Chronique de Concert
Movie Star Junkies - Moon Ra - Areva
Moon Ra est un quintet instrumental qui commence à être bien connu de ceux qui fréquentent assidument les scènes marseillaises et dont nous avons déjà dit ici le plus grand bien. Le groupe s'illustre avec un mélange de space rock et de krautrock en y injectant une puissance sonore héritée du stoner. Moon Ra va ainsi roder ce soir quelques nouveaux titres. Le premier commence lentement avec des bruitages d'oscillateurs à la Hawkwind. Une des marques de fabrique de leur musique sont justement des intros aux ambiances très space rock où les claviers analogiques ont une grande place ; les titres décollent progressivement, s'accélèrent pour se transformer ensuite en redoutable machine de guerre stoner. Les compositions peuvent présenter des motifs assez complexes, presque prog mais jamais verbeux.
Moon Ra sait allier une certaine puissance dans les riffs avec des moments plus aérés ou les deux guitaristes jouent en arpèges des motifs très acid rock Le tout est soutenu par une solide section rythmique qui ne faiblit jamais. Les membres de Moon Ra ont une bonne maîtrise instrumentale (malgré des petits moments de flottement qu'ils ont su bien gérer) et, pour les voir vus à plusieurs reprises, je constate qu'ils ont pas mal peaufiné leurs compositions et les arrangements.
Changement total de registre avec le duo Areva, constitué d'une chanteuse qui joue du synthétiseur (et également au laptop) et d'une bassiste. Le set a un peu de mal à décoller à cause d'un son un peu faiblard (les mauvaises langues diront que c'est toujours comme ça avec les machines et autres boites à rythmes). Le duo mise sur le côté froid et mécanique des sonorités electro et de l'interprétation : la bassiste s'agite en envoyant des lignes de basse très cold wave et martiales. La chanteuse s'époumone sur des textes qui racontent des histoires de maîtresses d'école déjantées, de club Dorothée ou de CFDT en se déchainant frénétiquement sur son clavier. Un des musiciens de Moon Ra me fait remarquer de façon amusée que leur musique lui faisait penser à une synthèse entre Didier Super pour les textes et les mythiques Screamers (des californiens du milieu des 70's qui faisaient du punk rock avec des synthétiseurs) pour la musique.
Il y a un peu de ça effectivement, même si ce n'est sans doute pas délibéré de leur part, et il y a aussi dans leur musique une dimension expérimentale due à des sonorités indus, pas si éloignées que ça des Residents . Areva se détache quand même du lot des formations " electro synth punk " grâce une bonne dose déjante et un second degré qui manquent à beaucoup de groupes du genre (ou alors je n'ai rien compris). Même si Areva a une vraie personnalité, l'ensemble est quand même un bordélique, ça part un peu dans tous le sens ; leur énergie tendrait à être davantage canalisée et leurs chansons plus dépouillée afin qu'elles soient plus percutantes.
Avec Movie Star Junkies, on va s'immerger dans une ambiance " americana blues punk " qui va contraster avec ce qui a précédé. Les italiens vont se donner à fond. Le groupe est constitué d'un chanteur à la présence magnétique, Stefano Isaia, qui joue aussi de l'orgue farfisa, et de deux guitaristes en plus du duo basse / batterie. Les musiciens jouent d'emblée de manière très énergique, les guitaristes envoient des riffs très garage punk. Un des deux guitaristes seconde régulièrement le chanteur au micro, le chant à deux voix sonne d'ailleurs très bien. On pense aux Bad Seeds quand ceux-ci sont bien enragés ou au Blues Explosion. Leur son est âpre mais chaleureux. L'utilisation du farfisa embellit réellement leur son. Stafano Isaia, malgré une voix un peu fatiguée, ne se ménage pas, il va et vient le long de la scène, porté par de ses comparses, ou se jette dans le public.
Sur certains titres, ça tirerait presque à des moments vers les chansons de marins, pour l'ardeur avec laquelle se fait le chant à l'unisson, mais ça fonctionne plutôt bien. Les Movie Star Junkies ne sombrent jamais dans le mauvais goût et savent écrire de bonnes chansons. La ferveur et l'investissement physique avec lequel ils jouent donnent une dimension presque soul à leur musique. Le public est bien chaud. Movie Star Junkies interprète ses chansons avec ardeur et un certain panache. Et même si on les sent à des moments un peu sur le fil, cela les rend d'autant plus humains et attachants, car on est pas ici dans la retenue ou la demi mesure. Les italiens ont donc livré un set classieux et véritablement incandescent.
On saluera une fois de plus les gens de In The Garage pour l'éclectisme de leurs choix et leur goût toujours très sûr en matière de programmation.
Critique écrite le 20 avril 2016 par Phil2guy
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