Chronique de Concert
Miles Kane + Fauve + Lescop + Mein Sohn William (Festival Europavox 2013)
La Coopérative de Mai, Clermont-Ferrand 23 Mai 2013
Critique écrite le 27 mai 2013 par Pierre Andrieu
Nouvelle édition du festival Europavox, à Clermont-Ferrand, du 23 au 25 mai 2013. On commence avec une soirée à la Coopérative de Mai en compagnie de l'excellent Miles Kane, en tête d'affiche, avec les dispensables Fauve et Lescop en première parties, sans oublier Mein Sohn William sur la scène Fac'Tory en extérieur, sous la pluie. Le temps, parlons en : on a l'impression d'être aux Trans Musicales de Rennes, un festival se déroulant en Bretagne au mois de décembre. A part ça, tout va bien...
Fauve
En ce moment, tout le monde se branle gravement sur un groupe de gamins sortis de nulle part, Fauve. C'est totalement incompréhensible car leurs premiers titres sont vraiment ridicules. A l'écoute de Nuits Fauves, Blizzard, Kané et autres inepties on pense à des poésies adolescentes à deux balles slammées par un gosse de riche très parisien ayant vraiment beaucoup de problèmes dans sa vie. Comme arriver enfin à baiser ? Lutter contre le mal être typique de la jeunesse ? Choisir d'être dentiste ou médecin plus tard, comme papa ? Devenir un élu socialiste pour "changer le monde" en étant un homme de gauche de droite comme Moscovici, Cahuzac ou Fabius ? Bon, en clair, Fauve c'est inécoutable et risible si l'on a dépassé l'âge de 14 ans... Et sur scène alors ? Pareil, sauf qu'en plus il faut se fader la vue d'un chanteur ultra poseur faisant mine d'être en transe au moment de lâcher ses textes, très bien écrits selon certains critiques (" le blizzard, va te faire enculer, nique sa mère... " etc etc). Oui, on sait, on n'y comprend rien à la rébellion des jeunes contre ce monde de merde, on est trop vieux. Bla bla bla. D'ailleurs, les jeunes fils à papa qui constituent la plupart du public adorent, eux. Ça leur rappelle un autre révolté, "l'excellent" Damien Saez ! Diabologum et ses cultissimes 365 Jours Ouvrables (seul titre génial du groupe) où Arnaud Fleurent-Didier et son bouleversant France Culture, ils s'en battent bien les couilles. Fauve s'en est pourtant clairement (mais mal) inspiré pour ses très indigentes chansons slam hip hop mâtinées de post rock 'n pop à Hou Hou. Trêve de plaisanteries, on s'est donc beaucoup amusé à ce concert. Meilleur fou rire : les brefs moments où le vocaliste arrête de slammer et se met à chanter avec une voix de chèvre à la Saez, Mano Solo, Cabrel, Julien Clerc ou Cali (au choix). Très, très drôle ! Merci les gars !
Mein Sohn William
Retour à la musique dehors, sur le parvis de la Coopérative de Mai et du Polydome avec une très bonne prestation (en accès libre) de Mein Sohn William sur la petite scène Fac'tory, malheureusement battue par le vent et la pluie. Malgré ces conditions très froides et humides, le duo se lance dans un set où son électro pop noise hip hop Lo Fi fonctionne à plein régime. Les premiers morceaux font penser à du Gablé bien électrocuté, il y a des passages plus pop, des dérapages bruitistes, de l'humour. Comme sur disque, Mein Sohn William en live se révèle donc être totalement ébouriffant et sacrément surprenant. A voir ! Dommage que la pluie ait un peu gâché ce concert et ait empêché plus de monde d'y assister.
Lescop
On passera vite sur Lescop, déjà "apprécié" en live récemment au Printemps de Bourges, et qui prend la relève de Fauve sur la scène de la Coopé. Comme lors de ses dizaines de passages ici même avec son ancien combo, Asyl, on ne peut que remarquer que cet homme-là possède une voix à la Nicola Sirkis et écrit des "textes" dignes d'Indochine. Heureusement, il a beaucoup (trop ?) écouté Taxi Girl, Daho et Joy Division, il y a donc quelques sons, mélodies ou atmosphères presque séduisants. Mais au final, c'est quand même le vide intersidéral, l'encéphalogramme plat. Sinon, voir Lescop faire son show à la Ian Curtis/karatéka/danseur au ralenti, c'est assez marrant. Cinq minutes.
Miles Kane
Juste après, c'est Miles Kane, la raison de notre venue ce soir, qui se pointe sur scène avec son combo de jeunes loups anglais aux dents longues. Coiffé comme un Beatles et looké tel Jack White (mais moins costaud), le mec n'est pas là pour faire de la figuration ou de la dentelle, il est clairement présent sur scène pour envoyer la purée rock 'n roll. Et puis il a un nouvel album à présenter, Don't Forget Who You Are, et une poignée de tubes à défourailler pour ses fans, nombreux ce soir. Miles Kane ne perd donc pas de temps et rentre dans le vif du sujet avec le surpuissant You're Gonna Get It, futur hit single. Comme à chaque fois, la voix racée, le sens de l'écriture pop rock sixties du Monsieur et son jeu de guitare flamboyant rendent instantanément joyeux et positivement énervé. Dommage que l'ingé son n'entende pas que la basse a beaucoup trop de présence dans le mix, ce qui gâche un peu le plaisir. Après avoir essayé plusieurs endroits dans la salle, le haut des gradins semble être le moins pire. On ne vas pas se laisser gâcher la soirée pour un incompétent notoire !
Quoi qu'il en soit, c'est avec concentration, joie de jouer et bonne humeur communicative que Mr Kane enchaîne ses titres, tous percutants et servis avec un gros son rock 'n roll. Le groupe est excellent, très soudé et à envie d'en découdre, ce qui booste encore le leader, qui ne loupe pas une occasion pour se lancer avec sa six cordes dans de stridents solos ou de brefs gimmicks hyper marquants. Les déjà cultes Rearrange, Inhaler, King Crawler et Come Closer (en final, juste avant le rappel) et les nouveaux titres, qui seront bientôt sur toutes les ondes (Give Up, Taking Over, Darkness In Our Hearts, Better Than That... ), sont interprétés sans laisser une seule seconde au public pour respirer. En prenant la set list en pleine gueule, on note un net penchant pour le pop sixties des Beatles, des Kinks et d'Oasis, le rock paroxystique des Arctic Monkeys, les œuvres du mod father Paul Weller (avec qui il a collaboré), et des influences surf western comme chez les Last Shadow Puppets, son projet avec Alex Turner. Et le tout est joué en live avec un esprit hyper rock, que ne renierait pas le grand Jack White, à qui on pense pour les solos décomplexés (en plus des vêtements moulants).
Malgré la présence d'un organiste/trompettiste (très bon d'ailleurs), certains arrangements live manquent un peu de finesse... et risquent de faire fuir les filles, ce qui n'est jamais très bon. Fort heureusement, pour le rappel de deux titres, Miles Kane commence avec son très beau Colour of The Trap en version solo acoustique et conclue en proposant un sautillant nouveau titre, Don't Forget Who You Are, porté par des Na na na la la la à chanter en chœur, et en boucle. Une preuve de plus que Miles Kane se pose là quand il s'agit de trousser des morceaux de bravoure de 3 minutes. Du genre qui restent en tête après une seule petite écoute ! Bon concert, même pas gâché par le sondier...
Lien : www.europavox.com...
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Critique écrite le 27 mai 2013 par Pierre Andrieu
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