Chronique de Concert
Miss Elie (Festival de Vives Voix)
Parmi les quelques / nombreux (tout dépend de votre référentiel) artistes marseillais que j'ai plaisir à retrouver depuis un paquet d'années, il y a Emilie Lesbros. La première fois que je l'avais vue elle était masquée et chantait dans Rosa (c'était en en 2007, à la Machine à Coudre), puis je l'ai revue toujours dans Rosa (en 2009, cette fois à l'Intermédiaire) puis en solo (la même année, à la Maison du Chant). L'année d'après ce sera en trio avec Barre Philips et Charles Fichaux (au Leda Atomica Musique). J'attendrai ensuite 4 ans avant de la retrouver en duo avec François Rossi (dont en 2014 à la Meson, puis en invitée sur le set de Nikoll au Global Local, avant de la revoir plus récemment avec son projet Miss Elie en construction à l'Upercut en 2015 puis à la Meson en 2017 ... Bref quand j'arrive à la Maison du Chant c'est avec tout cela en tête... Avec ça, et le fait que j'ai laissé Alice et Cyril seuls à la maison (enfin avec Alexandre le Grand, Gengis Khan, Erik le Rouge) en attendant que Svet ne rentre de son cours de danse.
La Maison du chant la dernière fois que j'y ai vu un concert (c'était Enco de Botte en 2016 elle n'était pas encore rue Chape (c'est une des salles qui a le plus bougé dans Marseille je crois) et la dernière fois où j'avais tenté de venir rue Chape j'étais arrivé trop tard et n'avais pu qu'entre apercevoir à travers la vitre la fin du concert de Enco de Botte encore je crois... Bref, cette fois je ne suis pas en retard et comme il s'agit du premier concert sous couvre-feu (ou plutôt du dernier concert avant le début du couvre-feu) pas question de rigoler avec les horaires. Lorsque j'arrive à 18h tout le monde ou presque a déjà pris place dans le petit amphithéâtre dont on ne pourrait pas soupçonner l'existence en passant dans cette rue.
A gauche à l'entrée de la salle, la double photo de Emilie justement, reste de l'expo Objectifs Jazz que j'avais eu le plaisir de faire avec l'ami McYavell en 2012. Dans la salle, pas mal de têtes connues : des chanteuses ou musiciennes dont Eliane, Sylvie, Perrine que j'écoutais cette après-midi dans Les Quatre Vents que je m'étais mis en fond pendant que je faisais ma chronique du Duo Leloil - Sudhibhasilp de la semaine passée. Il y a aussi Ophée qui officie au son pour la première fois ici. Bref on est en environnement familier.
Peu après 18h, Odile viendra présenter la 12ème Edition de ce festival De Vives Voix et cette soirée un peu particulière. Elle nous invitera à bien garder nos masques pendant toute la durée du concert, par respect pour tous d'abord et aussi parce qu'on n'est jamais à l'abri d'une dénonciation de la part de quelqu'un de mal attentionné (dans les temps de crise comme celui-ci effectivement on n'est jamais trop prudent). Et d'ajouter qu'elle est bien évidemment ravie d'accueillir ce nouveau projet d'Emilie à qui elle fait toute confiance (la preuve elle n'a même pas écouté ce qu'Emilie lui avait envoyé). Un petit mot sur l'usage des téléphones qu'elle nous invite à éteindre sinon en tout cas à utiliser avec modération, d'autant que Faustine est là pour filmer.
Je me cale en haut... Eric Teruel est le premier à faire son entrée et à aller se placer au clavier pour commencer à jouer, il sera suivi de Nayo Loba qui ira se glisser derrière sa batterie en passant par l'extérieur avant qu'Emilie Lesbros ne les rejoigne et n'enlève son masque une fois arrivée derrière son micro. Des deux précédentes versions de Miss Elie je retrouve donc Nayo qu'à l'époque (de Mei Tei Sho notamment) on connaissait plutôt sous le nom de Germain S.
Ils attaqueront par Don't get confused un morceau logiquement en anglais (rappelons que cela fait un petit moment qu'Emilie est basée à New York). Miss Elie continue à s'éloigner du chant improvisé pour quelque chose de plus "conventionnel" on va dire et du coup plus accessible. Car Emilie ne rien perdu de ses qualités vocales. En plus de la batterie et du clavier de ses deux comparses elle lance aussi en début de chaque morceau des sons construits au préalable depuis sont ordi.
Le suivant, Insupportable, est à moitié en français et en anglais. La différence entre les 2 est plutôt amusante. Lorsqu'elle chante en anglais c'est plutôt "jazz" très chanté mais quand elle chante en français on est plus dans un phrasé à la Leo Ferré ou Casey (notamment dans l'énumération de mots en "able"). En les regardant je me rends compte que je suis presque choqué par le fait que je commence à perdre l'habitude de voir des gens s'exprimer en public sans masque (signe que cette mauvaise plaisanterie de COVID - où en tout cas la façon dont elle est géré - n'a que déjà trop duré).
Sur une des suivantes Feelings ou Enemies c'est à Jimmy Somerville et ses Communards que je pense lorsqu'elle chante "i wasn't scared" je crois. Sur Back home, au contraire, qu'elle interprètera de façon dépouillée avec la guitare de son père je pense à un mélange de Simon & Garfunkel et de Leonard Cohen (version le Partisan)... Vous voyez un peu le grand écart.
Elle fera ensuite une petite pause dans son set pour nous expliquer qu'elle ne joue qu'avec des gens engagés pour un meilleur futur. La façon de l'amener faisait un peu mystique jusqu'à ce qu'elle nous explique que nous avions en fait devant nous un maire (Eric est en effet depuis mai le maire de Parmilieu), une présidente (elle de l'ONG Loba que je vous invite à découvrir par ici) et un diplomate (Nayo travaillant aux nations unies pour régler des conflits) ! Avant de revenir sur le côté musical de ce projet où il est de plus en plus question d'amour (ce qui est visiblement nouveau pour elle) et de lutte contre les inégalités.
La suite ce seront Nothing at all, Speak up et Don't lock me out. Si pendant ces morceaux je ne prendrai pas de notes je remarquerai quand même le potentiel tubesque d'au moins un des titres (et un autre un peu plus tôt), ce qui m'a fait penser à Jeanne Added, pas musicalement mais pour les quelques similitudes dans le parcours musical et capillaire.
Après être parti dans les loges quelques instants ils reviendront pour un rappel très attendu ... Rappel qu'ils commenceront avec une reprise (et oui qui s'en serait douté il y a une dizaine d'année fera-t-elle remarquer) du nom de Habibi (je n'ai pas compris le nom de l'auteur mais je ne crois pas que ce soit celle de Kendji Girac sur laquelle je viens de tomber sur internet en cherchant - ndP : il s'agit en fait de Tamino). En tout cas sur celle-ci je penserai à un mélange de Ilene Barnes et de Eric Burdon / the Animals, donc vous l'aurez compris dans les graves ...
Le concert se terminera après Cross the bridge, suivi d'un morceau essentiellement en français Si j'avais eu cette chance sur lequel elle se fera la plaisir (et le nôtre) de faire changer le public avec elle. Deuxième salut, c'est le bon cette fois et sortie de scène sur laquelle ils reviendront vite (masqués évidemment) dire bonjour à tous les copains... L'heure tourne, Svet est certes rentrée mais ce n'est pas une raison je file me demandant si effectivement dans une petite heure les rues seront véritablement vides, inconscient de ce nouveau fait divers dont toute la monstruosité a été étalée dans les journaux télévisés comme pour être sûr que les spectateurs restent dans l'émotionnel et non dans l'analyse de cette formidable époque dans laquelle nous vivons...
En tout cas ce soir j'ai vu encore une fois un très beau concert que le public marseillais aura bientôt la chance de retrouver à la Meson cette fois dans le cadre du festival Jazz sur la Ville...
Set list : Don't get confused / Insupportable / Feelings / Enemies / Back home / Nothing at all / Speak up / Don't lock me out Rappel : Habibi / Cross the Bridge / Si j'avais eu cette chance
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Critique écrite le 18 octobre 2020 par Pirlouiiiit
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