Chronique de Concert
Mr Thousand & Ramirez + Johnny Barrel Country Band + DJ Teppaz
Rencart au 47 , non pas pour une soirée échangiste comme à l'époque du lieu, mais pour un doublé concert + soundsystem en famille. Bien calée dans un fauteuil club avec verre en verre et bière locale sans faux col, me voici aux premières loges pour apprécier le décor de Mr Thousand & Ramirez , comme un autel façon brocante orné de vieilles malles et d'icônes baroques, bougies sur bouteilles en demi-cercle. Lampes vide grenier et lumière tamisée complètent la scénographie. Malgré les éclats de voix parasites, les chassés croisés des fumeurs et autres retardataires, je plonge en immersion dans l'univers de ce duo complémentaire featuring Anselme avec sa stature et son masque de catcheur, oeuvrant à l'accordéon et à l'harmonica avec un panache de lutteur forain ; Eric, dégaine de danseur de tango alterno, béret, docks noires et rose à la boutonnière, à la guitare demi caisse ou à la mandoline, avec une belle voix grave et profonde qui vient tutoyer les néons de son trémolo clair. Le duo alchimise des pépites qui nous font naviguer en eau trouble dans les cales bancales d'étranges arrières salles, où les histoires crapuleuses ou oniriques se délayent dans du Talisker.
Un enroulage de jacks sans daniel's plus tard, nous descendons quelques marches pour la suite des festivités. Dans la cave, nous attend le gang mal famé des Johnny Barrel Country Band avec tout ce qu'il faut comme instruments de torture pour nous projeter en plein honky tonk enfumé ou dans les bas fonds d'un bayou en technicolor : steel guitar, violon, mandoline, banjo, guitare, drum kit sans grosse caisse et tout en sons clairs et enlevés, contrebasse et chanteuse en guest avec une prestance de lady cabaret. Notre catcheur masqué se joint à la troupe et accordéonise fébrilement entre deux gorgées d'eau bénite.
Le set passe en revue hillbilly, country, folk, cajun mais aussi rockabilly avec ce bel hommage à Carl Perkins ( Honey Don't ) quand ce n'est pas Hank Williams qui nous montre la lumière. Le combo voix féminine/ masculine avec les chœurs presque gospel donne du rythme et du swing, mais les coupures un peu longues entre chaque morceau font retomber un peu la poussière. Ce qui n'empêche pas le public d'être joliment réceptif pour un rappel à l'honneur du festival de santiags exhibées sur scène avec ce These boots are made for walking sauce Johnny Barrel .
Les dernières minutes immortalisées sur le fil par Pirlouiiiit et une discussion futuriste plus tard, le soundsystem reggae dub de DJ Teppaz aka le cousin du catcheur masqué- nous téléporte dans une autre ambiance, plus au sud, avec de la big tune sur des 45 tours à l'ancienne ; l'after dancehall est lancé. Les reggae classics s'enchainent avec fluidité et masterclass, dixit l'enthousiasme sur le dancefloor. Nous manoeuvrons un peu engourdis au cœur d'un vortex hors temps ; dehors, ça fait belle lurette que Cendrillon roule en citrouille, mais à cette heure là, vers la Plaine, tout passe à peu près inaperçu.
Une belle soirée dans ce lieu atypique et plein de cachet qui nous aura fait voyager du Mexique aux Etats Confédérés pour échouer, le sourire embrumé, en Jamaïque libérée.
À retrouver la chronique de Johnny Barrel Country Band sur la péniche Erre le 8 septembre dernier >> https://www.concertandco.com/critique/concert-johnny-barrel-country-band/erre-1930-marseille/51968.htm
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Critique écrite le 20 février 2018 par odliz
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