Accueil Chronique de concert (mon) Hellfest 2023, 2-3 : Komintern Sect, Les Vulves Assassines, Der Weg Einer Freiheit, Weedeater, Greg Puciato, Gorgoroth, Mötley Crüe, Gogol Bordello (+ Skid Row, Flogging Molly, Def Leppard, Triggerfinger, Rancid)
Dimanche 22 décembre 2024 : 6834 concerts, 27254 chroniques de concert, 5420 critiques d'album.

Chronique de Concert

(mon) Hellfest 2023, 2-3 : Komintern Sect, Les Vulves Assassines, Der Weg Einer Freiheit, Weedeater, Greg Puciato, Gorgoroth, Mötley Crüe, Gogol Bordello (+ Skid Row, Flogging Molly, Def Leppard, Triggerfinger, Rancid)

(mon) Hellfest 2023, 2-3 : Komintern Sect, Les Vulves Assassines, Der Weg Einer Freiheit, Weedeater, Greg Puciato, Gorgoroth, Mötley Crüe, Gogol Bordello  (+ Skid Row, Flogging Molly, Def Leppard, Triggerfinger, Rancid) en concert

Site du Hellfest, Clisson 16 juin 2023

Critique écrite le par


Tôt ce matin-là (vers 2h30) , il s'est avéré qu'en fait ce n'était pas encore l'heure de dormir pour tout le monde... 30 minutes à peine que l'on écrasait, et il y a soudain eu de grandes conversations (avec des accents canadiens !) pile devant chez nous, à la Kartent n°63. Pour ne pas faire le rabat-joie, on s'est donc stoïquement relevé pour aller se doucher - bonne chose de faite, et à une heure assez dégagée, en l'occurrence ! Puis quand nos voisins d'en face ont eu fini leur "pause camping" (il appelaient ça comme ça, sans aucune malice !), pour partir guincher au Malibu, le nightclub officiel du camping (ou bien pour une session de "brutal caddie" ? allez savoir, tabernacle)... On a enfin pu commencer et même (merci, ô Immortel Docteur Bull Quiès) continuer une assez bonne nuit, au début de ce day 2 au Hellfest !


Quelques heures plus tard, on a retrouvé le sympathique rituel du café/debrief de la journée de la veille avec des inconnu.e.s, qui fait une bonne partie du charme de ce camping d'affreux privilégiés qu'est le Easycamp, où notre tête grise (voire blanche) se fond parfaitement dans la masse. Moyenne d'âge au Hellfest, 38 ans en 2022, pour mémoire - il faut donc bien des darons nés dans les années 70, comme nous, pour la tirer vers le haut ! Il n'empêche que dans cette partie du camping aussi, privilèges ou pas, c'est donc raisonnablement bordélique et bruyant la nuit, et il vaut mieux commencer à faire certaines files avec un peu d'anticipation, avant de constater l'urgence - celle des toilettes sèches en particulier !


Cette année, on a (enfin !) visité le fameux hypermarché E.Leclerc de Clisson, celui floqué entièrement aux couleurs du festival... T'emballe pas cher Michel-Edouard, on a toujours prévu de te rouer au soleil un jour ! Expérience amusante néanmoins, belle déco, personnel en uniforme dédié, avec des stands et des démonstrateurs de produits spéciaux pour brutes chevelues (bières, sauciflards, Jägermeister...). Par pure contradiction, on s'autorise donc un truc de dingues : s'acheter ici un repas 100 % healthy, genre poke-bowl : ça nous changera, entre deux portions de hellsnacks et autres junk food sur le site. Salopards de bobos nous sommes, et nous resterons ...


On ne réussit donc à rejoindre le site qu'à l'heure du dessert, pour prendre en route Komintern Sect, groupe de punk/oï old school comme on n'en voit plus qu'à la Warzone... C'est plaisant, les mecs sont assez attachants, mais on s'aperçoit assez vite que la rime n'y est pas particulièrement riche, et que tout ça reste assez bas-du-front (...ca c'était juste pour que notre pote skinhead & tatoueur au Hellfest, pense bien à nous casser la gueule à notre prochaine rencontre...).


On passe donc un moment également, et plus intéressant, à Akiavel, groupe de dèsmétole frenchie, mais assez mélodique (ce qui évite l'ennui !), sous la tente Temple curieusement. Emmené par une jolie dame, braillant comme un démon, avec tout ce qu'il faut de double caisse et des riffs en béton armé derrière, qualité française, Môssieur : d'excellents remplaçants au pied levé pour 1914 ! Et sans doute un rêve devenu réalité pour elle et eux, et une belle opportunité de se montrer...


Par contre en parlant de jolies dames, celle qui nous accompagne - une féministe, mais plutôt à tendance "coup-de-docks-dans-tes-roubignolles-connard" (si vous voyez) a repéré un rendez-vous quotidien à ne pas manquer au moins une fois, au Metal Corner : en route pour les Vulves Assassines ! Et non d'un testicule arraché, quelle bonne idée ! Postées au premier étage, les deux pétroleuses hurlent et nous haranguent comme des diablesses en tapant sur le grillage, appuyées par une guitariste, une boîte à rythmes et un clavier à maltraiter. La Retraite à 60 ans, un slogan de 1995 et qui a sans doute presque leur âge, redevient un brûlot irrésistible... C'est frais ! D'autres titres, qui démontent en mode rappé toutes les formes de machisme, avec une certaine élégance formelle (J'aime la bite, mais pas la tienne !) font mouche à chaque fois, et déclenchent donc de petits mosh pits et pogos au rez-de-chaussée...


Les filles se proposant de casser la gueule au monde entier (Godzilla 3000), on rit à gorge déployée à leur haine affichée des "bobos limite fachos" (... on y revient toujours, t'y as vu ?) avec la magnifique Sauveur du Monde, un passage à tabac sans pitié - "J'aimerais que que tu meures, dans ton lombricomposteur"... Grosse rigolade avec un show faussement WTF, en fait maîtrisé et au final super canon ! A ne jamais placer en tête d'une manifestation féministe, sous peine d'insurrection assurée... Le groupe le plus punk du week-end ! On en repart bien allumé.e.s, d'autant que le bar sur place ne sert que des cocktails chelous ! On passe quelques minutes à transpirer dans le Metal Market, où il fait si chaud que les vendeurs sont, pour beaucoup, torse nu : beaucoup de jolies choses, allant de la thématique chaton à celle l'apocalypse, mais on évitera de trop se charger, désolé.


Retour sous tente pour un riant groupe de black metal allemand, Der Weg Einer Freiheit. Brutal et plaisant, valorisant des pensées positives telles que la peur, la dépression ou la solitude : on repense à Regarde les Hommes Tomber, qui sont encore plus dark mais un peu dans le même style (ils ont d'ailleurs tourné ensemble)... Mais le groupe ménage aussi des passages soft (à la façon d'Amenra) qui mettent en valeur les déchaînements de violence, et ne néglige pas ses mélodies au cours de longs morceaux, franchement prenants. Wunderbar ! D'ailleurs Madame a tellement aimé ce concert qu'elle exige d'aller céans s'acheter le T-shirt de DWEF (très stylé il est vrai, dans le genre morbide-grisâtre), au merchandising des groupes. Un t-shirt de "Melodischer Schwarz Metal", donc ? Nom de Lemmy, mais en amenant deux fois cette femme au Hellfest - elle qui n'y connaissait initialement presque rien en musiques brutales - n'avons-nous pas créé un monstre ?!


On ne peut pas dire que les bourricots de Skid Row, eux, aient trop retenu notre attention, avec leur énième chanteur (non pas qu'on ait eu la moindre tendresse pour Sebastian Bach, le miauleur bellâtre d'origine...). Pour qu'on apprécie ce genre de hard/hair FM sérieusement daté en 2023, il faut soit les tous meilleurs (exemple : les inénarrables Mötley Crüe, qui passent plus tard aujourd'hui), soit du solide second degré (exemple : les fantastiquement cons Steel Panther, vus ici même en 2022). Là c'est juste pénible - on serait d'ailleurs bien en peine de citer un titre de ce groupe, certes gros vendeur de t-shirts à une époque, qui aurait marqué l'histoire. Bon après, ça peut surement tourner encore 10 ou 20 ans dans des stades de football américain... Mais ici à Clisson, ils peinent à motiver les foules et parviennent juste, au meilleur moment, à presque sonner comme du Guns'n'Roses...


On avait déjà vu une fois Weedeater au festival TINALS, et ils nous avaient fait forte impression : c'était le seul groupe brutal du week-end, dans ce festival plutôt pop et rock. Les trois rednecks de Caroline du Nord font un raffut sludge très lourd, qui sonne pas mal du tout, avec un chanteur barbu très expressif, au point qu'il louche de rage quand il hurle - donc un peu tout le temps, aux refrains - ce qui le rend un peu inquiétant. Le batteur dont on se souvenait, tapait si fort que ses pieds décollaient - manifestement il a changé, celui-ci est moins fun à regarder. Inspirés peut-être par le nom du groupe, des vapeurs de fumette se répandent (ce qui n'arrive en effet que dans la zone Valley !)... Pour marquer notre amour de la nature, on mangera plutôt un burger vegan... Ca sonne bien certes, parfois doom, parfois stoner, mais au final il n'y a pas assez de chansons marquantes : 30 minutes nous suffiront et on ne réécoutera pas ça à la maison ! D'ailleurs c'est l'heure d'une petite sieste...


Retour un créneau plus tard pour Greg Puciato (ex Dillinger Escape Plan), conseillé par notre habituellement fiable cousin, logé dans du carton comme nous et avec qui on a donc débriefé et échangé des noms de groupe ce matin. Ca s'avère rapidement décevant : ce chanteur sympathique au demeurant mais très quelconque, n'a pas vraiment de style défini - s'il chantait juste, on pourrait dire qu'il sait tout faire, mais... Si ça peut évoquer vaguement Black Sabbath, ça peut aussi dissonner grave. Quand il se demande finalement "Who's out of tune ?" on aimerait qu'un de ses musiciens lui réponde : "You are, dude !", parce que c'est bien lui qui chante faux !


Pour passer le temps, on fait la queue pour goûter (dans la Valley assez bondée) un plat au nom intrigant et roboratif, la "Spätziflette"... Très bon en effet, mais la portion servie est si minuscule (ils ont manifestement fait faire un contenant exprès, une sorte de louche sans manche) qu'on informera la serveuse, avec notre plus beau sourire, que c'est du vol qualifié - la laissant un peu interloquée, la pauvre...


Par fidélité à ce style toujours sympatoche en live qu'est le punk irlandais, on passe évidemment un moment avec les Flogging Molly qui ont blindé la Warzone. Cadors du genre, emmenés par un chanteur-guitariste très sympa au look de prof de math, ils font le job, comme un chaînon manquant entre un balloche, en plus brutal, et les Toy Dollz, en moins rigolo - à garder pour la St Patrick peut-être, ça semble néanmoins parfait pour pogoter, loin devant là-bas !


Par pure conscience professionnelle on passe aussi voir à quoi ressemblent les historiques Def Leppard, jamais vus auparavant. C'est assez tranquille en comparaison, du pop rock vaguement heavy pour stades, on est pas loin de l'EHPAD sur scène quand même, comme pour Deep Purple l'an passé - ca s'écoute à la rigueur assis, mais on décide de s'échapper quand ça commence à ressembler dangereusement à du Barclay James Harvest...


Mais voici venue l'heure de la deuxième partie de notre comparatif du week-end : Gorgoroth vs Behemoth ! Les Norvégiens, pas plus souriants que les Polonais, sont non seulement tout aussi blafards mais un peu plus flippants, physiquement - plus ouvertement satanistes, les avant-bras littéralement hérissés de pointes en fer, ils sont emmenés par un chauve à la gueule joliment cauchemardesque.


Pas grand chose à reprocher à leur musique, encore plus brutale sans doute (avec une double grosse caisse qui peut être infernalement rapide)... Sauf peut-être, moins de mise en scène - mis à part leurs gueules de méchants fantastiques - et un son moins clair, où on entend fréquemment surtout la batterie et les borborygmes ulcérés du chanteur, qui voudrait sans doute tous nous tuer. Verdict, pour ce que ça vaut (vous aurez compris qu'on est pas expert en la matière...), on a préféré Behemoth !


A ce stade du vendredi, d'après la faible lisibilité de nos notes, on a probablement atteint notre pic éthylique du week-end... Pas pour autant qu'on ne s'y fie plus : on en a peu de souvenirs mais on déchiffre bien qu'on a trouvé Triggerfinger globalement anodin, pour ne pas dire assez nul, mis à part certains passages un peu stoner... Globalement leur musique ne sert quand même pas à grand chose - à noter que Madame a aimé et dansé, cela dit, on était peut-être juste mal disposé à leur égard ?


Les vieux punk-à-roulettes désormais rasés de Rancid sonnaient bien mieux, de loin, mais il se trouve qu'on a longuement sympathisé avec un local adorable de Gétigné, qu'on est même reparti avec son 06 - ces choses-là arrivent au Hellfest, c'est un fait ! Et donc qu'on a comme-qui-dirait rien écouté. Que celui ou celle qui n'a jamais perdu une heure pour s'être inconsidérément arrêté au Kingdom of Muscadet, nous jette la première pierre...


Pour ce vendredi, il reste sur notre carnet de bal ce groupe d'angelenos défraîchis, consternant et attachant tout à la fois (cf le chouette téléfilm The Dirt que Netflix leur a consacré), les Mötley Crüe ! Un nom mythique quand même, pour le moins... On arrive bien émêché, déjà prêt à ricaner, mais il s'avère qu'en fait le spectacle est fort distrayant !


En plus d'un light show assez impressionnan, de ses fortes personnalités (Nikki Sixx, Tommy Lee, grands toxicos déjantés devant l'éternel...), le groupe a un très gros son sympa, quelques riffs bien gras (par exemple, Shout at the Devil, un classique de Guitar Hero sur PS2, ou bien Dr Feelgood), et ce brave Vince Neil (qui ne fait certes pas ses 61 ans !) est un super amuseur de foules. Leur medley avec Blitzkrieg Bop, Helter Skelter ou Anarchy in the UK dedans (un peu maltraitées toutes les trois, mais ne soyons pas méchant), nous mettrait même plutôt en joie, à vrai dire - tant que c'est des titres groupes impossibles à voir en live, au moins, pas de comparaison possible...


Alors certes le groupe, qui a déjà réclamé et obtenu de voir quelques 'big tits' brandis dans le public, pourrait peut-être se passer de ces danseuses à tendance kitsch-pouffiasse sur scène. Des filles dont ils pourraient être les pères, sinon les grand-pères... Mais que voulez-vous, quand votre principal tube s'appelle Girls, Girls, Girls, vous ne pouvez pas faire moins... Un concert festif en tout cas, qu'on a passé à mi-chemin entre navré et amusé, mais qu'on a regardé jusqu'à la fin - on l'aurait pas parié !


Pour les derniers de la journée, on a choisi de vieilles connaissances, les gypsies punks de Gogol Bordello, emmenés par le toujours moustachu et suant Eugène Hutz, qui savent s'y prendre pour enflammer une scène avec leur musique un peu fourre-tout, mariant sans entrave ska, folk et punk. Après une certaine gravité pour un titre parlant de l'Ukraine, la joyeuse bande dérape dans le hors-sujet hellfestien, avec sa musique festive et pétaradante des balkans (fallait pas les inviter !) On roupille un peu, assis dans les gradins vers la fin, mais on a apprécié ce salut fraternel, Slava Ukrainia, merci !


Une fois encore Madame nous a laissé, la vile créature, finir notre soirée seul depuis un moment... Une soirée finie dans une certaine brume donc - une explication possible étant qu'on a plusieurs fois dérogé à notre devise aujourd'hui, "Pas d'alcool, que de la bière !"... En sortant du site, heureux et sans doute un peu titubant, on a réalisé qu'on était à deux doigts de commencer à parler au vitrail de Lemmy (à moins qu'on ne l'ait vraiment fait, d'ailleurs ? Lui seul pourrait le dire...). Au dodo !

Le samedi, day three, c'est par ici !


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(My) This Is Not A Love Song (TINALS) Festival 2015 : Johnny Hawaii, Appletop, Zun Zun Egui, Conger! Conger!, Bad Breeding, Sleaford Mods, Weedeater, The Soft Moon, Foxygen par Philippe
Paloma, Nîmes, le 31/05/2015
Depuis 2 ou 3 ans on voit apparaître, fin mai, une population étrange à Marseille : des amateurs et -trices de rock pointu qu'on croise avec un sourire béat et des yeux cernés,... La suite