Chronique de Concert
Moriarty meets Mama Rosin
Nouvelle virée à caractère professionnel à Paris, et nouveau prétexte à découvrir une salle de concert : notre petit jeu dure depuis plusieurs années maintenant et il nous amuse toujours, plus que jamais même, puisqu'il est à présent établi que la capitale regorge de petites salles jolies, agréables et aux bars même pas forcément inabordables (exemples : Nouveau Casino, Java, Boule Noire...) En route pour la Flèche d'Or donc, 102 Boulevard de Bagnolet, Paris 20ième ! Ce soir, le groupe français Moriarty que je ne connais guère que pour 2 ou 3 titres qui ne seront pas joués ce soir (Jimmy en particulier), invite Mama Rosin, trio suisse de blues champêtre efficace, récemment découvert et récemment chroniqué.
Un mot sur la salle d'abord, furieusement sympathique dans son aménagement : c'est une ancienne gare de la petite Couronne parisienne, c'est donc un petit hall traversant avec une verrière de chaque côté, très bien aménagée. C'est très pratique pour bien voir la scène, qui est au milieu, d'à peu près partout. Il n'y a pas marqué "La Flèche d'Or" devant mais quand je me pointe, les deux groupes sont en pleine séance de shooting souvenir à l'extérieur, ce qui donne quand même un sérieux indice... Très belle salle donc, acoustiquement aussi, avec un bémol : le bar est assez lent au serrvice, horriblement cher et sans saveur (...comme tous les bars vampirisés par Heineken et ses sous-marques déplorables, Pelforth et Desperados).
Le concert commence par une séquence exclusivement Moriarty : le groupe a beaucoup tourné et ça s'entend, c'est carré et assez plaisant. La chanteuse a une jolie voix ... dans un style que je n'aime pas (tant pis pour moi) mais qui plaît à ma soeur : 50 %, c'est pas si mal. On y joue un blues folk assez pépère. Contrebasse, guitare, cuillers, guimbarde, ça s'emballe peu à peu au bout d'un moment même si les voix mâle de soutien à la jeune fille sont anecdotiques. Je suis quand même content de voir arriver les Mama Rosin, plus jeunes que je ne pensais.
Pourtant avec un banjo, un accordéon et un batteur en plus, ça reste d'abord assez -trop- tranquille à mon goût : du blues bien joué mais un peu trop clean (je crois que j'ai un peu trop pris goût aux one-men-band avec un son lo-fi...). Le groupe joue 4 titres qu'ils ont enregistré ensemble (sur un vinyle mis en vente ce soir), dans un bon esprit collectif mais sans prise de risque excessive (alors que la présence de 9 musiciens permettrait davantage d'expérimentations). Ce sera sûrement sympa à réécouter plus tard, mais je suis quand même content que commence une petite séquence où les Mama Rosin seront tous seuls.
Même si on ne voit pratiquement que des cheveux sur scène, leurs titres sont aussi efficaces qu'espéré : chaloupées Bye Bye Birdy Black, Sitting on top of the World, puis la brésilienne Seco & Molhado, mettent un vrai petit coup de dépaysement à ce concert, avant la joliment pétaradante You Broke my stuff / T'as cassé mes objets et la gueularde et chouette Wivenhoe : à ma grande surprise la voix de fille est celle d'un ... garçon, qui est aussi le joueur d'accordéon. J'aurais pourtant juré... Voilà ce qui arrive quand on tourne des clips où l'on fait chanter d'autres personnes que le groupe ! Les Moriarties commencent à revenir, d'abord 2 pour Marilou, aussi sympa qu'attendue, puis les autres pour Samedi noir, très plaisante aussi.
La dernière séquence du concert sera composée de blues rock efficaces et autres titre calypso, dont on retiendra un solo d'harmonica endiablé qui a fait décoller la salle, une ballade lente et jolie, et vers la fin un blues voix-guimbarde charmant signé Moriarty, qui dégénère en rock intense joué par toute la bande. Sans m'être ennuyé, bien au contraire, je suis quand même tout prêt à aller manger et boire enfin quelque chose de bon, quand le concert se termine ! Sans pour autant les trouver géniaux, j'aurai quand même globalement préféré les chansons de Mama Rosin mais, encore une fois, mon accompagnatrice, elle, a plutôt préféré l'autre bande...
Il faut croire qu'il y avait donc à boire et à manger dans cette bien jolie soirée, au fil d'un concert généreux qui a duré pas loin de deux heures. Petit regret, pas de set-list souvenir, puisqu'il ne trainait sur la scène que des papiers griffonnés de paroles, tous différents, signe peut-être que les deux groupes ont travaillé jusqu'au dernier moment pour produire cette jolie prestation... On peut donc leur souhaiter le meilleur pour la suite et peut-être, de commencer par une tournée festive ensemble pour défendre dignement le vinyle qu'ils viennent de réaliser.
Une petite vidéo par ici
Critique écrite le 12 avril 2013 par Philippe
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