Chronique de Concert
Mickey 3D + Cécile Hercule (Festival avec le Temps)
Cécile Hercule ? Inconnue au bataillon... enfin en ce qui me concerne. L'écoute rapide sur le net des ses titres (et oui, je prépare un minimum mes déplacements, qu'est-ce que vous croyiez ?...) ne m'ont pas retourné, mais cependant quelques traits d'écriture me laissaient quand même curieux (" bientôt trentenaire, tous mes médocs sont périmés ", " Avec mon pote Roger on va braquer une banque / Si tu me dis qu'il y a plus de blé, un coup de boule de pétanque " - sur le morceau Roger). Et puis une expérience dans les spectacles de rue, de la comédie, du théâtre, de la série TV..., en comparaison à son style musical et à sa voix, m'intrigue... rien de mieux pour éveiller ma curiosité, outre bien entendu la venue de Mickey 3D.
Ses tentatives de contacts avec le public (" Bonjour, je viens de Lyon (allusion au football) ... vous êtes prêts à vous prendre une pâtée ? ", " je parle pas souvent entre les morceaux, et quand je parle, j'essaie de dire des choses intelligentes ", l'annonce du morceau " Je préfère les Filles ", forcément ponctuée par " Nous aussi " ...) sont polluées par certaines réactions dans la salle, pas hostiles, mais le tout tombe malheureusement à plat. Choc culturel ?
Ca parle d'amour, de jeunesse, de rébellion de filles, ... Quoiqu'il en soit, le public semble apprécier. Et il sont nombreux à connaître à l'avance a priori. Je jure avoir vu des couples s'embrasser sur ces morceaux en se dandinant au rythme des mélodies. Je jure avoir vu un grand énergumène avec des p... de dreadlocks se balancer sur la musique (?). Je jure avoir vu un couple avec un monsieur en blouson kaki molletonné fourrure style adjudant-chef dans l'Armée de l'Air, être présents dans la salle... !
La voix sur scène de Cécile Hercule est parfaitement identique à celle que l'on peut entendre sur titres, pas de surprise de ce côté ; une voix que l'on pourrait qualifier de légère, de femme enfant, jeune ingénue, parfois de Lolita latino (chantant du yaourt aux sonorités diverses sur Je Ne comprends Pas) comédienne et d'adaptation... on le verra plus bas, et qui me fait dire qu'il faudra surveiller son évolution...
Personnellement pas enthousiasmé par cette prestation-là.
Fred Monaco (batterie), Yaki Morad (guitare), Manu Ventre (basse)
Abandonné le groupe originel, délaissée la posture Mickey-Tout-Seul, place donc à Mickaël Furnon sous la dénomination Mickey 3D avec son nouveau groupe, avec Cécile Hercule (une Cécile métamorphosée - on le verra plus bas - que l'on retrouve ici aux claviers, aux choeurs, scie musicale, bruitages divers, boite qui fait "meuh", percus, ...), Fred Monaco (à la batterie, très discret) et Manu Ventre (à la basse, tout aussi discret, à la coupe de cheveux qui me rendra jaloux à tout jamais...)
Débuts de concert pop-folk (Playmobil, 1988). Mickaël Furnon se réjouit du printemps naissant et du soleil revenu sur Marseille. La phrase " Un petit peu con sur les côtés " sur Playmobil aura curieusement dès le début l'avantage de déclencher une petite ovation dans le public, de mettre d'office le public dans la poche... style, allez on se prend pas la tête, on est tous conscient de ce qu'on est et on assume, sur le ton de la déconnade...Cécile Hercule, dans une robe superbe aux allures d'un futurisme vu depuis les 70's, la coiffure en deux-mini choux ramenés sur les côtés du crâne, assure les choeurs sur 1988 (balade extrêmement efficace en début de set), de sa voix légèrement enfantine et (faussement ?) mal assurée. Est-on face à la même Cécile Hercule, sa soeur jumelle, son sosie futuriste ?
La suite est tout aussi pop-folk, avec une reprise calme de Matador, puis Jeudi Pop Pop, La footballeuse de Sherbrooke, où l'atmosphère semble être à la connivence calme avec le public, la prise de contact tranquille entre vieux amis de longue date. Cécile Hercule dévoile toute son aptitude à seconder Mickaël Furnon. Autant celui-ci ne se déparera rarement de son attitude débonnaire et folk (je ne parle même pas des attitudes du batteur ou du bassiste, curieusement réduits à leur simple place de musiciens plutôt qu'à celle plus honorable de membres du groupe...), autant la présence de cette complice pimente la mise en scène : tenue vestimentaire, danse au ralentit ou mécanique, parfois masque plastique de quidam-lambda sur le visage, ...
Le ton monte enfin avec les morceaux suivants, L'Homme Qui Prenait Sa Femme Pour une Plante, Personne n'est Parfait, La France a Peur, célèbre slogan d'une génération, qu'il faudra malgré tout avoir le toupet de faire au lendemain de la mort de son célèbre auteur audiovisuel.
Pas d'extrêmes dans la mise en lumière, excepté de temps à autre un fond de scène moucheté d'impacts de lumière, avatar de ciel étoilé. Très peu d'éclairage de front sur la majeure partie des titres, pas de mise en valeur ostensible des artistes, les éclairages décalés ou de haut découpent les visages plus qu'ils ne les montrent. On pouvait s'attendre à un public principalement composé d'ados, loin de là. La salle est finalement composée majoritairement de ce qu'il me semble être des quadra... mais, à l'image des textes et de l'attitude de Mickaël Furnon, se reconnaît-on désormais à nos âges physiologiques ?
On revient à la connivence avec Yula / Ma Fiancée Galactique (" comme on dit chez nous, c'est pas du Bénabar... "), Paris t'es Belle (" Allez ... spéciale dédicace à tous les Marseillais... "), Montluçon (" à ne pas confondre avec Montbrison ", la ville d'origine de Mickaël Furnon), La Chanson du Bonheur. Le groupe remet habilement le public dans l'ambiance plus pop-rock électrique avant les rappels, avec l'efficace Méfie-Toi l'Escargot qui déclenche le public au quart de tour, sur la base d'une boucle d'arpège techno au synthé lancée par Cécile Hercule. Rien à dire, efficace.
Mickaël Furnon reviendra seul pour le début des rappels, accompagné de sa guitare, pour des morceaux de ses débuts : Le Goût du Citron, et Ma Grand-Mère, arrière scène frappée d'une lune pale et des avatars d'étoiles, et boule à facettes fixe en devant de scène, arrosée d'une lumière pure, se répercutant en autant de petits faisceaux blancs.
La première série de rappels se termine comme la première partie, avec le retour des musiciens et l'ambiance plus tonique d'un Respire tant attendu (choeurs dans la salle, reprise à pleine voix des bribes de textes entêtants comme des slogans : " T'es pas né dans un chou mais plutôt dans un trou Qu'on remplit tous les jours comme une fosse à purin " , ou Johnny Rep, relique d'une passion foot, comme fédératrice d'une génération. La seconde série de rappels envoie Le Tube de l'Eté, et bien entendu J'ai Demandé à La Lune, où le public reprendra couplets et refrains comme un hymne (à savoir, on connaît tous tous les vers ... mais pas forcément dans l'ordre).
Alors Que reste-t-il de Mickey 3D ? Que reste-t-il de Mickey 3D sur scène ?
Ici, peu de place pour la tendance rock alternative dans laquelle on avait précédemment classé Mickey 3D. Mickaël Furnon et ses acolytes nous offrent une pop folk écolo-politico-post-ado. certes non dénuée d'intérêt sur album, mais reposant quasi exclusivement sur l'écriture de ses textes et des compositions dépouillées et visant à l'essentiel, un guimick, une mélodie épurée, trans-générationnelle, qui marquera les esprits, et donc son temps pour quelques années à n'en pas douter, comme certains standards pop des années 80 marqueront à jamais une grande partie de toute une génération de quadra actuels ; des compositions qui reposent parfois sur le typique couplet au phrasé monotone mélancolique, ou faussement simple ou fuyant, évocation d'une époque, constat amer, de phrases supposées percutantes (" alors il parait qu'un jour comme ca, on va mourir ", " Mais toi tu crois qu'la vie, c'est comme une salle d'attente ", " Puis l'homme a débarqué avec ses gros souliers / Des coups de pieds dans la gueule pour se faire respecter ") , sur set de batterie et ligne de basse tech-pop, avant le refrain plus mélodique et plus enlevé et le message qui est sensé marquer (Respire, Personne n'est Parfait, L'Homme Qui Prenait Sa Femme Pour une Plante...).
Alors, bilan de concert ... " En 2 temps 3 mouvements l'histoire était pliée " ? Non. Les très longs remerciements visiblement sincères, de Mickaël Furnon à son public témoignent du contraire. Mais... ? Mais avec le visage simple et apparemment inexpressif, l'archétype du stéphanois qui déclare son amour, attitude qui peut désarçonner dans cette mégapole du sud, où la simple commande d'une baguette de pain se déclame avec force de gestes, d'accents et d'images. Une définition de la simplicité et la valeur venue d'ailleurs sans aucun doute. " C'était pas la plus efficace / Et pas non plus la plus virile / Mais la qualité de ses passes / La distinguait de ses copines " (La footballeuse de Sherbrooke)
Alors quoi ? Le style Mickaël Furnon, l'attitude faussement débonnaire, sa démarche, son message politique ou écologiste, son penchant sur le choc avant/après, vie adulte/vie adolescence, nos vies calées comme du papier à musique sale face à la poésie de nos sentiments..., ce style aurait-il atteint ses limites ?
Oui et non.
Reconnaissons à celui-ci cette écriture particulière digne des auteurs alliant poésie et coups de serpe. Accordons à celui-ci et à ses acolytes le côté efficace et parfaitement rôdé de leur performance ; il serait totalement malhonnête de leur enlever ça et totalement déplacé de leur opposer cet avantage comme handicap sur la durée. Le public a visiblement beaucoup apprécié, venu spécialement pour entendre ce qu'il connaissait. D'ailleurs, pour combien d'entre eux cela pouvait représenter la sortie-concert de l'année, ou du trimestre ? Votre serviteur, loin d'être un critique musical aguerri et encore moins une référence, serait malvenu de donner une quelconque leçon. J'avoue d'ailleurs être rentré et de m'être replongé dans mes anciens souvenirs sur galettes de Mickey 3D et dans les morceaux efficaces du moment.
Mais alors ? Comme un arrière goût dans la bouche de " trop-peu " ? Comme un sentiment qu'il m'est impossible de balayer après concert : la performance à laquelle j'ai assisté n'est-elle pas quelque part tomber dans les ornières que Mickaël Furnon s'évertue à pointer ou dénoncer, le douloureux constat d'un décalage entre vieux souvenirs d'un groupe stéphanois sur la pente ascendante, barré et décalé, comme tombé du ciel sur la scène rock alternative française, coup d'oeil dans le rétroviseur à la " 1988 "... et cette performance de l'auteur-compositeur d'aujourd'hui, parfaitement établi et reconnu par ses pairs, auréolé de ses références... à l'image d'une fin de concert sur " J'ai demandé à la lune " et introduit par " un jour j'ai donné une chanson "...
Set List (Mickey 3D)
1-Playmobil
2-1988
3-Matador
4-Jeudi Pop Pop
5-La footballeuse de Sherbrooke
6-L'Homme Qui Prenait Sa Femme Pour une Plante
7-Personne n'est Parfait
8-La France a Peur
9-Yula (Ma Fiancée Galactique)
10-Paris t'es Belle
11-Montluçon
12-La Chanson du Bonheur
13-Méfie-Toi l'Escargot
1er Rappels :
1-Le Goût du Citron
2-Ma Grand-Mère
3-Respire
4-Johnny Rep
2nd Rappels :
1-Le Tube de l'Eté
2-J'ai Demandé à La Lune
Set List (approximative) Cécile Hercule
1-Avoir 15 ans
2-La Tête à l'Envers
3-Je Préfère les Filles
4-... ? je passe mes nuits
5-...? j'appellerai pas ma mère
6-Roger
7-Mon Petit Taliban
8-Mais si Mais Si
9-Allez Viens
10-Je Ne comprends Pas
11-On dit de Moi
12-?
Critique écrite le 23 mars 2010 par flag
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