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Chronique de concert Mumiy Troll + the Editors + Hercules and Love Affair + Auctyon + Roots Manuva + Narkotiki + Music Go Music + Megapolis + Krasnoznamennaya Diviza Moey Babushki + kid's musical instruments band (Afisha Picnic 2010)
Dimanche 22 décembre 2024 : 6842 concerts, 27254 chroniques de concert, 5420 critiques d'album.
Chronique de Concert
Mumiy Troll + the Editors + Hercules and Love Affair + Auctyon + Roots Manuva + Narkotiki + Music Go Music + Megapolis + Krasnoznamennaya Diviza Moey Babushki + kid's musical instruments band (Afisha Picnic 2010)
En venant à Moscou avec un programme de boulot très chargé je comptais quand même me faire un petit concert (la preuve j'ai pris mon appareil photo). Mais j'avoue que quand Philip m'a parlé de ce festival je n'en ai pas cru mes oreilles. 36 groupes sur 6 scènes, mélangeant quelques groupes internationaux et surtout quelques pointures locales comme Auctyon (que j'avais déjà vu à New York il y a quelques années) et les Mumiy Troll dont je n'avais pas entendu parlé jusque là mais qui sont quand même suffisamment connus pour clore la soirée sur la grande scène.
Le tout se déroule dans un grand parc et est comme son nom l'indique organisé par Afisha l'équivalent du Time-out anglo-saxon. Ne pouvant pas tout faire et ne voulant pas cavaler d'une scène à l'autre comme je l'avais fait au Sziget j'ai décidé de me limiter à la scène principale. J'envoie un petit mail à l'adresse mail du festival demandant si il est possible d'être accrédité et laisse à tout hasard mon portable .... quelques heures après je reçois un gentil mail en anglais. Accrédité + 1. Comme quoi ...
Le lendemain je mettrai un peu de temps à trouver les fameuses deux filles avec les listes d'accredit' mais j'ai fini par les trouver et j'ai souri en voyant " Concertandco France biggest concert website " sur leur liste. Tous ces aller-retours m'ont fait rater le premier groupe Noize MC et quand je suis arrivé devant la grosse scène c'était déjà Megapolis. Sur le site internet de la journée il y avait une vidéo ... et ce que j'ai vu sur scène correspondait tout à fait. Posé, sérieux mais sans être triste, carré, folk / pop / rock avec un chanteur dont la tête me disait vraiment quelque chose. Je passerai d'ailleurs ensuite la journée à le croiser en train d'assister aux autres concerts (souvent en prenant des photos) avec, comme pas mal de monde, son chapeau en papier journal.
Les gens avec qui j'étais venu étaient notamment venus pour eux. Ah oui tiens ... il y a eu quelques morceaux instrumentaux qui m'ont fait penser aux Shadows ... mais à y réfléchir mieux c'était peut être juste parce que c'était des instrumentaux avec guitares bien en avant. Sur la fin de leur set ils ont invité une chanteuse pour completer le line-up.
Après une petit pause " volley " (par cette chaleur j'ai trouvés les gens bien courageux) j'ai profité des premiers sons venant de la scène principale pour m'échapper. Ce que j'ai vu alors m'a paru d'un autre age : Music Go Music c'est donc une chanteuse un peu yéyé, un duo guitariste bassiste avec des lunettes comme je n'avais vu que le guitariste des Bellrays en porter mais en plus avec une chemise hawaïenne et un t-shirt chien de traineaux respectivement ... ce sont ceux qui m'ont frappés en premier mais il ne faut pas oublier dans le son le batteur et le beau gosse aux machines (rien de méchant dans cette description physique, juste la tentative de retranscrire une combinaison inattendue).
Musicalement c'est très dansant. Disco / pop / electro (mais pas trop). Ça joue, ça s'amuse, ça saute, ça danse ... La chanteuse dégage vraiment quelque chose de curieux. Un mélange de sensualité et d'innocence qui fait qu'on lui pardonne tous ses enfantillages sur scène. Ce fut une des bonnes surprises de la journée.
Je me suis ensuite éloigné un peu de la scène principale pour aller chercher à manger ... en passant devant la " lawn stage " (une des rares à ne pas avoir un nom de sponsor) je suis tombé sur le kid's musical instruments band qui comme son nom l'indique ... Après avoir vu Pascal Comelade j'ai trouvé cela un peu léger ; même si finalement ce sont certes de mini instruments dont joue le Bel Canto Orchestra mais pas que des instruments jouets.
Ici que des jouets mais un groupe qui ne souriait pas et qui avait l'air de se prendre au sérieux. J'interprète bien sûr ... disons juste qu'ils étaient tous penchés sur leurs instruments et qu'ils n'avaient pas l'air de s'amuser. Je ne me suis donc pas attarder d'autant que sur la grande scène Roots Manuva avait du commencer !
En effet ... je me suis donc dépêcher même si je ne connaissais que vaguement de nom et du vieux clip qu'ils avaient mis en ligne (où il ne se prenait pas du tout au sérieux) et même si je craignais de tomber sur un nième groupe de rap US venu cachetonner (sinon en tout cas décevant sur scène). Ce que j'entends par " rap US " c'est ce que j'en ai vu sur scène jusqu'à présent (Mob deep, Method Man, GZA, exception faite de Public Enemy et LL Cool J ) c'est à dire une star au milieu (entourée d'un mec au platines quand ce n'est pas au minidisc et de quelques backers plus ou moins efficaces) qui se contente de faire répéter son nom et ne fait que des bouts de morceaux qui paraissent complètement pourris si vous ne les connaissaient pas déjà sur disque (ce que copient aussi certains rapeurs français d'ailleurs.
A ma grande surprise, ce MC (anglais) bien que très " rap US " visuellement m'a séduit. Accompagné de musiciens (dont une vraie batterie), d'un backer, et d'une chanteuse (regroupés sous le nom de Banana Klan) il a enchainé de vrais morceaux (ie dont on peu reprendre le refrain, avec un début, une fin, ...) plutôt bien dansants et entrainants. Roots Manuva au milieu, n'est pas hyper dynamique derrière ses grosses lunettes de soleil, mais quand même présent et assurait son chant avec le sourire. Plutôt une bonne surprise aussi !
Ensuite pendant qu'ils installaient la scène pour Narkotiki je suis remonté vers la " lawn stage " pour jeter un œil à un " petit " groupe dont Sergey m'avait vanté les mérites. Avec un nom comme Krasnoznamennaya Diviza Moey Babushki j'étais assez curieux. Beaucoup de monde autour de la petite scène et d'ailleurs beaucoup de monde aussi sur scène (enfin disons sous la tente en plastique). 2 violons, une batterie, une basse, un clavier, une guitare et une paire masculine / féminine au chant particulièrement habitée / exaltée.
Elle qui assure je pense la majorité du chant a le même m'a fait d'ailleurs penser à Alanis Morissette. Elle bouge beaucoup , fais des tas de mouvement avec les bras (quand elle ne se met pas carrément pas à 4 pattes pour illustrer un morceau). Je ne sais pas depuis combien de temps ils jouent ensemble mais c'était loin d'être carré (et pour que moi je m'en rende compte !). Par contre il y avait dans leur jeunesse et leur entrain beaucoup de potentiel. Le temps nous le dira.
Retour sur la grande scène au milieu du set de Narkotiki. 3 sur scène : un batteur, un guitariste et un " machiniste ". Gros son ... un peu techno / indus. La première comparaison qui m'est venue à l'esprit fut Binaire mais en beaucoup plus pop, en moins extrême. Chant hip hop comme une mitraillette pour le machiniste, chant un peu plus rock (limite Clash) pour le guitariste et surtout pour l'un comme pour l'autre une énorme banane d'être sur scène.
Quelques petits pains pour lancer une séquence, mais c'est pas grave dès que le morceau sera parti on n'y pensera plus. C'est pendant ce groupe que j'ai réalisé qu'il n'y avait plus beaucoup de pelouse à cet endroit là, vu les nuages de poussières qui s'élevaient lorsque tout le monde sautait. Je ne suis pas sûr que j'aurais envie d'écouter ça sur disque, mais là en concert et en plus en plein air ça m'a carrément plu !
Après, toujours sans une minute de retard sur le planning annoncé ... voire peut être même avec un peu d'avance, ce fut le tour des mythiques Aukstyon (ou Auctyon ou Auksyon bref Аукцыон que j'avais hâte de revoir. Incertitude sur la présence ou non du fou (au sens moyenâgeux du terme), et beaucoup plus de cuivres que dans mon souvenir (lointain). Si le groupe n'a pas sorti de nouvel album depuis un moment en revanche son leader paraît il en sort régulièrement, mais dans un registre plus expérimental / jazz. Cela explique sans doute que leur musique est tout sauf immédiate (certains morceaux sont assez longs, avec des instrumentaux tordus). Le contrebassiste s'en donnera à cœur joie, ainsi que les cuivres ... mais le clou du spectacle c'est encore et toujours Oleg Garkusha (celui que j'ai appelé " le fou " plus haut.
Ce gars là outre le fait de porter des tenues exubérantes passe tout le concert à danser, jouer de quelques instruments annexes, chanter (mais pas forcement devant le micro) et même à réciter des poèmes entre les morceaux. Et je ne vous parle même pas des grimaces. Le contraste de taille avec le chanteur est impressionnant mais au bout du compte à les regarder attentivement on se demande lequel est le plus barré des deux. En tout cas ce fut un vrai plaisir de les revoir.
Je ne pourrai pas en dire autant du groupe qui suivra Hercule and Love Affair. Je ne les connaissais pas (j'ai cru un moment avec leur nom proche de Heloise and the Savoir Faire ou René Risqué and the Art of Love tous deux aussi new yorkais). J'étais quand même intrigué par ce que j'avais lu en diagonal de la participation de Anthony (sans les Johnson) à un projet résolument plus dansant. Et bien je n'ai pas du tout accroché. Deux DJ / machines (dont Butler qui est le fondateur du groupe), 3 MC qui chantent et bougent devant la table de ces premiers.
Pas du tout accroché aux tenues kitchissimes (dans le genre je préfère carrément Scissor Sisters) et leur dance / techno / pop m'a laissé de marbre. Pourtant la chanteuse avec les boucles d'oreilles en triangle (nouvelle dans la formation) a une grosse voix intéressante, mais elle pas plus que la chanteuse / rapeuse très discrète ou le chanteur en tenue africaine ne m'ont donné envie de bouger. Je suis donc remonté sur la butte et en ai profiter pour me reposer un peu en les écoutant de loin.
Du coup quand ce fut le tour des Editors j'étais de nouveau d'attaque. J'ai compris à quel point ce groupe anglais était populaire en voyant la difficulté que j'ai eu pour m'approcher du pied de la scène. Quelle claque. Le chanteur Tom Smith a énormément de présence. Avec son physique entre celui de Matt Berninger et Shia Leboeuf, il toise le public conquis avec classe (et sans prétention) ... il passe de la guitare au piano en changeant de micro sans pause ... et quand il est au piano, ce n'est pas pour s'y avachir comme le chanteur de Ghinzu (avec qui il y a quelques points communs au niveau musical) et le rythme ne s'écroule pas pour autant.
Quand il est debout il se tord dans tous les sens, hurle, se plie, harangue les autres musiciens ... un régal. A chaque morceau je croyais que c'était le tube et puis j'ai du me rendre à l'évidence que ici tous les morceaux étaient connus. Sinon je leur ai trouvé un côté Strokes aussi ... bref un groupe qui m'a beaucoup plus, très direct, très présent, habité, rock, ... et avec le sourire. Ce sont eux qui joueront le plus longtemps.
Après un pause un poil plus longue vint le tour des fameux Mumiy Troll du nom de ce monstre finlandais pour enfants (entre un hippopotame et Barbapapa). J'ai eu encore plus de mal à me frayer un chemin vers la scène. Il faut dire que tout le monde ici est fan ! Pas mal d'artistes des groupes précédents sont présents au pied de la scène et chantent, dont le chanteur de Narkotiki. Le chanteur mobilise toute l'attention. Il faut dire qu'avec son haut à raies, sa salopette à carreaux et son bandeau dans les cheveux il ne passe pas inaperçu.
En fait niveau style il m'a fait penser à Garik Sukatchov, en plus " couillon " (10 grimaces à la minutes). Le concept du concert de ce soir était de reprendre un de ces anciens albums dans son intégralité. Là encore j'ai cru que c'était un best of vu que tout le monde connaissait toutes les paroles. Concept intéressant, assez peu employé ... qui présente l'avantage pour l'artiste de faire un set assez court.
A noter la présence de choeurs d'enfant sur un morceau et qu'à la fin il viendront pour une chanson en rappel, chanson qui sera en fait chantée / hurlée par une fille du public au premier rang ce qui rendra tellement bien que je finirai même pas me demander si ce n'était pas prévu. Qu'importe ce qui est sûr c'est que toute la colline dansait et que lorsque le feu d'artifice à éclairé le ciel qui commençait à peine à s'assombrir, tout le monde avait le sourire aux lèvres.
Et c'est donc avec quelques milliers de personnes (sur le site ils prévoyaient 50000 sur la journée) que je me suis mis calmement en route vers le métro ... sans hâte, et à ma stupéfaction les wagons n'étaient même pas bondés (taille des station + fréquence des trains + distance entre le parc et la station qui avait dilué le foule + ... ?). Je suis rentré chez moi lessivé, desseché, les pieds on ne peut plus crades, mais ravi !
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Critique écrite le 03 août 2010 par Pirlouiiiit
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