Chronique de Concert
Moon Rã
Une semaine après, pas évident de retracer une soirée très sympathique, finie dans des brumes houblonnées persistantes et avec des notes pourries, mais dont les artistes méritent bien un retour ! Malgré une pluie persistante (qui m'a quand même valu deux désertions sous mon propre toit...), je me réjouissais en effet d'aller enfin pouvoir toucher le magnifique (et si longtemps attendu) vinyle éponyme de Moon Rã ! Mais évidemment quand il pleut, tout se détraque à Marseille... et un musicien était donc coincé sur la route.
Devant le retard annoncé à l'allumage au Leda Atomica Musique, je blablate un moment avec Olivier, très sympathique ex-taulier de la Cambuza de Gémenos - belle rencontre fortuite d'un héros du quotidien ! Puis, le temps étant long quand même (et comme j'ai arrêté de fumer définitivement pour les 354ième fois il y a peu), j'ai un peu la bougeote et je prends la décision de descendre passer une tête au Lollipop Music Store. Sur le chemin et sous la pluie, à moitié égaré dans les ruelles, je croise pas moins que l'éminent fondateur de Phocéa Rocks (notre Leader Immarcescible et Lumineux, donc), qui promène son mignon toutouchon, à tête de rejeton de la famille Windsor... Et qui m'indique comment ressortir du traquenard (et retrouver Lollipop où est son amoureuse) : gloire à lui, je crois bien que sinon je partais vers la Timone...
Il se trouve que ce soir-là chez nos disquaires préférés, il y a un des nombreux événements de lancement du chouette livre Histoire du Rock à Marseille, de Pascal Escobar. Et un peu de monde donc, pour écouter ses annonces potaches et un showcase de No Jazz Quartet ! Dont j'entendrai 3 chansons seulement, assez pour me dire que le son d'abord un peu étriqué et les musiciens un poil tendus, se sont sentis plus à l'aise à partir de Shareholders, hargneuse, classe et intense - la suite a du être du même tonneau, donc ? Mais l'heure a un peu tourné, il est déjà temps de retourner au LAM, cette fois avec Stefan et une amie à lui, toujours sous la flotte. Ah faut aimer le rock hein, saperlipopette. Et la bière.
Là-haut, Moon Rã est enfin prêt à commencer, mais je constate que je suis déjà à 2 grammes pour ma part... Avec Pirlouiiiit d'un côté de la scène et le Mystic Punk Pinguin de l'autre, au moins, on sait qu'on est au bon concert ce soir ! Et finalement bonne nouvelle, Fabien "Patte Molle", le guitariste géant, parvient à tenir debout sur la petite scène du LAM - j'aurais pas parié. Assez rapidement, on se souvient pourquoi on les aime tant : leur rock instrumental et psychédélique marie les meilleurs influences, dans des titres systématiquement étirés jusqu'à la fascination.
Au passage, on entend des réminiscences de Pink Floyd, Mogwai, The Mars Volta ou Archive, ici un son très Black Sabbath à la guitare, là un emprunt (ou un hommage) à Moroder à l'orgue... Et de temps à autre des riffs surpuissants qui pourraient presque les rapprocher de leurs lointains cousins doom, Amen Ra... Mais foin de name-dropping, si ça ressemble à tellement de choses si différentes, c'est bien que le groupe a su créer un son à lui d'une part, et que sa musique est admirablement variée d'autre part !
D'ailleurs leurs titres anciens et nouveaux fonctionnent vraiment tous, emmenés par le batteur habité et qui semble diriger la manoeuvre avec brio, depuis le centre de la scène. L'effet sur les corps et les esprits ne trompe pas, nous sommes amenés à une transe délicate et continue, et traversons divers états de (semi)conscience pendant une bonne heure, avant d'être portés très haut sur le finale (dernier mot lisible sur mes notes de ce soir-là, qui globalement ne le sont pas du tout : "Génial !")
Pas revus depuis la Machine à Coudre, se dit-on avec un peu de nostalgie (ce qui est faux puisqu'en fait, c'était à la Cambuza, justement...). Seules leurs projections vidéo fractales inchangées et un peu fatiguées, commencent à être un peu "Windows 2000" sur les bords mais qu'à cela ne tienne, de visuel, leur musique n'en a pas besoin ! Sortie avec un bref salut, no explain, no complain, pas de discours, leur musique n'en a pas besoin non plus, elle qui agit comme un psychotrope légal et a priori sans danger autre qu'une légère addiction !
Un concert à nouveau fascinant donc, comme toujours avec eux. On en repart avec le vinyle tant espéré, dont la peau d'éléphant de couverture nous protègera un peu de la pluie, avant de révéler un disque somptueux, aux couleurs situées quelque part entre le tiramisu et la fourrure d'animal polaire, splendide quand il tourne sur une platine. Ce qu'il fait d'ailleurs avec une certain assiduité chez moi, depuis !
Plus de photos et vidéos par Pirlouiiiit par ici
Setlist (telle que ramassée) :
Spy's
Burn in
Snowpiercer
New Old
Alkaïd
Dead Mustaine
Remontada
Critique écrite le 20 novembre 2019 par Philippe
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