Chronique de Concert
Nasser / Mathieu
Aujourd'hui j'ai passé la journée à chanter et écouter II le deuxième album de David Lafore que j'avais pu racheter à la fin de son superbe concert au Petit Patio la veille ... J'avais aussi décidé de faire une pause dans la rédaction de ces deux chapitres qui s'avérait plus chronophage que prévue. Du coup non seulement je n'ai pas bossé (là-dessus) de la journée mais le soir j'ai décidé que j'allais voir d'autres concerts. Après une rapide coup d'œil sur Concertandco mon programme était fait ; ce sera : Nasser / Tomi au Roll'Studio, puis Magali au Baraki et enfin Leloil / Carniel au JAM. Oui je sais vous pensez que j'aurais pu aussi finir à la Machine ou l'Embobineuse, mais je suis devenu un peu raisonnable car allant seul à ces 3 concerts il me faudrait ensuite les chroniquer (en plus de finir les chapitres en question) du coup pas question de me coucher trop tard.
Je me suis demandé si je devais prendre un pull en partant ... je constate que j'ai bien fait de partir sans. Il fait (enfin) chaud. Comme à chaque fois que je me rends dans le Panier (c'est-à-dire comme à chaque fois que je vais à un concert au Roll's) je suis assailli de souvenirs d'une époque pas si lointaine mais quand même un peu, où nous allions régulièrement dans le quartier (Svet y chantait / répété avec sa chorale, Lucie était seule et petite, nous avions quelques restaux que nous aimions bien - certains existent encore, je n'étais pas aussi pris par mon boulot et donc encore plus dans la musique ...). Cette petite tendance nostalgique vient aussi de l'horaire ... 19h l'heure de la fin du samedi après midi (le jour où tout le monde a consommé à fond) et début de la soirée (les gens rentrés pour se préparer ne sont pas encore sortis) ...
Bref, je suis sorti de ces considérations péri-musicale en arrivant au pied des marches de la montée des Accoules en constatant que je suis loin d'être seul. Il y a en effet beaucoup de touristes (trahis par leur langue et/ou leurs appareils photos volumineux) qui mitraillent chaque tag, dessin, carreau sur les murs ... Dès que je tourne sur la droite je retrouve le Panier (pour lequel je suis moi-même un touriste) et ses escaliers peu fréquentés, l'odeur d'ail de la cuisine du soir, les enfants qui font du vélo ou joue sur la place en haut qui serait véritablement magique s'il n'y avait pas toutes ces voitures empilées (mais tout le monde n'a pas la chance de bosser près de là où il habite ou dans un coin correctement desservi par les transports en commun).
En haut de la rue je crois que je suis en retard (il y a plein de monde dans la rue dont les musiciens). Ah non c'est juste que j'ai oublié que la Roll'Studio était passé en horaires d'été. Les concerts commencent désormais à 19h30 et non à 18h30. Ce soir c'est assez logiquement "complet". Je passe donc un petit moment à regarder le public un peu stressé pour certains (les bonnes places sont chères ?) rentrer et en profite pour papauté avec Mathieu (enregistrement de son duo avec Katel, exploit sportif cycliste, airBnBisation du Panier, ...). C'est l'heure je rentre, et me cale au fond de la salle au pied de l'escalier sur la gauche ... Claire présente les musiciens et surtout les consignes / rappels pour garder de bonnes relations avec le voisinage (le problème #1 de tous ces super lieux pourtant raisonnables ...).
Bref c'est parti : assis à la guitare et au micro Nasser Ben Dadoo, debout à la contrebasse et sans micro Mathieu Tomi, bref une Hat Man Session presque réduite à son plus strict minimum. Ce soir Nasser est un peu enrhumé ; il a d'ailleurs demandé à Mathieu de se retenir un peu quand il chante (c'est vrai qu'il a du coffre). C'est parti pour trois quart d'heure de "blues grave du Mississippi" comme noté sur l'affiche. Car oui la voix de Nasser est grave, voire grasse ... faite pour ce type de musique (ou "par" d'ailleurs).
Ayant passé le début de concert debout dans le fond en équilibre pas très stable je n'ai pas pris beaucoup de notes, mais il a été questions d'esclave avec en prime une petite leçon d'histoire sur ce qu'était le "code noir" et notamment sur ce qui était prévu comme châtiment lorsqu'un esclave s'évadait une fois (fleur de lys gravée sur une épaule), deux fois (jarret tranché) et trois fois (la mort). Il a été aussi question de Whiskyy dans une autre chanson (Whiskey and wommin ), de delta du Mississipi, de la lutte entre les esclavagistes et ceux qui voulaient libérer les esclaves pour en faire des ouvriers au service d'un capitalisme inhumain (une autre forme d'esclavage) - je cite plus ou moins - ...
Comme je bloquais un peu la vue des gens derrière moi et que je commençais à trouver cette position semi debout inconfortable j'ai fini par traverser la salle pour m'asseoir au pied des musiciens (quand j'ai réalisé que le tabouret de droite était inoccupé. C'est donc juste à côté de la contrebasse que j'ai pu profiter pleinement de la fin de ce premier set. C'est à cette même place que, quelques mois plus tôt, j'étais littéralement tombé amoureux de (la musique de) Bögö.
J'ai pu ainsi me concentrer sur le chant de Nasser voire sur les textes. Je me suis un moment demander si les "fautes" d'anglais notamment dans les "has" vs. "have" étaient d'époque ou non (visiblement oui). La prochaine chanson répondra en effet à cette question Death have no mercy de l'immense Reverend Gary Davis que j'avais connu par Bill Deraime. Cette chanson - qui fait très House of Rising Sun finalement - sera l'occasion en intro l'occasion de nous raconter les rêves (de défunts) de Mathieu.
Changement d'atmosphère avec un sujet plus gai : Hello Joséphine une rumba comme l'appellent les bluesmen, ou un twist comme on dit chez les plus de 70 ans (et il y en avait quelques-uns). L'annonce de cette chanson sera l'occasion pour Mathieu d'échanger avec le public sur l'origine du mot yéyé (Edgar Morin), pendant que Nasser lui parle de Laeticia Halliday qu'une spectatrice du premier rang ne portait visiblement pas dans son cœur.
La complicité entre les deux musiciens est évidente et sa fonctionne aussi bien pendant les morceaux qu'entre. A deux, guitare et contrebasse (donc sans harmonica, et batterie notamment), ils arrivent parfaitement à nous emmener très loin du Panier en ce début de soirée presque estival. Ils se donnent à fond et si pour nous (qui restons sensiblement immobiles) il fait bon pour eux la température commence à sérieusement monter ce qui justifiera la pause à mi set.
Le duo fera pas mal de reprises de grands classiques plus ou moins connus, mais aussi des compositions comme ce Long way home suivi de King Cotton (et son côté Come Together), morceau que l'on peut retrouver sur l'album Dog n' wolf - plus d'infos par ici - qui (si je me souviens bien) viendra clore ce premier set en beauté, et qui sera aussi l'occasion de faire participer le public à coup de "Aa aa aa aa Aa".
Super début de soirée, comme je m'y attendais, ... je resterai encore un peu à la pause ayant rencontré des amis de mes parents et filerai ensuite à la reprise pour aller retrouver Magali de passage au Baraki ..
Plus de photos et vidéos par Pirlouiiiit par ici
Critique écrite le 26 mai 2018 par Pirlouiiiit
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