur épingle du jeu par rapport aux morceaux habituels. Je suis par contre peu convaincu par la reprise choisie ce soir, mais à leur décharge, ça doit être celle que j'aime le moins dans leur répertoire. Quand on s'agite dans tous les sens pour le concentré de puissance qu'est For Whom The Bell Tolls ou qu'on perd quasiment sa voix sur l'immuable Seek And Destroy, on ne peut pas trop leur en vouloir.
La communion entre les différents membres du groupe se réunissant régulièrement pour les passages musicaux fait toujours autant plaisir à voir. Le public n'est pas en reste et communique constamment son approbation à son groupe fétiche. Le spectacle est donc total ce soir dans toute la salle. Le son très fort (merci les protections auditives), le jeu de scène et les effets visuels (avec light show réglé au centimètre, crachats de flammes qui font immédiatement monter la température de plusieurs degrés et immenses ballons tombant du plafond à la fin du concert) et l'excellente setlist ont définitivement fait de ce concert un excellent moment. La preuve m'a une nouvelle fois été apportée que Metallica est un gigantesque groupe, transcendé par la scène et d'un professionnalisme sans faille. Les voir dans un cadre plus restreint, dans une enceinte fermée et sans la fatigue de plusieurs jours de festival m'a fait me rappeler pourquoi j'adorais autant cette formation et ressortir leurs albums ces derniers jours. Certes les Horsemen ne joue plus les 3 heures d'antan, âge oblige, mais me faisant également vieux, les 2 heures offertes m'ont bien suffi. Mon jeune frère n'en demandait pas tant et avoue qu'il a été plus que gâté pour son anniversaire...
Setlist :
That Was Just Your Life
The End Of The Line
For Whom The Bell Tolls
Through The Never
Fade To Black
Sad But True
My Apocalypse
Wherever I May Roam
The Unforgiven III
No Remorse
One
Master Of Puppets
Battery
Nothing Else Matters
Enter Sandman
Rappel :
Helpless (reprise de Diamond Head)
Whiplash
Seek and Destroy
Critique écrite le 03 juin 2010 par Cabask
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