"Et un, et deux, et un deux trois quatre ! - J'ai avalé une mouche en roulant sur mon vélo - je chantais cette chanson - je ne connais rien de plus beau !...". C'est sur ces "profondes" paroles que Didier Wampas, le visage badigeonné de rouge, le torse nu et les jambes recouvertes d'un treillis militaire, entame un set sulfureux de punk rock survitaminé soutenu par son groupe à la rythmique endiablée.

Le décors "tout à fond" est planté, les morceaux peuvent alors s'enchaîner à la vitesse de l'éclair sur fond de guitares incisives et de textes empreints de poésie juvénile.

Dans la salle du bar du transbordeur c'est d'emblée le pogo général et durant tout le concert filles et garçons ne cesseront de rejoindre la scène pour plonger dans le public.

C'est un peu le monde à l'envers, le public passant la majorité de son temps sur scène tandis que le chanteur passe le sien à chanter au milieu du public. Celui ci laisse libre court à son imagination pour interpréter son répertoire n'hésitant pas à user de ses cordes vocales pour explorer des chemins sonores peu parcourus.
Toute décision relève ici du domaine de l'émotionnel, pas de préméditation ni de calcul intéressé dans le choix des tenus excentriques et des postures. C'est ainsi que l'on retrouve Didier debout sur une chaise portée à bout de bras par le public, faisant les 100 pas sur le comptoir du bar où en train de faire un émouvant mime de chrysalide sur "papillon".
Ce soir on a pas droit au massacre d'une guitare !

Assister à un concert des Wampas c'est participer à un moment de partage dans une ambiance située quelque part entre humour et humanisme. Tout autour de soi les visages sont radieux, les ondes positives et l'ambiance détendue. La moyenne d'âge du public assez jeune reflète l'ambiance très "étudiante" de la soirée. Je remarque également la présence de nombreuses filles. Cette constatation me conduit à me demander si finalement les Wampas ne sont pas le dernier maillon avant le passage au monde adulte. Tout le monde ici semble gentil et insouciant comme la majorité des enfants pourtant je gage que d'ici quelques mois, diplômes en poche, la plupart de ces personnes auront revêtu leur costume d'adulte intéressé et sérieux...

Quelle peut alors être la raison de ma présence et de celle d'une poignée d'autres personnes ayant atteint la trentaine ?. Il doit certainement exister une frange de personnes qui n'oublient pas l'enfant qui sommeille en eux et qui veulent encore conserver un certain regard spontané sur la vie. Cette réflexion me pousse à quitter l'étage superieur depuis leuquel je photographiais le concert depuis le début de la soirée pour rejoindre le reste de la meute. J'ai besoin d'être dans dans l'action et au contact des artistes pour ressentir pleinement l'intensité de l'énergie du concert. Aux première loges ça chauffe dur et il faut rester très vigileant pour ne pas se prendre une personne sur le crane mais quelles sensations incroyables de pouvoir ressentir toutes ces vibrations !.
Le concert se termine sur un 2° rappel et une interpretation du morceau "Kiss" où le chanteur profite de l'occasion pour se ballader dans la salle pendant de longues minutes et faire la bise à la majorité de son public. Un geste qui résume bien l'esprit du concert : amour, générosité, communion.

Finalement les Wampas ressurgiront pour un ultime rappel de deux morceaux. La célèbre chanson "Petite fille" se voit interprétée pour la seconde fois de la soirée et les dites filles sont vivement conviées à venir danser et exprimer leurs émotions sur une scène instantanément envahit par la gente féminine. La ferveur du public et l'intensité de la communion atteignent alors leur apogée mais hélas les bonnes choses ont une fin et les projecteurs finissent par s'éteindre définitivement. Au fil des minutes qui suivent la magie s'évapore lentement pour laisser la vie reprendre son cours. La foule s'éparpille vers la sortie mais rêve déjà au prochain concert des Wampas...

Par rapport à l'excellent concert que j'ai vu au mois de mai en début de tournée j'ai trouvé que le show était beaucoup plus péchu. On notera aussi le retour de Jo à la guitare après une période d'intérime brillament asurée par Antoine (Tony Truand).
Un spécialiste du groupe m'a affirmé que ce concert fut l'un des 3 meilleurs sur la dizaine aux quels il a assisté sur cette tournée. Nul doute que ce concert était mémorable.
En partant j'ai croisé Didier dans les coulisses, son visage reflètait la satisfaction d'un homme qui a tout donné à son public et qui a beaucoup reçu en retour. Ce n'est finalement pas très suprenant que les Wampas soient toujours là après une quinzaine d'année d'existence et qu'ils aient survécu au mouvement alternatif et à toutes les modes. Si vous n'avez jamais vu les Wampas sur scène vous feriez bien de remédier rapidement à cette situation sous peine de passer à côté d'un des meilleurs groupes rock de scène français.