Chronique de Concert
Moon Rã
14 février, Fête des Amoureux depuis plusieurs siècles, dit-on... Mais amoureux de quoi ? Pourquoi pas du rock, après tout... En tout cas, en arrivant au Lollipop Music Store (dont l'entrée est enfin débarrassée de ses travaux interminables, au profit d'une zolie piste cyclable !), on échange une quantité de bisous avec les copains copines à saluer, qui marque assez dignement l'occasion d'amour. Et permettra, le cas échéant, de faire circuler les virus, y compris les plus exotiques.
A ce sujet, j'abandonne assez rapidement ma blague au sujet du Coronavirus qui ne semble bizarrement pas trop faire rire - marrant quand même de voir comme les Marseillais.es semblent se sentir loin de cette question, alors qu'à Paris il y a 2 semaines, j'ai vu plein de gens avec des masques, et qu'une contamination est par exemple apparue au fin fond d'une station de ski des Alpes... donc pas précisément à l'endroit où l'on se mélange le plus dans le pays. Bref, jusqu'ici tout va bien, et tant mieux, mais alors pourquoi on ne pourrait pas en rigoler un peu ?
Bon, s'agissant du groupe du jour, 3 évidences : d'abord, la batterie de Moon Rã est la plus grosse qu'on ait faite entrer à Lollipop à notre connaissance, alors que ce ne sera de loin pas celle qui nous aura cassé le plus les oreilles ! Deuxièmement, retenir le nom des titres que joue la bande est une gageure, sinon une cause perdue (c'est peu dire que ce n'est pas un groupe à singles), d'autant qu'ils écrivent généralement comme des cochons sur leur set-list. Même si avec le temps - ça va faire 5 ans qu'on les suit, quand même - on en a acquis une fine reconnaissance à l'oreille (j'ai même décelé "le" nouveau titre du jour, c'est dire). Mais par exemple, non, je ne sais toujours pas le nom de celle qui semble citer Midnight Express à l'orgue, désolé. Et pourtant elle est super !
Troisièmement, au fil de 12 chroniques précédentes, les chroniqueurs (moi le premier) se sont épuisés en name-dropping de groupes et autres listes de styles de rock velus et pointus, sans jamais parvenir à clairement définir celui de Moon Rã. Renonçons donc à ces tentatives un peu pathétiques, ne citons pas par exemple Pink Floyd ou Kyuss, ni le stoner, le post ou le space-rock, qui ne sont chacun qu'une petite composante de ce son délicieusement puissant et enveloppant. Un son qui après tout, n'est sans doute dur à définir que parce qu'il est unique, voilà, merde à la fin ! Et si on avait juste là l'un des tous meilleurs groupes de rock actuels et l'un des plus inédits, hein ? Il est vraiment obligé de ressembler à quelqu'un de précis ? Non ? Bon, alors.
En fait le quintette des Moon Rã, c'est facile, tu le mets n'importe où : dedans, dehors ou sous terre, tôt dans l'aprème ou tard dans la nuit (on a testé tout ça, hein), et il te fait décoller, immanquablement ! Avec une combinaison diabolique d'orgue planant (encore un cliché éculé), de guitare rythmique et solo puissantes, de basse ronde et de batterie aussi légère de la main que méchante du rendu.... Les mecs transpirent à peine (d'ailleurs, le frontman, enfin le grand à pattes molles de la bande, a joué en pull à col roulé, c'est dire), ils te font psychotroper à jeun (ou pas) après quelques minutes, parfois ils te lacheront dans le vide au fil d'un break assassin, d'une rupture de rythme sadique, et puis ils te cueilleront à nouveau, te renverront en l'air, te perceront le bulbe, tu gigoteras, tu planeras... Inutile de lutter, lâche prise, profite, et tu surferas sur un Korg rouge étincelant, dans une mer de riffs telluriques, sous un ciel déchiré de roulements de tonnerre de caisses multiples...
Bref, rien qu'à les évoquer on redécolle... Ils sont fantastiques les Moon Rã, de toutes façons ils le savent, on leur a souvent dit et écrit, et leur nouveau disque est magnifique, sur la forme comme sur le fond. Et puis ils sont sympas, aussi, et puis un peu consanguins avec Phocea Rocks... A priori le public était de toutes façons déjà au courant de tout ça, au vu de sa densité devant la scène ; même les enfants posés devant nous ont paru peu mobiles (dont plutôt intéressés), et captiver des gosses avec de la musique sans paroles, c'est loin d'être facile ! Tout comme d'intéresser les gens à la... 13ième chronique dithyrambique d'un vrai gang de tueurs à l'ancienne. Merci à eux donc, pour cette nouvelle, grande et belle démonstration d'amour !
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Setlist :
Spies Uniform
Burn in / burn out
Snowpiercer
Wall Eyed (illisible ?)
New
Alkaid
Dead Mustaine
Remontada
Panzer 1/2
Critique écrite le 15 février 2020 par Philippe
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