Chronique de Concert
Mystic Braves, La Perla, The Loire Valley Calypsos, Dj Vicente
L'été fini, l'automne est bien présent depuis une bonne semaine, et le temps qui va avec c'est-à-dire du vent et de la flotte. Mais ce soir, à La Sirène, pour la soirée d'ouverture de saison, sortez les lunettes de soleil et votre plus belle chemise à fleurs, car vous allez vous prendre une belle vague de chaleur in your face.
Le complexe de La Sirène se situe dans le quartier de la Pallice à La Rochelle. Lieu culturel crée en 2011, la configuration pensée par l'architecte Chloé Bodart est palpitante. 3 univers sur un même lieu, Le QUAI pour les répétitions, Le BALCON pour le côté bar et club/concert plus intimiste et Le CAP pour la salle de concert de 1200 personnes. A noter que Chloé Bodart est également en charge de la construction de la nouvelle salle de concert de La Roche sur Yon. Originaire de Vendée, ceci me donnera un aperçu de mon futur point de chute musical yonnais d'ici un an.
A la tête du navire, l'association XLR a pour but de développer et promouvoir les musiques actuelles, notamment par le biais d'organisation de concert, mais également par la mise à disposition de studios de répétions pour les artistes.
En arrivant en voiture, j'aperçois au loin un immense chapiteau jaune : Sirène en vue ! Je ne m'attendais absolument pas à ça, et c'est une excellente surprise. Pour atteindre la salle, il faut gravir les marches articulées en 2 allées au milieu desquelles trône une sculpture en fer. Le hall est d'un rouge pétant, un peu circus, peut-être pour faire rappel au chapiteau au-dessus de l'établissement. Après avoir échanger un petit mot sympathique avec le service de sûreté à l'entrée pendant le contrôle vigipirate, j'entre enfin dans ce nouveau lieu, avec la hâte de tout découvrir !
Le concert devrait commencer d'ici une demie heure. Cool, relax, j'ai le temps ! Avec Bertrand le photographe, on se prend une petite mousse au bar. Cette salle peut accueillir environ 450 personnes. Le fait qu'il y ait deux bars de chaque côté de la salle, est plutôt judicieux aux vues de l'affluence. La déco, l'ambiance, la lumière, il y une âme particulière et une belle identité dans ce lieu.
Les gens autour de moi ont l'air contents d'être en week-end. Du jeune couple de retraité au jeunes actifs bobotisés, tout le monde se mêle dans cet endroit avec fluidité. Qui dit bière dit clope, vite il faut sortir ! Nous sommes sur le pont, une clope au bec, un verre à la main. Apparemment il y a une expo juste en dessus, il suffit de descendre les escaliers à notre droite. C'est chose faite.
Une autre salle en bas aussi, avec un bar, un DJ (Dj Vicente) et une terrasse donnant sur une fresque géante d'artistes des 70 dernières années, de l'autre côté d'une voie ferrée. Sous l'il amusé de Ray Charles, les noctambules s'offrent du bon temps à siroter leur cocktail en s'aromatisant de nicotine. Je découvre avec joie l'expo de David Snug ! Je ne connaissais pas ce monsieur. Ce journaliste musical, touche sa bille en dessin mais pas en orthographe, n'en déplaise à certains. Sous la majorité de ces uvres d'un style caricatural, on trouve un article de presse. Cet homme a une écriture plutôt grinçante et cash, voir trash ; j'ai envie d'appeler ça, le crash ! Le format de cette expo, le styles des dessins et le ton donné me fait penser dès la première minute à la série-reportage de Mike Judge Tales from the Tour Bus. Je recommande vivement l'expo de David Snug, si vous aimez le rock, vous passerez un bon moment, faîtes-moi confiance.
Allez allez , fini de beuguer devant des dessins de mecs et gonzesses shootés, alcoolisés et moitié torse-poils, maintenant place à la zik' ! J'escalade les marches pour revenir au niveau 1, c'est plus dur dans ce sens, surtout pour une sportive comme moi.
La salle est juste blindée, complètement blindée, digne d'une soirée d'ouverture ! Pour démarrer les festivités voici The Loire Valley Calypsos. Les 4 jeunes hommes s'installent sur scène.
Chemises à fleurs, instru à la main, et le smile greffé sur leurs bouches, ils s'exécutent dans une proposition peu commune pour un groupe français ; chanter dans un anglais francisé sur des airs de calypso. Pour avoir vu la reine du Calypso cet été, Calypso Rose et son groupe, j'avoue que j'attendais ces 4 garçons au tournant. Leurs origines du Maine Et Loire seraient plus propices à une musique guinguette, avec des bottes en caoutchouc, un béret et un accordéon pour rester sur le ton de la caricature primaire. Quelle idée leur est passée par la tête de vouloir se lancer dans ce style musical périlleux et où d'autres excellent ? Et bien ces 4 mecs, ils ont eu raison ! C'est extra, c'est caliente, ça danse.
Le percussionniste fait des loops de maracas. Je ne le sais pas encore, mais la maraca sera l'instrument phare de cette soirée. Il y aura de la maraca à chaque groupe. L'équipe de la Sirène avait-elle lancé un fil rouge aux artistes ce soir ? Les morceaux s'enchaînent. Shake your cocotier nous lance le chanteur. Forcément on a envie de remuer le popotin non-stop embrigadé par le rythme du calypso de The Loire Valley Calypsos. Je me vois bien sur la plage, un bon verre de malibu ananas à la main (c'est vieillot le malibu, mais c'est bueno), à l'ombre des cocotiers, avec une bande de bons copains pour faire la fiesta. Mais alors il fait chaud dans cette salle, très chaud, trop chaud. Je sors pour prendre l'air, c'est trop pour moi.
C'est à ce moment-là que The Loire Valley Calypsos entame la formidable chanson dont je ne connais pas le nom mais qui est la bande originale du film Beetle Juice, un de mes films préférés. Ouuuuaaah chapeaux les artistes ! Le défi est vraiment relevé avec brio.
Avec Bertrand, nous nous octroyons un petit moment chez le disquaire de la salle. Sympa cette idée aussi. Bertrand trouve un vinyle de Tom Novembre qu'il s'empresse d'acheter. Nous allons à la voiture pour s'alléger un peu en épaisseur et en sac afin de mieux profiter des deux prochains groupes.
Arrive ensuite, La Perla, trois jeunes musiciennes chanteuses percussionnistes colombiennes. Un concept percu/voix influencé de musique traditionnelle colombienne, de cumbia, de rythme afros. La Perla fait l'unanimité auprès du public qui se trémousse et gigote en suivant le rythme administré par le trio. Les jeunes femmes aux habits plutôt sobres et sombres sont ornées de jolis colliers colorés, tels des oiseaux habillés de leurs plus jolis apparats. Des colliers de perles flashy, j'imagine pour faire référence à leur nom de groupe La Perla.
Et ceci ne va pas sans me rappeler le dessin animé Rio, et la fameuse chanson Tous les oiseaux, lorsque l'une des artistes s'enflamme sur des chants d'oiseaux incorporés dans le morceau. Elle assure, c'est vraiment original. D'ailleurs Perla, c'est le nom d'une des protagonistes de cette histoire. Voilà, c'est mon côté enfantin qui prend le dessus, mais j'avoue que c'est une coïncidence assez drôle. Chacune leur tour, elles prendront part, tantôt au chant, tantôt au chur, tantôt à la percu, au tambour, à la flûte et aussi aux maracas.
Et oui, deuxième set pour nos fameuses maracas. Mais là, c'est un jeu de cet instrument chorégraphié que j'ai devant les yeux, un vrai spectacle de maracas. Ça ne ressemble en rien à mon jeu, dans mon salon le soir avec les potes lors d'un buf improvisé. Il y a une vraie technique et une impressionnante subtilité. Parfois j'ai l'impression d'entendre un cheval fou au galop, parfois un petit insecte qui grésille un soir d'été. Je suis sous le charme de ces 3 artistes qui ont tout juste entamé leur tournée en France la veille. Elles vont parcourir le pays au cours des prochaines semaines pour assurer encore 24 dates.
La chaleur est montée d'un cran grâce à ce trio mais aussi au sens littéral du terme, c'est la chaleur humaine. Je ne sais pas si lors de chaque soirée programmée à La Sirène il y a autant de monde, mais j'avoue que je suis bluffée. On circule difficilement, chaque espace, chaque recoin est occupé par de joyeux noctambules. Au bar, ils assurent, ils enchaînent, ils speedent pour satisfaire chaque visiteur au plus vite, l'attente est quasi inexistante. Autant dire que c'est agréable de pouvoir se désaltérer quasi instantanément avec une température humaine et festive comme celle de ce soir.
Les Mystic Braves arrivent pour faire leurs balances. Je suis contente, j'ai réussi à me mettre tout devant cette fois-ci. Ces 5 garçons, comme sortis tout droit d'une machine à remonter le temps, au look des années soixante commencent leurs balance. Coupes de cheveux approximatives, moustaches obligatoires et côté habillement c'est complètement décalé. Ceci va prendre un peu de temps, et le public commence à chauffer gentiment.
Il y a 2 jeunes groupies juste devant le chanteur qui en profitent pour prendre des clichés avec leur GSM. Au fur et à mesure les gens se rapprochent, et mince, 3 grands dadais se plantent devant moi. J'ai envie de leur exprimer mon mécontentement, mais au final je les trouve véritablement touchants. Ces trois jeunes hommes sont visiblement de vrais fans du groupe. Je laisse couler et me décale en essayant de trouver un champ de vision plus adapté. Alors voilà, je cherchais depuis le début de la soirée le petit hic : rien ni personne n'est parfait. A mon avis, la scène pourrait être surélevée de quelques dizaine de centimètres pour permettre à tous de mieux profiter. Je me doute aussi, que cette proximité artiste et public a été étudié adroitement avec cette scène un peu plus basse.
Les musiciens sont positionnés en ligne, sauf le batteur en retrait. D'ailleurs parlons-en de ce batteur. Je le scrute et il semble tout à fait l'ouest, un peu enfumé le mec. Je m'interroge, qu'est-ce que ça va bien pouvoir donner cette histoire ? Bon, les autres aussi on l'air enfumé, mais le batteur tout particulièrement.
Enfin, le show commence, et notre batteur fly away, sort des maracas. Yes, on retrouve nos maracas. Pas du tout avec la même sensualité que la jeune femme de La Perla, mais il y en a aussi ici. Leur rock est bon, léger, un peu love parfois. Le public est très réactif. Les 3 jeunes fans devant moi sont aux anges. Ils ont l'air de connaître chacune des paroles de toutes les chansons.
Le style rock psyché, oui, il est bien là. Principalement des sonorités aux influences des Doors, The Pretty Things ou encore The Velvet Underground, sont faciles à distinguer, mais parfois il me semble entendre un peu de REM ou RadioHead. Julian, le chanteur guitariste a une voix claire et maîtrisée, sans trop de lâcher, un peu comme pour raconter des histoires à son public. Ces paroles sont distinctes, ceux qui parlent un peu anglais comprendront facilement les paroles. C'est sympa aussi de comprendre ce que le mec en face de nous est en train de chanter. Toujours niveau vocal, il n'a pas besoin de forcer, vu la proximité avec le public.
A la guitare, il assure, tout comme le batteur sur lequel je me permettais d'avoir des doutes. Il nous sort des rythmiques bien distinctes. En retrait, par rapport à cette ligne des 4 artistes devant lui, j'ai le sentiment que c'est bien lui qui mène la danse ce soir. Le mec au synthé s'éclate, comme possédé par ses touches noires et blanches, il s'en donne à cur joie. Je décide partir au milieu de leur set malgré mon engouement pour ce groupe californien.
Cette soirée fut riche en découverte, le lieu est superbe. On s'y sent bien, on a envie de traîner, de discuter. Les différents univers laisseront le choix à chacun de s'y retrouver en fonction des soirées et thématiques programmées. La programmation d'ailleurs, parlons-en. Je suis juste folle quand je vois Tiken Jah Fakoly, Izia, Féfé et d'autres viendront sur cette saison. Je suis persuadée, que tout le monde trouvera son bonheur et que les soirées seront très vite Sold Out. J'ai aimé les découvertes musicales de ce soir. Des styles bien différents, mais avec cette envie de faire la fête, de partager ces musiques et de lancer la saison de cette Sirène imbibée de good vibes !
Critique écrite le 03 octobre 2019 par Penandpaper
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