Chronique de Concert
Michèle Bernard, Monique Brun, Jehan, Lionel Suarez
A 16h10-16h15, le premier concert débute par Michèle Bernard à l'accordéon et au chant ainsi que Monique Brun qui oscille entre le chant et le théâtre. Michèle Bernard a la voix gaie et papillonnante tandis que Monique Brun a une voix plus grave, amplifiée par sa gestuelle théâtrale. Quelle joie de voir pour la première fois ses deux musiciennes qui ont conçu un spectacle de chansons, de poésies sous le titre un petit rêve très court. J'ai appris qu'elles venaient de la bouche d'une amie fan des Chant Appart.
Leur chanson Nomade est une belle introduction dans les rêveries de l'enfant, et pour nous, le nomadisme peut exprimer nos propres envies à vouloir s'échapper, il me semble, d'un environnement peu propice à la méditation. Celle de L'antilope me donne la chair de poule, le poète Jules Supervielle, l'auteur de ce poème évoque la fragilité de la nature transcendée par la voix de Monique Brun et par l'accordéon de Michèle Bernard. L'antilope avance vers le tigre, le rassure et lui rend l'équilibre, puis, fuyant de faciles victoires, choisit l'air pour y porter ses pas.. Une de leurs chansons, Portez-là la petite, évoque une enfant qui ne veut plus grandir pour voir des animaux privés de liberté.
Les deux musiciennes tricotent les mots au bar du grand désir entre vers et verve. Ça bouillonne, ça fuse dansun petit rêve très court. Je me permets quelques escapades imaginaires en quête d'ici et d'ailleurs. Où qu'on aille et la voix chuchotante, douce et voluptueuse de Monique Brun m'hypnotise. J'en oublie parfois de remplir mon carnet de mots émus. Est-ce ce lâcher de notes d'accordéon et de trémolos dans la voix qui me trouble à ce point là ?
Monique Brun évoque la brouette verte de Pierre Autin-Grenier extrait de son livre Le Radis Bleu. Ainsi, parfois, est-il nécessaire d'empoigner résolument la brouette verte, la charger à ras bord d'énormes blocs de pierre, puis pousser, comme ça, sans but des heures durant autour de la maison, jusqu'à se persuader enfin que, lourdement, le monde quand même existe.. Lien des chansons de Michèle Bernard sur Spotify ici .
Leur prochain concert est le vendredi 13 mars à la Salle de concert de La Faïencerie à La Tronche (38700) et le lien de leurs autres concerts : par ici.
Le deuxième concert débute à 18h30 par Jehan au chant et Lionel Suarez à l'accordéon. Ce sont des poèmes bruts, poignants, réalistes que Bernard Dimey (né en 1931 à Nogent a commencé à écrire sur la Butte Montmartre à l'époque où il fréquentait les bistrots, racontait ses rencontres de poivrots, des putes, des truands et des artistes. De ce magma, il commença à écrire ses poèmes et à les déclamer. Il proposa alors ses chansons à des clients prestigieux tels que Yves Montand, Charles Aznavour, Serge Reggiani, Henri Salvador, Juliette Gréco, Les Frères Jacques, Mouloudji.
En découvrant Bernard Dimey, JeHaN chemina alors sur les pas d'Alain Leprest, ce personnage haut en couleur, dont il découvrit les liens si fort qu'il entretenait avec la mémoire d'un Paris révolu. Par cette chanson J'ai peur, JeHaN revisite l'univers d'Alain Leprest avec ce lien Youtube par ici .
Le jeu vif de Lionel m'enthousiasme tant par sa rythmique que par son engagement. Toutes les notes sont des mots de récits où la musique me fait autant voyager qu'un navire de tourisme.
Chacun possède son paradis, de pas et de mots.
JeHaN, de sa voix aux sonorités graves confronte l'enfance, me semble-t-il, à l'hypocrisie des religions et des faux-semblants qui en découlent. Je la déguste dans la chanson : L'enfant maquillé et le lien Youtube : par ici avec ses paroles si criantes d'une certaine vérité Je n'ai pas de parents, je n'ai pas de patrie / Je parle avec les mains pour quelques initiés / Et je sais travestir ma sagesse en folie / Pour faire peur aux notaires, aux prêtres, aux épiciers ... / ... Je vous laisse en partant mon rire et ma défroque. Parfois, l'accordéon de Lionel Suarez me gêne lorsque la voix de JeHaN baisse en intensité. La soirée finit en une douce euphorie, d'applaudissements et de rires en cascades. A la fin du spectacle, les chaises sont rangées et les tables dressées. Les visages se dérident. Une artiste plasticienne m'informe de son prochain Chant Appart dans le marais. Comme quoi, la musique reste une passerelle qui relie les hommes, les berce, les chahute aussi.
Toutes les photos de ce concert sont dans ce lien Flickr, par ici.
Critique écrite le 10 mars 2020 par Francisco70
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