Chronique de Concert
Naya, Clara Luciani, Charlie Winston
J'ai l'occasion d'arriver un peu plus en avance que la veille et de pouvoir apprécier le travail fait dans le hall d'entrée de la salle de l'Idonnière avec l'immense comptoir toutes les guitares en déco la marque de fabrique de ce festival avec son fauteuil rouge.
Derrière, les nombreux bénévoles s'affairent à prendre soin des festivaliers.
Je descend les gradins de la salle métamorphosée pour le week-end et comprend mieux pourquoi une autre entrée est tout spécialement dédiée aux PMR et aux invités.
On m'a proposé de faire une photo sous fond vert pour venir s'ajouter à un patchwork.
Je ne me remet pas de la découverte faite au concert de Jean Louis Aubert d'une salle ultra classe, très loin d'une salle polyvalente lambda. On sent bien que ces neuf éditions précédentes ont été force d'une expérience irréprochable, et arrivent à une maturité sereine.
Le tout dans un objectif de satisfaire autant les oreilles attentives que les yeux dans un univers chaleureux et cosy.
Les 200 bénévoles ne dérogent pas à une effervescence de début de soirée et s'affairent à prendre soin des derniers détails, être au petit soin des festivaliers.
Vendredi, c'était Manu Katché et sa carte blanche en mode jam session avec des guests habitués des lieux.
Samedi c'est Jean Louis Aubert qui seul à réussi la prouesse de faire son marathon tout en alliant énergie et émotion.
Et donc ce soir, 3 groupes aux programme : Naya, Clara Luciani et enfin Charlie Winston.
Ça démarre avec un petit bout de femme, qui se pose derrière sa guitare et son rack de machines et son Macbook.
Naya à un nom à la référence reggae, un look manga, je suis curieux d'écouter son univers...
Je discerne des les premiers titres un folk prédominant avec des balades rythmées par une guitare qui prend l'ascendant. Naya pose sa voix douce et met l'accent sur ses textes simples emplis de sentiments (It doesn't scare me,Jukebox).
Il y a une fragilité à la Cats on trees qui en ressort et ponctuée de pêche dans le jeu de guitare ciselé (Don't Runaway Emilie).
La majorité de textes sont en anglais que tout le monde appréhende avec justesse, car la sensibilité est universelle et n'a pas de langue. Le sourire non plus !
Seule, elle arrive à dérider les spectateurs dans les gradins bien calés dans leurs sièges, et parviens avec facilité à les faire participer activement.
En même temps, vu l'énergie que la petite diablesse vêtue de rouge utilise pour sauter dans tous les sens, pas étonnant !
Sa musique dégage un vent de vacances, des accords ensoleillés (Great ocean road)
Naya passe à la radio, et touche le grand public avec Girl on the moon, avec sa naïveté conservée à la Petit Prince, suis une route qui l'amènera sûrement dans une fusée comme sa grande sur de ce soir.
Puis ça n'est pas Clara Luciani seule, mais un groupe soudé qui arrive devant une scénographie emplie de spiritualité.
La grande sur bénéficie d'une couverture médiatique grâce à Sainte Victoire, je pense quasi malgré elle, à en voir sa sincérité, la qualité artistique qui se suffit à elle seule.
Elle a grandi comme moi au pied de cette belle montagne immortalisée par Cézanne, et s'imprègne de la féminité à la fois forte et pudique des madones méditerranéennes.
Elle est connue en grande partie par La Grenade, mais pour ma part, j'ai été particulièrement touché par Drôle d'époque, qui ne m'étonne pas de son apparition au sein de La femme par rapport aux messages (même si personnellement j'ai toujours eu du mal avec la femme dans l'interprétation très 80s).
La formation épurée mais indispensable à l'essence du son qui en ressort me fait partir dans une réflexion sur les groupes au nom du (de la) chanteur (se).
On ne retient bien souvent que celui ci, au détriment des autres ... malheureusement.
Mais je pense que chacun y trouve son compte -et comme Keny Arkana lors d'un entretien me l'a si bien fait remarquer- c'est frustrant pour un artiste de ne pas pouvoir passer inaperçu dans un festival pour voir un autre groupe, chose banale pour un batteur...
Revenons en au concert... Clara se retourne d'ailleurs fréquemment vers son bassiste (mon coup de cur) qui amène un groove exceptionnel martelant le temps avec la batterie (Nue).
Le guitariste apporte du funk sur les morceaux les plus cadencés avec des cocottes parsemées, et des gros riffs plus gras sur ceux plus rock tout en y ajoutant des coups de cheveux !
Des spots sont placés derrière des rideaux qui tels des vitraux laissent passer la lumière à travers des motifs qui évoquent la musique.
Une atmosphère qui nous transporte dans une basilique où la Femme à une place prépondérante.
Le groupe nous illumine de leurs compositions, jonglant avec les styles.
Les nappes des claviers nous plongent un peu plus dans La baie. et nous fait nager entre les vagues dansantes.
Le contraste est saisissant avec une libération de la femme dans son expression primaire.
Sa voix grave à la Maurane illustre bien les thème musicaux qui s'adapteraient très bien à la cinématographie et cela ne m'étonnerait pas du tout si le groupe faisait une BO d'ici peu.
La tenue de Clara colle aussi avec un haut très Yves Saint Laurent, avec un visage et une influence musicale non sans rappeler Françoise Hardy en adéquation avec une atmosphère Nouvelle vague qui parcoure la salle au travers des textes distillés sur les compositions (Les Fleurs)..
Acoustic oblige, elle interprète La dernière fois en solo.
Interlude avec un humour pince-sans -rire pour lancer Eddy.
Puis le tube La grenade arrive, consécration au victoire de la musique, mais en est ce une réellement ? Je songe que l'interaction qui émane de l'alchimie des musiciens entre eux et aussi du public improvisé choristes la transcende.
Charlie Winston débute son set sur du beatbox (Kick the bucket) avec une facilité étonnante.
Une ambiance façon MTV unplugged me frappe avec ce set parfumant l'air d'un doux fumé d'authenticité. Je ne cherche même plus à savoir si c'est improvisé ou préparé, peu importe, ça sonne, et ça touche en plein cur.
Petit cours de français ... avec nuance entre les mots machin et méchant, fou rire de l'ensemble de la salle il nous fait des confidences sur son parcours scolaire pour introduire Here I am petit bijou qui fait le pied de nez aux principes d'éducation tout tracé du système.
Grosses interludes comme la veille avec Jean Louis Aubert qui nous font pleinement entrer dans l'univers de l'artiste, et dans un dialogue libre.
Il prend le piano I love your smile, déjà bien en lien avec la France (clip à l'époque avec Audrey Tautou)
Rendez-vous viens battre le rappel, avec une sensibilité qui fait sa griffe.
Airport, autre titre très sentimental, pointant parfaitement ce lieu témoin de nombreux instants clés d'histoires de couples.
Puis les lumières nous plongent dans une phase plus rock et une comparaison me vient tout naturellement avec Coldplay.
Je suis désarçonné, car malgré le quelques prestations que j'ai eu la chance de voir du chanteur depuis une dizaine d'année, cette dimension est nouvelle.
Il fera d'ailleurs une bonne aparté sur ses 5 albums qui l'on suivi dans son baluchon jusqu'ici faisant de lui ce qu'il est et comme un album photo retrace son chemin musical, sa vie d'homme aussi (Here I am).
Il n'est plus le jeune homme fougueux de Like a hobbo. Il porte toujours son chapeau, au début, et c'est derrière le piano qu'on aperçois un crooner entre deux ages, qui a digéré ses rencontres et les épreuves de la vie.
C'est bien là la marque de l'artiste au sens noble du terme qui se bonifie au fil du temps, et le tonton nous régale de ses anecdotes.
Il nous fera même un petit sketch en singeant un fan souhaitant prendre une photo avec pertinence, tout en permettant au passage d'immortaliser le moment.
Autre aspect important pour ce set complet et rythmé, Charlie est multi instrumentiste et prendra aussi la basse en plus du beatbox, guitare, piano...
Il est initié à l'Acoustic Festival, et en profite pour inviter tour à tour Clara et Naya afin de profiter de l'instant.
Pour le duo avec Clara Luciani, il rejoue la magnifique chanson de Lou Reed : Perfect day, déjà interprété sur un Taratata. La complicité est sans far, voir même avec une pointe de séduction.
Je partirai avec une grosse partie de la foule après son tube, pensant que le carrosse de cette soirée est tout près de se transformer en citrouille. Petit coup d'il vers la scène et le backstage avant de quitter la salle, je vois Naya au bord de la scène et pense quelle profite des dernier instant du show, mais dans le parking, j'entends le groupe qui remet de plus belle, et je verrai en rentrant que le tonton a invité la benjamine du soir pour clôturer en beauté. J'aurai dû suivre mon instinct...
La patte du Festival Acoustic a marqué ma chair au fer, rouge !, et son tatouage en forme de guitare me fait dire avec fierté que pour les 10ans, j'y étais, et que je compte bien y retourner...
Ça n'est pas seulement un festival de musique parmi tant d'autres, mais un rendez vous privilégié dans une ambiance feutrée, pleine de proximité et de chaleur entre bénévoles, amateurs de textes, mélomanes, et musiciens généreux.
De très belles initiatives conviviales aussi pour se démarquer, inédites pour moi en festival comme celles ci :
Critique écrite le 06 avril 2019 par Berclic
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