Chronique de Concert
Muse
Muse amuse la galerie.
Début du concert : 21h15. Fin du concert : 22h30. (Prix de la place 170 francs...). Entre les deux ? Du vent. Trois nabots sur scène beuglant dès qu'un micro leur passait sous le nez, brassant de l'air et gesticulant jusqu'à épuisement (des fans). La muse a une sale gueule. Un peu l'impression de voir mon petit-neveu de cinq ans imiter Hendrix avec le balai de ma grand-mère devant ses parents médusés. Lui, on l'excuse, il a cinq ans.
Soyons sérieux, qu'est ce qui a cloché ? Tout, serais-je tenter de dire. Comment expliquer que des musiciens extrêmement compétents, professionnels, porté par une voix d'ange (pour simplifier, à mi-chemin entre Jeff Buckley et Tom Yorke) peuvent se permettre de patauger à ce point-là dans un rock balourd, surfait, sans surprises ni saveur ; bref, vide et creux ? Manque de culture musicale ? Pas évident du tout. Difficultés à assumer un héritage du rock British trop lourd à porter ? Peut-être.
Autant leur premier album laissait entrevoir quelques belles promesses : Envolées lyriques et poétiques, mélodies imparables, une liberté sous-jacente impétueuse et impertinente propre au rock, ce dernier album hésite entre rock vulgaire pour pub de camionneurs et musique d'autoroute pour gens pressés. Et c'est vrai que j'étais pressé de partir ce vendredi soir. Il faut bien l'avouer, Muse, c'est une baudruche vide. Esbroufe quant tu nous tiens. C'est très beau, très fort, très rutilant : Des guitares à quadruples manches qui font " zouuuinnnnn " dans tous les sens, pédales à effets, clavier à étages.... Mais ça ne tient pas la route plus d'une heure et quart de live. Muse est dans la mouise, jusqu'au coup. On va à un concert de Muse comme on va au MacDo en quelque sorte : Vite servi, vite mangé, vite digérée, vite oubliée. Un petit rot et au dodo.
Muse semble vouloir privilégier l'énergie rock par la forme plutôt que par son essence véritable : le fond. Le rock est tout, sauf du bruit et des apparences. Le silence peut s'avérer nettement plus puissant que la violence et l'énergie brute. Puis n'est pas Iggy Pop qui veut.
Au final que sauver de cette prestation à la Halle Tony Garnier ? Quelques vrais bons morceaux glam-rock du premier album : "Sunburn", "Cave" ou "Uno". Mais aucun du second. C'est peu ? Certes, mais c'est bien tout ce que peut faire Muse pour vous actuellement. Pour les fans de véritable musique rock tournez vous plutôt vers les vrais bons disques du moment : l'album de The Strokes, "Amnesiac" de Radiohead, le grandiose dernier disque de Noir Désir, ou, plus ancien mais toujours plus intéressant que "l'Origin Of Cimentery" de Mu-Muse, le "Black Market Music" de Placebo. Tournée à déconseiller donc, sauf aux fans purs et durs de Muse.
Critique écrite le 21 janvier 2002 par LaurentM
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