Chronique de Concert
(My) This Is Not A Love Song (TINALS) Festival 2017 : Bror Gunnar Jansson, Frank Carter & the Rattlesnakes, Slaves (+ Whitney, Kokoko, Laura Sauvage)
This Is Not A Love Song ! Ou plutôt TINALS, puisqu'on est désormais presque intimes, avec cette troisième édition pour nous (la deuxième en famille), où l'on est comme toujours venus en voisins et en parfaits touristes, désinvoltes et sandalés, pour une grosse demi-journée seulement, avec quand même la ferme intention de dépouiller notre premier compte Cashless ici - la dernière innovation hyper-pratique en festoche depuis l'an dernier, et qui manquait encore ici-bas ! Ce festival est donc vraiment définitivement "le place où être", même pour un petit saut dominical, d'autant qu'il est toujours gratuit pour les mômes, sur simple réservation. C'est aussi assez marrant, le dimanche, d'y croiser nombre de collègues marseillais.es et autres, en partie carbonisé.e.s par leur déjà 1 ou 2 jours dans les pattes...
Rien n'a changé ici ! Programmation au poil, jauge raisonnable, accueil sympa, cadre quasiment idyllique et créativité des sides attractions (y compris pour les kids - confection de collier de bonbons, instruments bricolo électro-zarbis, console de jeux où l'on joue avec une fourchette et une cuiller, etc etc), pour les grands un choix très correct de bières (Grim ambrée en pression ? super !) et une qualité constante de la nourriture (cette année il y a même des glaces - à cause de nos menaces amicales de l'an passé ?). On en a déjà fait des tartines sur de précédentes chroniques pour expliquer tout le bien qu'on pensait du plus grand des petits festivals, les liens sont en bas de page, si besoin ! Petite nouveauté, trois vraies scènes dehors - à vrai dire notre petit programme du jour ne nous amènera pas vraiment dedans, et notamment pas dans la "huuuuuge venue", en tout cas pour cette fois.
Par contre, le premier concert sera bien à l'extérieur ET à l'intérieur de la grosse bête ovoïde qu'est la Paloma, en son ouverture carrée et centrale du patio. Autrement dit l'endroit le plus frais et ombragé en ce milieu d'après-midi caniculaire, pour rejoindre Bror Gunnar Jansson, qu'on a quitté il y a quelques semaines à peine à Marseille ! Son concert avait été annoncé pour les enfants - et pas mal de minuscules semblent avoir profité de la gratuité de l'après-midi pour y amener spécialement leurs parents, à en voir la concentration de petits casques verts et autres têtes juvéniles couronnées de fleurs... Une charmante scène en bois a donc été installée, le bar et les gradins tendent aimablement les bras aux festivaliers assommés de chaleur et de soif... que nous sommes déjà, quitte à les inciter à la dissipation...
A vrai dire le Suédois, moins habillé que d'habitude - c'est à dire pieds nus et en marcel plutôt qu'en chaussettes et complet-veston - déroule une setlist assez semblable à notre souvenir (à l'exception de son tubesque Ain't No Grave, sauté cette fois hélas). Son blues habité, parfois hanté ... et parfois presque joyeux (par exemple sur un passage très Son House, joué à l'ukulele, la classe), est parfait pour ambiancer un patio foutrement agréable. La performance et la magnétisme naturel du gaillard s'avèrent suffisamment intéressantes pour scotcher les enfants placés devant lui, même s'il n'y a pas d'interactions particulières avec eux. On ne peut pas demander non plus à Buster Keaton de devenir soudainement Bozo le Clown... N'empêche que le gars Bror Gunnar, recroisé plus tard sur le site et avec qui on a papoté quelques instants, est tout à fait sympathique - Joshua et lui se claqueront même un "gimme five !" joyeux. Vive le blues suédois !
S'en suit pour nous un tour du site en bonne et due forme, pour visiter et valider toutes les activités déjà citées. Il y a toujours le sosie ventru d'Elvis qui marie joyeusement les gens au "Las Tinals", au nom de Saint John, Saint Paul, Saint Ringo et Saint George, ainsi que divers jeux de plein air en libre service. J'ose à peine citer les braves Whitney, observés quelques instants sur scène mais qui ont eu pour principale fonction, avec leur soul/pop agréable, d'ambiancer notre déambulation, et la découverte d'un stand de glaces inédit, une dégustation radassés dans des transats, puis un passage important au stand "makey makey" de bricolages électroïdes indéfinissables et marrants à la fois. On nous permettra de remercier en passant son animatrice, pour sa pédagogie et surtout sa grande patience avec les minots... Retour aux concerts, il est temps !
Sous ses airs de petite frappe bagarreuse tout droit sortie de l'équipe B des Peaky Blinders, Frank Carter est en fait l'un des artistes les plus aimables du circuit rock ! Et il porte un putain de costume noir en plein soleil ! Comme aux Eurocks avec Gallows il y a quelques années, il passera en fait ses intertitres à remercier, applaudir le "fooking nice poblic" et tout le staff, vanter le festival, s'avérant furieusement attachant et excellent entertainer. Si leur rock bruyant, tirant sur le punk et parfois sur le metal (Paradise, dédicacée aux victimes du terrorisme), n'est pas forcément de ceux qu'on réécouterait trop souvent à la maison, si la voix du chanteur reste un peu limitée, Frank Carter & the Rattlesnakes livrent en tout cas un show réjouissant, plein de breaks et de harangues très efficaces pour exciter le public...
Et surtout, un show participatif où tout un chacun doit se baisser, crier, clapper ses hands, et où les plus motivés peuvent aussi porter le chanteur (qui est déjà debout sur le public au 2e titre !), puis le guitariste, voire faire à sa demande un circle pit en courant autour de la tour-son... idéal pour celles et ceux qui ont un excédent de bière à faire descendre. Pour finir le petit rouquin s'excuse de ne pas pouvoir jouer plus longtemps, au risque de se consumer, lui et sa peau d'irlandoche rose, tout comme un vampire... Avant de dédicacer le dernier morceau à la personne que nous haïssons le plus au monde - en nous suggérant Theresa May et Donald Trump, si jamais on a besoin d'idées. "This is not a love song", indeed... mais what a cool gig ! Notre enfant en a d'ailleurs apprécié le premier tiers et supporté le deuxième, dans l'espoir (déçu cette fois) de se faire filmer par la caméra-grue comme l'an passé. Damned, on était pourtant pile en dessous... Mais savoir se faire voir, c'est un métier !
On reconstitue notre petit groupe autour de la fin des Kokoko, sur la nouvelle scène Bamboo, qui alignent des costumes Devo-style et des instruments bricolés main (par exemple une sorte d'orgue en bouteilles d'eau plus ou moins pleines, joli son !), pour une musique dansante voire pétaradante, afro-électro, dans une ambiance survoltée par un frontman joyeux. A revoir à l'occasion... ils sont de la même matrice que les Staff Benda Bilili ! Tout comme cette brave canadienne Laura Sauvage serait à réécouter éventuellement, elle qui avec son groupe essaye avec un certain succès d'imiter Courtney Barnett (en jouant moins fort, heureusement). L'avantage des groupes venus du froid étant que le soleil les met de fort bonne humeur. Alors que nous, horribles blasés régionaux, nous en sommes déjà à pester contre cette canicule, avant même le début de l'été...
C'est le moment des Slaves, le climax attendu de l'aprème, notre p....n de révélation sur scène, puis sur disque de 2015, et qui continue son petit bonhomme de chemin. Assez rapidement, les deux petits lads marrants en arrivent à l'énorme Sockets, dont Joshua adore le clip, puis la basique et jouissive Fuck the Hi-Hat. Eux aussi sont super sympas et viennent faire des mamours à la sécurité, comme Franck Carter avant eux... Et leur petit chanteur bavard se baladera un moment dans le public pour parler de baston entre filles, entre deux footings effectués en jouant de sa batterie. Il peut être serein : ce n'est pas dur de cartonner avec des titres jouissivement basiques comme Spit it Out ! Leur premier tube Cheer Up, London ! a une résonance particulière pour nous : si le titre, joué dans le rouge mais toujours jouissif, déplore le tirage de gueule habituel des Londoniens, nous avons aussi pu apprécier sur place la semaine dernière leur flegme, efficace résistance naturelle face à une attaque terroriste...
Lies est évidemment dédicacée, encore, à l'affreuse Theresa May (on serait anglais, on lui en voudrait aussi pour ses mensonges, à cette vieille radasse, charismatique comme un reste de fish'n'chips ayant trois jours de poubelle). Evidemment le peuple anglais aime l'Europe et nous aime, et nous l'aimons fraternellement en retour, une évidence qu'on rappellera juste en passant, tout comme l'ont fait les Slaves pendant leur show (ça devient presque une tradition, même les pisse-froid de Massive Attack nous ont déclaré leur flamme à Paris l'été dernier !)... Après un petit ventre mou vers la fin du concert, les Esclaves (peu dociles quand même) concluent néanmoins idéalement avec The Hunter, incontestablement un de leurs meilleurs titres. "You Keep It ! We don't want it !" ... Parlons-nous à nouveau du Brexit ? Le gimmick hurlé et le riff jouissif sont en tout cas le genre de truc qu'on emporte agréablement dans sa tête pour la fin de la journée !
Le soleil ayant percuté l'horizon, avec un kid surexcité, tout crasseux et hilare (alors qu'il est théoriquement déjà au lit) et avec une grosse heure de voiture à faire, c'est hélas déjà l'heure de repartir pour nous - tant pis pour Baroness et Black Angels, pour l'initiation du petit au metal et au rock psychédélique texan, on verra une prochaine fois... A signaler un petit miracle dû à Saint Elvis sur le retour, un diner accueillant (et plutôt bien imité y compris dans l'assiette !), trouvé totalement par hasard sur une aire d'autoroute (Memphis Coffe / RN 113 / Les Cantarelles), ce qui concluera parfaitement cette belle journée. Thank you & see you again, TINALS !
Flashback : comment on a déjà flâné tout aussi efficacement ici en 2016, et en 2015...
Critique écrite le 14 juin 2017 par Philippe
Envoyer un message à Philippe
Voir toutes les critiques de concerts rédigées par Philippe
This Is Not A Love Song Festival : les dernières chroniques concerts
Prettiest Eyes (This Is Not A Love Song Festival - TINALS 2019) par Pierre Andrieu
Paloma, Nîmes, le 01/06/2019
Samedi 1er juin, minuit, Nîmes, la dernière journée de TINALS 2019 touche à sa fin et l'on commence à être passablement chaud (on vient de s'enquiller cul sec Fontaines... La suite
Warm Drag (This Is Not A Love Song Festival - TINALS 2019) par Pierre Andrieu
Paloma, Nîmes, le 01/06/2019
Bien mis en jambes par le set explosif de Fontaines D.C., qui lance parfaitement le dernier jour de TINALS sur la scène extérieure Mosquito, on arrive à température idéale... La suite
Low (This Is Not A Love Song Festival - TINALS 2019) par Pierre Andrieu
Paloma, Nîmes, le 01/06/2019
Au milieu d'une programmation de haut vol lors du dernier jour de TINALS (Fontaines D.C., Warm Drag, Rendez-Vous, Shame, Prettiest Eyes et Johnny Mafia), le cultissime... La suite
Fontaines D.C. (This Is Not A Love Song Festival - TINALS 2019) par Pierre Andrieu
Paloma, Nîmes, le 01/06/2019
Déjà vu en pleine possession de ses moyens à La Coopé en octobre 2018, c'est à dire bien en amont de la sortie de "Dogrel", son premier album en forme de gifle indie rock... La suite
Bror Gunnar Jansson : les dernières chroniques concerts
Bror Gunnar Jansson + Muddy Gurdy par Pierre Andrieu
Le 106, Rouen, le 16/09/2020
Très belle affiche franco suédoise et 100% blues rock avec Muddy Gurdy et Bror Gunnar Jansson au 106 de Rouen mi septembre. Pour sa réouverture, la superbe salle située sur les... La suite
Bror Gunnar Jansson + Yannick Owen par Nino
Le Périscope à Lyon, le 18/11/2017
Une soirée sans fioritures se profile ce soir au Périscope, jolie salle lyonnaise dont la taille et la configuration favorisent la proximité et l'intimité d'une écoute... La suite
Bror Gunnar Jansson + Whitney + Frank Carter & The Rattlesnackes + Pond + Black Angels + Teenage Fanclub (This is Not a Love Song - J3) par g
Nimes, le 11/06/2017
THIS IS NOT A LOVE SONG. ... But This a (good) live song.
Dimanche, 11 juin 2017. Nous avons raté les jours un et deux mais les retours, glanés de ci, de là sur le site sont... La suite
Bror Gunnar Jansson par Prakash
Poste à Galène, Marseille, le 09/05/2017
C'est mon grand retour aux chroniques ce soir...après trois mois d'absence à cause d'un empêchement de 51 cm et 3 kg 6 ! Et ce come-back se fera au Poste à galène ce mardi pour le... La suite
Frank Carter & The Rattlesnakes : les dernières chroniques concerts
(mon) Hellfest 2024, 3-3 : Sang Froid, Destinity, Pensées Nocturnes, Dool, Scowl, Rendez-Vous, Therapy ?, Frank Carter & the Rattlesnakes, Sierra, Queens of the Stone Age, Offspring, Madball, Rival Sons, Cock Sparrer (+ Conférence de presse QOTSA, Show me the body, Corey Taylor) par Philippe
Site du Hellfest, Clisson, le 30/06/2024
Hey ! Mais comme le temps est passé vite, c'est déjà le toujours-difficile-3ième-jour-au-Hellfest ? Sauf qu'il va être plus facile que d'habitude. Déjà parce qu'on a étonnamment... La suite
Paléo Festival de Nyon 2023 : Louise Attaque, Interpol, Black Eyes Peas, Phoenix, Fomies, Sampa the great, Adekunle Gold, Frank Carter and the rattlesnakes par Lionel Degiovanni
Paléo Festival, Nyon, le 18/07/2023
Retour encore une année à Paléo Festival, édition 2023 avec pleins de beaux artistes et comme chaque année il y en a pour tous les goûts ! Chose à noter : il fait une meilleure... La suite
Frank Carter & The Rattlesnakes + The OBGMs par Jm71
La Cigale, Paris, le 02/12/2022
C'est par un temps hivernal et bien glacial que nous rejoignons La Cigale, juste à temps pour le début du concert. A peine le temps de passer prendre une bière au bar que les... La suite
Rivals Sons, Liam Gallagher, Frank Carter and the Rattlesnakes (Festival Beauregard 2022) par Lebonair
Domaine de Beauregard, Hérouville-Saint-Clair, le 08/07/2022
La 12ème édition du festival Beauregard a refermé ses portes dans la nuit de dimanche à lundi après un 41ème concert. C'est le célèbre DJ français Martin Solveig qui s'est... La suite
Slaves : les dernières chroniques concerts
Yak, Slaves, Foals, It It Anita, Crack Cloud, Deerhunter, Jacco Gardner, Flavien Berger (Festival Check In Party 2019) par Dissy
Guéret, le 24/08/2019
Un festival de rock indé dans la Creuse ? Qui aurait pu le croire ? C'est pourtant le magnifique cadeau que nous ont fait Terre du Milieu et Shut Up & Dig !, les deux assos à... La suite
Download Festival 2018 : Wolf Alice - Royal Republic - Slaves par Lebonair
Base Aérienne - Bretigny sur Orge (91) , le 17/06/2018
Présentation Download France 2018 - 3ème édition
La troisième édition française du Download Festival s'est déroulé durant 4 jours du 15 au 18 juin dernier sur la base... La suite
Oh Sees, King Gizzard & The Lizard Wizard, Slaves, Pond, Frank Carter, Coathangers, Black Angels, Turbonegro, Primal Scream, Yassassin, Death Grips, HMLTD, The Make-Up, Teenage Fanclub, Laura Sauvage, Requin Chagrin, Archie & The Bunkers, Echo & The Bunnymen, Royal Trux, Hidden Charms, The Blind Shake... (This Is Not A Love Song Festival 2017) par Pierre Andrieu
Paloma, Nîmes, le 11/06/2017
Edition 2017 très réussie pour le This Is Not A Love Song Festival 2017, à Paloma (Nîmes), avec moult concerts de dingue en plein air par plus de 30 degrés ou dans la salle... La suite
Slaves (This Is Not A Love Song Festival 2017) par Pierre Andrieu
Paloma, Nîmes, le 11/06/2017
Dimanche 11 juin 2017, 20 heures... Plutôt que d'être le cul posé sur notre canapé devant notre putain de télé à attendre fébrilement les résultats des élections législatives... La suite
Paloma, Nîmes : les dernières chroniques concerts
Ibeyi + Yellow Straps par Lionel Degiovanni
Paloma, Nîmes, le 26/11/2022
Ce soir, retour à Paloma pour le duo Ibey, que j'ai vu à ses débuts. En attendant de les retrouver, je découvre la première partie qui est assurée par Yellow Straps.
Yellow... La suite
Julien Granel & Miel de montagne par Lionel Degiovanni
Paloma, Nîmes, le 27/10/2022
Retour à Paloma (Nîmes) pour revoir Julien Granel, un artiste que j'avais croisé cet été lors d'un festival. Avant de le retrouver, je découvre en première partie le groupe Miel de... La suite
Phoenix par Lionel Degiovanni
Paloma, Nîmes, le 01/06/2022
Ce soir-là, retour sur Nîmes pour aller revoir un groupe bien français qui chante exclusivement en anglais, il s'agit de Phoenix, qui revient avec un nouvel album tout frais... La suite
Blumi + The Divine Comedy par Philippe
Paloma, Nîmes, le 19/03/2022
Retour enchanteur à la salle Paloma de Nîmes, ce samedi soir, où l'on était pas revenus - hélas - depuis le merveilleux festival TINALS en 2019. Festival dont on est toujours... La suite