Chronique de Concert
Moussu T e lei Jovents
Le public est varié, sage et familiale, pour ce premier concert avec Les Suds A Arles présenté dans cette partie du musée (inaugurée en 2013). Un espace presque prédestiné, puisque consacré aux activités portuaires de l'ancienne ville d'Arles. Avec surtout la magnifique barge gallo-romaine découverte en 2004 et qui a refait surface en 2011, afin d'être traitée et installée ici pour sa présentation au public.
Tout un univers sur mesure donc pour Moussu T en version duo, qui va s'installer devant la vitrine dédiée aux ouvriers du port. Fabrice Denise (le conservateur du musée) leur laissant la place après une courte introduction, pour nous faire part du programme de la soirée : une demi-heure avec Tatou et Blu, les deux fondateur de Moussu T. Puis rendez-vous à 19h30 à la Salle des Fêtes pour la projection d'une vidéo sur les soirées de l'année dernière et, pour finir, un concert de Moussu T e lei Jovents " Sur un air Trenet " à partir de 20h00.
Ils traversent au milieu de nous et montent sur la scènette : " Bonsoir ... On est bien, on se croirait chez nous. Mais les bateaux sont un peu plus neufs chez nous ! ". Et pour entrer tout de suite dans le vif du sujet et quitter le port de La Ciotat, on va Desamarra ! (Comprenez : Enlever les amarres). Une belle ballade chant et guitare en provençal. Un chant tout d'abord solitaire, qui devient duo pour cette histoire de marins ... Embarquement immédiat pour le chantier naval, dont Tatou nous parle. Salutation au courage de cette centaine d'hommes qui l'ont occupé durant 11 ans, pour permettre de le maintenir en vie. Et que voit-on de La Ciotat quand on on ouvre la fenêtre ? Plein de belles choses !!
On alterne les chansons en provençales et celles en français. Mais elles ont toujours en commun qu'elles sont emplies de soleil et de douce nostalgie. Deux baladins de la mer, devant leur valise à malice, qui nous emmènent voguer sur Leur Méditerranée.
Puis on se déplace, pour monter sur les hauteurs de la ville. On regarde la mer de là-haut, avec ces bateaux un peu plus tristes, emplis de clandestins venus sur nos côtes pour chercher une autre vie. Très belle intro à la guitare de Blu pour Sus L'autura. A chaque fois, un nouveau voyage, avec un peu plus de mélancolie dans la mélodie pour celui-ci. Un chanteur comme accroché à son micro. Un guitariste qui le rejoint pour les churs ... Comme si cet endroit était juste fait pour eux deux.
" On peut pas jouer du Rock n'Roll, vous allez casser des amphores ! " Donc, ils vont continuer à nous plomber, comme ils disent. On va imaginer un truc incroyable : Il pleut à La Ciotat ! C'est l'histoire d'un mec qui est là, sous la pluie, mais qui s'en fout parce qu'une petite l'attend dans sa chambre, pour lui " lever les voiles " (parce qu'il y a des enfants !) Et, quoi qu'ils en disent, ils ne nous dépriment pas pour deux sous. Au contraire, la chanson est enlevée et très gaie. Chantante et dansante, comme leurs voix, avec la petite pointe fleur bleue qui le fait bien.
Petit aparté sur une personne qui lui a donné de la poutargue dans la queue tout à l'heure : " Je navigue !! " Et naviguer, c'est ce que font les morts à La Ciotat. Parce que la coutume veut que l'on jette les cendres à la mer, dans les calanques du Mugel, pour que les défunts puissent ainsi revenir lécher les orteils des Pitchounettes allongées sur la plage (pour ceux qui ont eu une belle vie ... Pour les autres : on ne sait pas !) Ils plaisantent sur la sagesse du public, surtout celle des enfants et, comme toujours, même avec un tel sujet, ils réussissent à nous faire sourire.
On va aussi parler un peu de Marseille. Une chanson un peu nostalgique sur cette ville qui a beaucoup changé, avec moins de vrais quartiers faits de vrais rencontres et de vie. Eux préfèrent évoquer le Marseille d'avant, lieu cosmopolite et vivant. La voix de Tatou se fait plus vive, partant dans les aiguës sur le refrain. Une très belle évocation de la citée phocéenne de nos vieux. Un peu image d'épinal, mais qui fait rêver les esprits.
Marseille, Arles, La Ciotat : C'est le même amour de la mer. Mais à La Ciotat, on a en plus inventé la terre ronde et aussi le bateau cousu ! Tout au long de leurs historielles, ils nous font en plus un numéro de duétistes, avec Blu qui marque le Set avec humour de ses petits commentaires, de-ci, de-là. Un très joli duo, dans tous les sens du terme. A présent, c'est une invitation à plonger pour trouver un poulpe ... " Voie de l'intelligence et de l'évolution " parait-il. Une sorte de leçon d'humanité, énoncée par un gros encornet ! Peu conventionnel, mais pourquoi pas !! Chanson faites de rimes en our : un exercice de style selon Monsieur Tatou ,)
Mais parfois, il faut hélas quitter La Ciotat et c'est une grande source de stress. C'est aussi ce qui donne une belle chanson d'amour et d'adieu à la fois. Il faut l'aimer son pays pour souffrir ainsi de le quitter ... Une petite dernière pour la route, sur un texte de Frédéric Mistral, composée pour le centenaire de sa mort. " Et Frédo, il a de belles chansons quand même ! " On va prendre une galère et, plus on sera, moins on sera fatigués !! Ça taquine sur les faux airs de statue de César de Tatou, " mais en vieux ! " Alors, ramons tous ensembles. Faisons un derniers tour sur la mer Méditerranée ... Et franchement, quand sa voix prend de l'écho, on s'y croirait sur leur navire ! Ils nous disent au revoir et à tout à l'heure, pour un répertoire un peu plus joyeux.
Mais comment se quitter sur une note triste ? On peut pas ! Alors c'est parti pour un dernier petit tour du côté de Lo Gabian !! Et comme on est dans un musée antique, Tatou nous sort l'instrument des premiers temps ... Le Kazoo antique ! Le pire reste pourtant à venir : il nous faut faire les goélands (ou les mouettes, ou ce que l'on peut !) " Même à Manosque ils savent le faire !! " Les nôtres sont franchement pourris. Pas grave, on a le droit de les faire quand même et cela donne évidemment un doux bordel. Mais, pour finir sur une note de gaieté, c'est gagnant ! Et surtout, ça fait beaucoup rire les enfants, qui se font d'ailleurs reprendre pour n'avoir pas bien bouché leurs oreilles sur " Battre les couilles ". Le duo pince-sans-rire bat son plein, à grand renfort de Kazoo et de " Aller : Gabians à fond !! ", avant de nous inviter à les suivre dans la suite de cette belle fin de journée ...
François Ridel aka Tatou : Chant & Kazoo
Stéphane Attard aka Blu : Guitare & Chant
Setlist
1 - Desamarra !
2 - Par La Fenêtre
3 - Sus L'autura
4 - Me'n Garci
5 - Lo Libre Salabrum
6 - Bons Baisers De Marseille
7 - Embarcatz
8 - Tentacules
9 - La Professeur De Mon Cur
10 - Soulomi
11 - Lo Gabian
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Après Moussu T en duo au Musée Antique d'Arles, tout le monde à la Salle des Fêtes où nous avons droit, comme promis, à la projection d'un petit film de rétrospective pour la saison 2013 des Suds A Arles. Nous y retrouvons notre beau théâtre antique et surtout les magnifiques soirées qu'il nous a offert en Juillet dernier. Un montage son et lumière très bien orchestré, regroupant les représentations dites traditionnelles, mais aussi les sessions au musée, à l'Espace Van Gogh et dans les étendues des marais ... Puis, petit rappel de présentation de la suite de la soirée (avec concert et même paëlla, pour ceux qui voudront prolonger plus tard dans la nuit).
Alors, en résumé, Les Suds A Arles cette année ce sera du 14 au 20 Juillet, mais ce soir, c'est une revisitation de Trenet qui est au programme, en collaboration avec la SACEM et sur une idée venue pour marquer le 10ème anniversaire du Festival.
Nous retrouvons donc sur scène la troupe de Moussu T e lei Jovents au complet cette fois, avec Monsieur Tatou, qui nous lance " Bienvenue sous la mer ! " en introduction de La Java Des Scaphandriers. Il y a aussi notre guitariste Blu bien sûr, mais passé au banjo à présent. La blouse en jean et le couvre chef sont de rigueur. Je ne vois pas trop le rapport avec Trenet pour le moment, mais ce petit côté musette, eux postés sous leurs lampadaires douche ... Cela donne un ensemble plutôt plaisant et rigolo. Et la musique est très entrainante en tous cas !
Y'a D'la Joie part au banjo ... Mais non ! Ce sera N'y Pensez Pas Trop. L'esprit est toujours dans la musette esthétiquement parlant, mais on est pile poil dans le registre chansonnier pour ce qui est de leurs interprétations. Toujours à leur sauce bien sûr ! Ils reconnaissent d'ailleurs avoir un peu triché en préparant " ce truc sur Trenet ", avec des adaptations en provençal (ce qui avait déjà été fait par Guy Bonnet il y a quelques années). Alors, on repart sur une chanson qui parle de mécanique : " Je t'attendrais A La Porte Du Garage ... " C'est tout ce que j'arriverai à capter dans la langue de Mistral !!
Tout est introduit comme ça, sur le mode de la plaisanterie, avec des petites vannes entre eux. Comme cette chanson autobiographique : " J'ai connu la même dame que Charles ! " et Tatou qui tâte le public pour savoir s'il la connait aussi. On est sur un thème presque andalous pour l'intro, avec le numéro de duettiste pince sans rire de tout à l'heure qui reprend du service (et y'a pas à dire : il fonctionne à merveille !) On est à la limite du café théâtre, avec de vrais chansonniers, dans les règles de l'art.
Le running gag de Y'a D'la Joie revient quasi entre chaque morceau, avec Blu qui insiste et Tatou qui lui répond qu'elle ne se fera pas ce soir, et puis c'est tout ! Donc, non. Mais à la place, Que Reste-T'il De Nos Amours en provençal ... Pourquoi pas ? Avec ce petit banjo, le rendu est plutôt emballant (et Kazoo or not Kazoo ?!? Et ben oui : Kazoo !!) Par contre, dans l'arrière salle, c'est un sacré bordel. J'espère qu'ils n'ont pas déjà attaqué la paëlla !!
Ils veulent passer à une chanson d'actualité maintenant, puisqu'elle parle des intermittents ... Mais Blu montre la Setlist et remet ça avec son Y'a D'la Joie ! Tatou tient bon la barre et repart sur une histoire d'âne et de gendarme (tout va bien ;) !!), avec le chur des marins pompiers derrière !! Mais bon, après cette diversion, retour sur les intermittents, les jeunes et la Setlist. Une chouette histoire de chanteur qui monte à Paris et qui finit par se pendre ... Que du bonheur ! Enfin, ce qui compte, c'est que le public est ravi et qu'il frappe dans ses mains. Les comiques troupiers chambrent sur l'absence de la mer à Arles. Et commence alors un joli cha-cha-cha pour La Mer en provençal, avec des churs façon gabians.
On termine la session spéciale Trenet avec la chanson de L'Ours qui tourne au grand n'importe quoi avec tous leurs commentaires off. Il nous est d'ailleurs demandé de les aider dans cette lourde tache, alors qu'ils quittent la scène en faisant les ours et en nous lançant : " Continuez ... Lâchez-vous !! ", en nous laissant avec le percussionniste et le bassiste pour une conclusion joliment jazzy.
Vous l'aurez compris, cette fin n'en est pas une, puisqu'elle ne marque que la fin du Set dédié à Trenet, pour passer à celui de leur répertoire original. Ils reviennent donc sur scène en commençant par remercier Pat au son, Dominique aux lumières, Delphine " qui nous supporte ! " et Manu qui produit nos disques ... Personne ne semble être oublié. Le batteur prend même le relai pour une auto-promo en musique (j'avais jamais eu ça !) Et nos deux ours qui regagnent leur place avec encore une allusion à Y'a D'la Joie !! Mais non, non, toujours pas ! Ce sera plutôt un jazz Gna-gna-gna en provençal (un nouveau genre sans doute). On passe en français ? Ok : C'est pareil !
Quant à la mode pour cet été à La Ciotat : Bikini, avec que le haut ! (soyez-en averties les filles !!) Ils s'éclatent et nous racontent absolument n'importe quoi. " On danse ? Arlésiens, arlésiennes : Avez-vous des bras ?!? " Ça peut se faire et c'est juste ce qu'il faut pour danser assis, avec ce provençal qui s'habille du soleil des Antilles pour Bolega Banjo. Pour Mademoiselle Marseille, ce sera toutes les filles debout devant. Et pour Maluros Qu'a Un Trabalh, tout le monde debout pour danser !
Après ces spéciales dédicaces aux filles " ordinaires " (au sens noble du terme), ce sera notre seconde chance pour nous rattraper sur Lo Gabian. Reste encore quelques cacatoès semble-t-il, mais dans l'ensemble, on ne s'en sort pas si mal. Surtout qu'il y en a même qui dansent comme des pingouins tout devant :P !
Bref. Petite interro surprise : Quelle est la spécialité d'Arles ? La gardianne. Celle de Martigues ? La poutargue. Et celle de La Ciotat ? Ben les filles !! En fait, on pourrait dire de Moussu T que ce sont les Boby Lapointe de La Ciotat, mais version provençale et qui arrivent même à rendre le banjo Rock n'Roll ! Avec danse traditionnelle des bras pour Manivette et son doux mélange de provençal et de musique des îles ... Dernier morceau annoncé, avec une intro de ouf demandée à Blu, qui nous ressort quoi ... ? Y'a D'la Joie bien sûr !! Jusqu'au bout on y aura droit, sans jamais l'avoir ! Et cette dernière fois ne manquera pas à la règle ... Ce sera espagnol et non Trenesque, pour passer cette dernière chanson de la soirée avec les pitchounettes A La Ciotat, tous debout, et avec Moussu T e lei Jovents qui quittent la scène sur de grands au-revoir des bras (comme quoi eux aussi connaissent la fameuse danse des bras !)
François Ridel aka Tatou : Chant & Kazoo
Stéphane Attard aka Blu : Guitare & Chant
Freddy Simbolotti : Basse
Stéphane Lopez aka Déli K : Percussions
Denis Lo Bramaire : Batterie
Setlist
1 - La Java Des Scaphandriers
2 - N'y Pensez Pas Trop
3 - A La Porte Du Garage
4 - Dans Paris Y'a Une Dame
5 - Que Reste-T'il De Nos Amours
6 - L'Ane Et Le Gendarme
7 - Je Chante !
8 - La Mer
9 - L'Ours
10 - Lei Rainards
11 - Sur Ma Serviette
12 - Bolega Banjo
13 - Mademoiselle Marseille
14 - Maluros Qu'a Un Trabalh
15 - Forever Polida
16 - Lo Gabian
17 - Mar E Montanha
18 - Manivette
19 - A La Ciotat
Chronique réalisée par l'équipe de Concerts en Boîte
Critique écrite le 20 mars 2014 par Ysabel
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