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Chronique de Concert

My park, , Plastiscines, Pravda, Suricates

Cartonnerie, Popart Reims 26 mai 2007

Critique écrite le par

Ah oui, mes amis, il fait bon vivre à Reims. Le TGV va venir dans quelques jours. Beaucoup d'espoir dans la ville. Beaucoup d'espoir pour tous les porcs qui veulent se faire de l'argent, beaucoup d'espoir pour les promoteurs immobiliers, qui déjà se frottent les mains de voir grimper les prix, beaucoup d'espoir pour tous ces parasites qui déjà râlent que ça ne monte pas assez vite.
Enfin, en attendant le TGV, en attendant la mort dans d'atroces souffrances de ces criminels, en attendant que les petites gens retrouvent un jour un emploi simple et funky, on peut, pour qui a un minimum d'argent (qui a dit tout le monde), on peut s'amuser à Reims.
Moi, je m'amuse. Mon genou ne veut plus, mais je m'amuse. Samedi dernier, il y avait à la Cartonnerie, une affiche fort intéressante avec trois groupes où les femelles avaient le premier rôle.

My Park + Plastiscines + Pravda



J'étais impatient de voir My Park. Ce sont des locaux. Un duo Mi-Yung (ou bien Marie) Park et François Pavan. C'est de la musique électronique pour danser dans des positions lascives. Une voix sensuelle et des textures qui vous posent là. Un de leur titre, leur single Seventeen a été repris dans une publicité pour un parfum Lancôme. Samedi, ils ont sorti le grand jeu. Ils étaient six, peut-être même sept (j'étais dans un coin de la scène d'où je ne voyais pas tout). En tout cas, j'ai bien vu une batteuse, un bassiste, un guitariste, un percussionniste, un machiniste et une chanteuse. Cela valait le déplacement. Il y avait du son, de l'attitude et donc cette chanteuse Mi-Yung qui remue du popotin à qui mieux mieux.
La dernière fois qu'une fille a dansé comme ça devant moi. Je lui ai roté à la figure. J'étais tellement mal à l'aise. C'était une polonaise, elle ne l'a pas trop mal pris. L'autre soir, je n'ai pas ressenti le besoin de roter, mais celui de bailler plutôt. Je ne dors pas autant que je voudrais en ce moment. Beaucoup de travail, beaucoup de sorties, mon petit corps a du mal à suivre. Je ne demande qu'à rester éveillé, mais au premier décrochage de mon cerveau, le sommeil demande sa petite part.
Mon cerveau a donc décroché devant My Park. Cette musique m'a anesthésié. C'est dansant, c'est bien clair, mais c'est aussi saoulant. De la musique de peep-show. Suggestive mais glaciale. Je n'ai pas trouvé une mélodie, un refrain, un riff auxquels me raccrocher.



De la couleur, des cheveux blonds, de fines gambettes, du rock bêta, des chansons à l'ancienne, les Plastiscines nous ont offert un délicieux contraste. Je suis bien prêt à croire qu'elles soient plus garces que Mi-Yung Park, mais en tant qu'images, les Plastiscines me furent un régal. Mignonnes, mignonnes, mignonnes. Oh mais regardez-moi ces robes. Comme c'est court ! Sans qu'on voit la culotte ! Quel style !
Et la musique ? Très bien la musique. Pas plus original que My Park dans leur registre, mais c'est frais avec une touche rétro assez charmante. Dans la salle, il y avait plein de gamines venues exprès pour elles. Des gamines qui se mettent à écouter du rock'n'roll et à gueuler comme des crétines. Certaines furent déçues de ne pas entendre tous les titres du LP1. On eut droit tout de même à leur tube Loser, et surtout, à plusieurs nouveaux morceaux, très prometteurs. Elles firent aussi une reprise These boots are made for walking de Nancy Sinatra, dans une version rocky. Elles ont du peps ces jeunettes. Si au tout début du set, j'avais l'impression qu'elles étaient mal assurées, les yeux collées sur leur manche, la suite a montré qu'elles savent tenir une scène. Pas seulement, faire les bêtasses en demandant au public de taper dans les mains, elles savent prendre leurs instruments, leurs micros, leurs yeux de chattes et remuer tout ça. Elles ne méritent pas tous les quolibets récoltés en réaction à leur surexposition médiatique. Elles méritent des bises ces filles, elles méritent des applaudissements et toute notre attention quant à la suite de leurs aventures.



Je me souviens de Pravda. Je les ai vus il y a deux ans, à Paris, au Nouveau Casino, en première partie de The Go Team!. Ils avaient les cheveux plus longs et, détail piquant qui rendait l'ensemble improbable, il y avait sur scène un troisième acolyte qui ne servait à rien. J'avais bien ri.
Cette fois aussi, j'ai bien rigolé. Il y a un côté grand guignol dans cette musique. Sue (pour Suzanne), la chanteuse, a une voix glaciale, un regard sévère, comme dans My Park. Comme dans My Park, la base est électronique. Ils ne sont que deux sur scène et joue par-dessus un ordinateur. Mais le tout avec une énergie rock, une envie de communiquer avec le public, de faire la fête. Y a qu'à écouter les premières notes de clavier, au tout début de leur set, on croirait entendre de la disco italienne du tout début des années 90. Faut oser.
Faut oser aussi enchaîner l'Enter Sandman de Metallica avec le I need des Buzzcocks. Vous en rêviez Pravda l'a fait.
Et puis, il y a le scotch. Sue a passé la majeure partie du concert avec le torse recouvert de bandes de scotch. C'est l'identité visuelle du groupe ce scotch (voir la couverture de leur album A l'ouest). Ainsi qu'un motif d'excitation pour une bonne partie du public. "Le scotch, le scotch !", réclamé par de mâles voix à chaque pause entre deux morceaux. Plus le concert progressait et moins il y avait de scotch sur le corps de la chanteuse, jusqu'à qu'il n'y en ait plus qu'une bande, et quelle bande !

A la toute fin, Sue jette ce fameux morceau de scotch au moment de retrouver son blouson en cuir et les loges. Et l'heureux gagnant fut Buko. C'est lui, là, à droite, une vraie tête de vainqueur.



Grisé par cette prise, il poursuit la soirée au Popart, un établissement sis rue de Neufchâtel. Je le suis. Là-bas, on espère entendre les disques de notre camarade De Fursac. Sauf que là-bas, il y a aussi des groupes qui jouent de la musique en vrai avec des instruments. Trois groupes Coma, Teh Traxx et Suricates. Nous entendons les dernières notes de piano de Coma au moment où nous rentrons dans l'établissement. A l'entrée, les fans de De Fursac trépignent : "Ouah, c'est vraiment horrible, ce truc à la Coldplay !" Tous les groupes ont déjà joué une première fois et c'est reparti pour un tour de piste. Le De Fursac déprime derrière ses platines. On vide des godets en écoutant les reprises des Ramones de Teh Traxx. Correct. Rien à redire, mais on attend toujours Dj De Fursac et son mix post-punk new wave. Certains s'ennuient. Certains partent. Le set de Teh Traxx terminé, on se dit que ça y est, c'est bon, le De Fursac a le temps de passer quelques titres, mais ce n'est qu'un pétard mouillé car les Suricates se remettent à chanter.



Je n'ai pas trop fait attention à eux pendant un moment. Ils ne ressemblent à pas grand-chose, faut dire. Mais au bout de quelques titres, je me rapproche de la scène, attiré par les harmonies vocales de ces beauvaisiens (de Beauvais, des Picards). Le groupe se compose de deux filles et deux garçons. Une fille joue de la basse, l'autre de la guitare, un garçon fait le batteur, l'autre tient une guitare. Là où ça devient très intéressant, c'est au niveau du chant. Bon, le batteur reste muet (si je me souviens bien), mais sinon, suivant les titres il se répartit entre les trois restants. Il y a des titres chantés uniquement par le garçon-guitariste, d'autres uniquement par l'une des filles et d'autres où les trois s'y mettent ensemble ou à tour de rôle suivant les couplets. Ca m'a vraiment plu que j'en aie vocalisé moi-même et d'autres mecs à coté de moi, totalement saouls, s'y sont mis aussi, essayant de se frayer un chemin jusqu'à un micro.
Les morceaux des Suricates m'ont fait penser à Sleater-Kinney, un défunt trio féminin de Portland (Oregon). C'était bien rock et plein d'harmonies. J'étais très heureux de cette surprise. Vraiment très heureux.

Bon... après ça, on aurait pu croire venu le tour de De Fursac et sa sélection, mais non... Sensibles à la chaude ambiance dans le bar à la fin des Suricates, les Teh Traxx se sont finement glissés sur scène pour un bœuf toujours plaisant, mais décidément pénible pour les aficionados du De Fursac. Sans compter les deux arsouilles évoqués plus haut, qui continuaient à vouloir gueuler dans un micro tout en dansant avec des verres pleins les mains.
Plusieurs de ces verres finirent en morceaux au sol. Le sol crissait sous nos sauts. Je ne sais pas par quel miracle les deux picolos réussissaient à se faire servir de nouveaux demis. Pas une très bonne idée de la part des gens au comptoir. Tellement pas une bonne idée, qu'il y eut un début de bagarre et que nos deux amis furent mis à la porte.
Rien de grave parce qu'à ce moment, les Suricates et les Teh Traxx avaient définitivement rangé leurs instruments et... oui... De Fursac secouaient les platines. Allelouïa !!! Il était près de trois heures, heure de la fermeture officielle du Popart. Cela ne dura donc pas longtemps. Mais quel mix ! Je m'en suis retourné le genou. Je l'avais déjà mis à épreuve le samedi précédent lors de la soirée jerk de l'Opération kangourou. J'avais fait la roue et mon genou avait fait la moue. Pfff, quel con ! Et là rebelote, je saute, je saute, parce que la musique, quoi, la musique, la musique, saute, saute, saute, et crac boum hue le genou. Vraiment un connard ce genou.
J'ai résisté tout de même et j'ai persisté, saute, saute, saute, saute. Le De Fursac prenait sa revanche sur les guitares. De l'électro juste de l'électro. Je ne connaissais rien. Pas grave. J'ai sauté, sauté, sauté. Quelle joie ! Par contre, là, il y a quelque chose que je n'ai pas compris. D'habitude, les filles, elles aiment bien danser. Il y en avait là, des filles, dans la salle de ce bar, mais, mais, mais, elles ne dansaient pas. Elles restaient assises sur le côté. Nous étions juste des garçons qui dansions.




 Critique écrite le 01 juin 2007 par Bertrand Lasseguette


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