Chronique de Concert
Miss Kittin & The Hacker + Björk
Pont du Gard & Arènes de Nimes 19 Juillet & 23 Août
Critique écrite le 10 septembre 2007 par Floribur
BJÖRK - Arènes de Nîmes, jeudi 23 août 2007
Petite chronique groupée de deux stars de l'électro, de styles, générations, nationalités et tailles différents, mais groupées ici du fait de leur passage à peu de temps d'écart dans deux hauts lieux de la Romanité en Gaule narbonnaise -le Pont du Gard et les arènes de Nîmes-, mais aussi du fait qu'ayant eu la chance de voir les deux, le constat que j'en fais est celui d'une grande satisfaction doublée d'une paradoxale légère déception dans les deux cas.
MISS KITTIN, d'abord, dont j'ai pu découvrir une des rares prestations live à proximité du célèbre aqueduc romain, le 19 juillet.
(photo DjXphil)
Elle n'était pas seule aux commandes, si ce n'est celles de la programmation, puisque la grenobloise avait carte blanche pour animer la soirée, et elle avait choisi pour cela des complices de qualité.
Un certain Arnaud Rebotini d'abord avait la "charge" d'accompagner le somptueux coucher du soleil sur les vieilles pierres antiques. Nous ne pûmes hélas pas trop en profiter, occupés que nous étions à circuler sur le pont puis à patienter 3 bons quarts d'heure pour se faire servir des bières à un bar à l'entrée du site. Mais de loin c'était plutôt de bonne facture, avec de l'ambiant, de la techno légère, de la vieille Goa, et même quelques trucs encore plus poussiéreux des années 80 comme le génial A Forest de Cure (introduit en douceur par un titre électro très proche au niveau des accords), et le non moins fabuleux split mix de Never Let Me Down Again de Depeche Mode.
Le DJ Arnaud Rebotini (photo DjXphil)
Puis la nuit venue apparut THE HACKER, le grand copain de la Miss Caroline, accompagné d'une étrange fille aux mélopées aigues cachée sous une grande robe à capuche brillante. Pas mal, pas mal, mais étrange style atmosphérique, au point de se demander s'il s'agissait bien de lui. Mais oui, pas de doute, quand la miss montre son visage (avant d'enlever complètement son déguisement monacal), plus de doute, Kittin & The Hacker sont là sur scène !
Miss Kittin (photo DjXphil)
Le set sera plutôt court, avec une douzaine de titres, quasiment tous issus de leur First Album, choix déconcertant et discutable à mon avis, car malgré un son très bon, la plupart de ces titres sont trop répétitifs et minimalistes musicalement (boîte à rythmes, basse électro et un petit son pour la mélodie en général). Bref, difficile de faire décoller l'audience. Quelques frémissements quand même sur Stock Exchange, et surtout Frank Sinatra (mais normal pour ces titres qui sont parmi leurs meilleurs à mon sens). Sinon, en général le public s'agite au lancement d'un titre puis se lasse très vite, comme avec Stripper (très marrant mais ultra-long) ou 1982 (dont l'intérêt réside hélas principalement dans les paroles faisant référence à plein de vieux tubes new wave). Pourquoi ne pas avoir joué des titres potentiellement fabuleux sur scène comme Professional Distortion ou Meet Sue Be She du 2e album I.Com ? Mystère. Ironiquement, seul un titre de The Hacker parviendra à mettre vraiment l'ambiance : Flesh & Bone, joué initialement avec l'américain Ian Clarke, alias Perspects (ex-Le Car, groupe que celui-ci formait avec Adam Lee Miller du duo électroclash Adult.), mais chanté ici très efficacement par Miss Kittin, et véritablement transfiguré par le live puisque je n'avais pas vu jusqu'alors en ce titre un grand intérêt.
The Hacker et Miss Kittin (photo DjXphil)
Néanmoins, c'est surtout après, avec le mix de DJ Hell, le découvreur des 2 compères et patron de leur label International Dee Jay Gigolos Records, que les berges du Gardon commencèrent à ressembler à un gigantesque dancefloor à ciel ouvert (bon OK c'est plus facile a priori un DJ set que du vrai live avec ses propres titres, mais quand même ce type-là sait s'y prendre pour mettre l'ambiance). Enfin bon, ce fut quand même une grosse hallu de pouvoir remuer sur Miss Kittin & The Hacker et ses gros sons analogiques sur cette plage avec en fond le Pont du Gard, un excellent souvenir !
(photo DjXphil)
Autre bon trip électro-romain à un mois pile d'intervalle, avec BJÖRK, venue investir les arènes de Nîmes de son univers unique le 23 août. Une tout autre dimension musicale, bien sûr (d'autres moyens aussi, forcément), mais un même goût de légère amertume pour moi en fin de prestation, malgré un très bon spectacle.
Je ne m'étendrai pas sur la première partie, M.I.A, une espèce de R'n'B-ragga-électro répétitif à deux voix féminines un peu trop criardes à mon goût, malgré quelques titres écoutables vers la fin (il paraît que les paroles sont pas mal).
M.I.A / Mathangi "Maya" Arulpragasam au centre (merci SaWaSdEe pour l'info !)(photo Benjicok)
Rentrons plutôt dans le vif du sujet : originalité, délire, voix d'enfer et sensibilité encore au rendez-vous pour Björk, dont j'avais déjà pu apprécier des prestations live (en vidéo mais aussi une fois en vrai lors de la tournée Post, à Montpellier).
Musicalement, beaucoup de titres réorchestrés comme toujours, un choix varié sur plusieurs périodes, sans "bourriner" du tube, et dans une logique en deux temps qui se tient : calme d'abord et moins calme ensuite.
Le côté expérimental aussi, avec la présence sur scène d'une table à musique électro-acoustique, sur laquelle divers musiciens viendront s'amuser à déplacer des petits blocs runiques pour créer des bruitages de fond (plus de détails ici.).
Visuellement léger, sans grands écrans, mais bien pensé : longs drapeaux et oriflammes aux couleurs flashy avec des motifs de poissons, crapauds et autres dragons, Björk en robe large aux couleurs de l'arc-en-ciel, une troupe de jeunes choristes-cuivres habillées avec d'amples habits (qui empêchèrent quiconque de vérifier si elles portaient bien leur nom : Wonder Brass) multicolores et fluo, semblables à des balançants télétubbies avec des petits drapeaux sur la tête, et quelques effets de lumière bien puissants comme d'inattendus jets de flammes ou des tirs croisés de gros lasers verts, sans parler de l'orgiaque pluie de paillettes finale, qui me fit vaguement regretter de ne pas avoir été dans la fosse.
(photo Benjamin Gibert)
Voilà, tout réuni en somme pour un sublime spectacle, ce qu'il fut pour le reste du groupe avec lequel j'étais et probablement pour beaucoup de monde, sauf que moi je ne fus pas pleinement satisfait.
D'abord, la réorchestration c'est bien en soi puisque ça dénote un souci de l'artiste de ne pas s'endormir sur ses lauriers et de céder à la facilité... sauf quand le résultat n'est pas probant. Or, là, la tendance lourde était de remplacer moult churs de Björk et parties synthétiques plutôt sympas par des churs féminins (à la Medulla) et des parties de cuivres. Et mon problème, c'est que les churs ça me saoule vite, et les cuivres constituent la catégorie d'instruments acoustiques que j'aime le moins...
photo n'ayant théoriquement pas sa place ici puisqu'elle date du 1er des 2 concerts aux arènes le 21, mais comme elle est belle, ce serait dommage de s'en passer ; A noter que Björk était vêtue différemment (photo Benjamin Gibert)
Mais mon souci principal ce soir fut le choix des titres. Je sais bien que c'est toujours dur de faire plaisir à tout le monde (si tant est que ça intéresse Björk, car c'est peut-être tout simplement son propre plaisir qu'elle cherche, et on ne lui en voudrait pas), mais là en l'occurrence j'ai trouvé que ça manquait de titres que j'aimais ET de titres qui bougeaient. Pour le dernier album, dur de juger puisque je ne l'ai pas encore écouté, mais la majorité des titres que je ne connaissais pas ne m'ont pas emballé. Medulla, comme les autres albums précédents, fut représenté par 3 titres (Pleasure is All Mine, Vökuró et Oceania), mais je n'ai pas adoré, déjà je ne suis pas fana de cet album et ensuite je trouve que son intérêt réside surtout dans la dominance de la voix et de ses sons (celle de Björk mais aussi toutes celles non chantées utilisées en habillage musical ou mises en rythme), or en concert ça ne ressort pas du tout. Pour Vespertine, le choix était facile mais bon, avec Hidden Place (génial), Pagan Poetry (très proche de l'original mais comme celui-ci est très bon, pas de souci) et Unison.
Les Islandaises de Wonder Brass (photo Benjamin Gibert)
Par contre, pour Homogenic, malgré la présence d'un très bon Hunter (avec une fabuleuse projection finale de gigantesques filets arachnéens par Björk sur la foule), et de Jóga, pas de trace de l'excellent Bachelorette... alors qu'une ex-planète aride et glaciale eut droit de citer : Pluto (ce titre me stresse). Post fut représenté par l'excellent Army of Me (puissant), Hyper-Ballad (version sympa) mais aussi le très dispensable I Miss You (seule note positive : le délire final sur ce titre), alors qu'un petit Isobel par exemple n'aurait pas fait de mal. Et surtout, le grand absent fut Debut, totalement ignoré ; Quelle tristesse de n'avoir pu s'envoler sur One Day ou Play Dead, ou gigoter sur Human Behavior ou Big Time Sensuality ! Car oui, je me suis rendu compte à cette occasion que j'attendais en fait aussi d'un concert de pouvoir bouger mon corps, comme un robot plutôt qu'avec sensuality certes, mais bon si je veux move my body personne ne me l'empêchera, vakjögglunga !!! (cherchez pas, c'est une immonde insulte islandaise). Or là, j'ai trouvé la première partie "calme" trop longue (surtout compte tenu des sautillements permanents de la petite créature des glaces aux pieds nus, qui laissait augurer une montée de tension plus rapide).
(photo Benjamin Gibert)
Mais j'ai trouvé aussi la seconde pas forcément terrible niveau choix de titres "qui bougent" (le final avec cette chanson-slogan technoïsante Declare Independance notamment : l'ambiance au rendez-vous, mais un peu trop "boum boum" à mon goût comme titre).
Pour finir sur une note un peu plus positive, pas de regret quand même, voir Björk en concert reste un moment fort, et le cadre ne gâcha pas les choses même si les prestations au même endroit de Manu Chao ou de Depeche Mode resteront pour moi plus marquantes (car peut-être plus en résonance avec le lieu ?).
D'autres photos de DjXphil et Benjamin Gibert (aka Song of the Storm) ici et là
Critique écrite le 10 septembre 2007 par Floribur
Envoyer un message à Floribur
Voir toutes les critiques de concerts rédigées par Floribur
Björk : les dernières chroniques concerts
Björk et Charlotte Gainsbourg - Festival We Love Green 2018 par Samuel C
Bois de Vincennes - Paris, le 03/06/2018
Björk est à la fois une artiste, une icône et un univers propre. Son premier album a été publié alors qu'elle avait 12 ans. Rapidement, elle deviendra l'ambassadrice de son... La suite
Björk (Festival de Nîmes 2012) par Pierre Andrieu
Arènes de Nîmes, le 27/06/2012
Sublime concert de Björk aux Arènes de Nîmes le 27 juin 2012 à l'occasion du festival de Nîmes, organisé dans un endroit magique et chargé d'histoire, tout à fait adapté pour... La suite
(mon) Rock en Seine 2007 3/3 : Housse de Racket, Devotchka, Nelson, (Kelis, Kings of Leon, Just Jack), Faithless, Craig Armstrong, Björk (Bjork) par Philippe
Parc de St Cloud, Paris, le 26/08/2007
Le samedi c'était par ici !
Pour ce troisième et dernier jour, une évidence s'impose : il y a comme un énorme trou d'air dans l'après-midi ! Pas assez motivé par Bat For... La suite
Kings of Leon + Bat For Lashes + Björk + Devotchka + Bromheads Jacket + Mark Ronson + Housse de Racket (Rock en Seine 2007) par Pierre Andrieu
Parc de Saint-Cloud, Paris, le 26/08/2007
Troisième et dernier acte pour l'édition 2007 de Rock en Seine, après deux journées bien remplies (Arcade Fire, The Hives, The Shins, Dinosaur Jr, Hey Hey My My, Rodeo... La suite
Miss Kittin : les dernières chroniques concerts
Kittin, Jack de Marseille, Les Ziris, Markus Nicolai, Oscar L (Festival Utopia) par Marcing13
Friche Belle de Mai Marseille, le 25/09/2021
Nous voilà pour le 2ème jour du festival Utopia, motivé par la programmation annoncée et le spectacle de la veille. Aujourd'hui on décide de voir moins de chose que la veille et de... La suite
Miss Kittin & The Hacker par Sami
Espace Julien, Marseille., le 22/05/2009
Les concerts à l'Espace Julien commençant toujours à l'heure et très tôt, je n'ai pu, une fois n'est pas coutume, voir la prestation d'Anything Maria qui assurait la première... La suite
Digitalism + Birdy Nam Nam + Laurent Garnier + Etienne de Crecy + Ghinzu + Yuksek + Miss Kittin & The Hacker + Naive New Beaters (Printemps de Bourges 2009) par Tribukao71
Le Phénix / Palais d'Auron, Bourges, le 25/04/2009
Première fois que je vais au Printemps de Bourges, une très bonne programmation electro et pour la première fois aussi, un seul billet pour deux salles ! autant dire que tout ça s'annonce bien ...
Arrivé à Bourges en fin d'après-midi, il pleut... il a fait beau toute la semaine sauf le samedi. Nous cherchons notre hôtel qui en fait n'était pas... La suite
"Rinôcérôse", Miss Kittin & The Hacker (Benicàssim 2002) par Pierre Andrieu
Benicàssim (Espagne), le 02/08/2002
L'univers branchouille de la musique parisiano parisienne se délecte de la musique de ces deux "groupes" qui cartonnent un peu partout dans le monde. Leurs performances à Benicàssim ont divisé même si elles ont toutes les deux eu un remarquable écho de la part du public espagnol, hystérique pour ces deux chantres de la touche française.... La suite
The Hacker : les dernières chroniques concerts
Marsatac 2015 : The Hacker, Boys Noize, Rone, Joy Orbison... par Sami
Friche Belle de mai, marseille, le 25/09/2015
Marsatac ou le festival en perpétuelle mutation.
Pour sa 17ème édition l'annonce au printemps de sa programmation aura divisé encore plus que les précédentes puisque pour la... La suite
I love Techno 2013 avec Sven Vath, Laurent Garnier, The Hacker, Brodinski, Son Of Kick, Erol Alkan, Gesaffelstein, Fritz Kalkbrenner... par calie-cotto
Parc des Expos - Montpellier, le 14/12/2013
C'est l'histoire de deux hommes, Peter Decuypere et Herman Schueremans qui décident de créer en 1995 le premier festival I Love Techno réunissant une bonne vingtaine d'artistes,... La suite
Miss Kittin & The Hacker par Sami
Espace Julien, Marseille., le 22/05/2009
Les concerts à l'Espace Julien commençant toujours à l'heure et très tôt, je n'ai pu, une fois n'est pas coutume, voir la prestation d'Anything Maria qui assurait la première... La suite
(mon) Marsatac 2006 : Mogwaï, 2 Lone Swordsmen, Jahcoozi, Funkstörung, The Rapture, Vitalic, Peaches, Matthew Herbert, The Hacker par Philippe
Esplanade St Jean J4, Marseille, le 28/09/2006
Troisième édition du festival Marsatac sur le J4, et pour la première fois ils ont fait exprès d'être ici ! Ca se sent de suite : aménagement beaucoup plus réfléchi et convivial... La suite
Pont du Gard & Arènes de Nimes : les dernières chroniques concerts
Gladiator Live - ciné-concert par l'orchestre National Montpellier Occitanie - featuring Lisa Gerrard (Festival de Nîmes 2022) par Cathy Ville Solvéry
Arènes de Nimes, le 25/06/2022
Magnifique ciné-concert (ou concert-ciné) Gladiator Live avec une superbe interprétation de l'orchestre National Montpellier Occitanie qui est accompagné du chur Région... La suite
Status Quo + ZZ Top (Festival de Nîmes 2019) par G Borgogno
Arènes de Nîmes, le 04/07/2019
Je m'étais RE-mis à écouter ZZ Top ces temps-ci... Et leurs disques jusqu'à "Eliminator" sont, sommes toutes, des plus corrects. Mieux, ce sont de juteux disques de Rock-Blues... La suite
Mark Knopfler (Festival de Nîmes 2019) par Billduvaucluse
Festival de Nîmes, le 15/07/2019
Un très bon concert de deux heures. Peu de titres de Dire Straits, mais joués à la perfection. Sinon, le reste de la setlist était constituée par des morceaux de ses albums solos... La suite
Slash featuring Myles Kennedy and the Conspirators + Rival Sons par exxo7
Les Arènes de Nîmes, le 03/07/2019
C'est toujours un bonheur immense que de se retrouver dans les arènes de Nîmes... Ce lieu aura toujours quelque chose qui me fascine. Ce soir c'est pour voir et écouter Slash... La suite