Chronique de Concert
Aucune date n'étant programmée dans ma bonne vieille Suisse et le concert parisien tombant le même soir que Bruce Springsteen pour lequel j'avais déjà les places, j'ai donc décidé de profiter du pont de la fête du travail pour aller respirer l'air de Francfort.
Arrivés devant le vénérable Alte Oper deux heures avant le concert, on en profite pour se balader. Et là, difficile de faire trois pas sans tomber nez à nez avec un t-shirt du Loner. Au-dessus d'un de ceux-ci, une bouche parlant français attire mon oreille. D'un charmant accent du Sud, ce vénérable fan (60 ans bien sonnés) explique à ses amis que le concert de ce soir serait exceptionnel, que Neil allait jouer l'intégralité de son futur nouvel album plus quelques oldies pour faire passer. Renseignements pris, il a déjà assisté aux concerts de Stockholm et d'Oslo et les réactions ont été plus que diverses. La tension monte, l'heure passe et nous nous rendons à nouveau devant le vieil opéra.
Annoncé à 20h00, le concert débutera avec une bonne demi-heure de retard. Un seul inconvénient majeur dans cette magnifique salle à l'acoustique parfaite : les sièges sont disposés de telle façon qu'à moins de mesurer 2 mètres ou d'avoir quelque de très petit devant, on passe le concert la tête penchée pour apercevoir ce qui se passe sur scène. A 120 euros la place, on pourrait espérer un peu plus de confort mais bon...
La scène est typique des concerts du grand canadien. Simple et dépouillée. Plusieurs guitares, un piano droit, un piano à queue et un orgue. Quelques bougies complètent le décor.
Neil fait son entrée. Il s'assied, fait un petit signe de tête, empoigne une guitare et attaque "Falling from above", un morceau qu'il a déjà interprété en clôture des concerts pour The Bridge School (www.bridgeschool.org) en octobre 2002. Après quelques secondes, on le sait, on le sent, on va assister à un moment d'exception. Fait extrêmement rare, NY est bavard. Entre chaque morceau, il nous conte l'histoire de Greendale, petite ville californienne de 25000 habitants et de certains de ceux-ci, plus particulièrement la famille Green (pour plus de détails sur le nouvel album et l'histoire : www.neilyoung.com). Les nouveaux morceaux, pour la plupart assez calmes, sont d'une beauté hypnotique. Les textes sont très politisés (environnement, médias, etc.) et les commentaires de Neil sont à la fois émouvants et ironiques, voire sardoniques. Le dernier morceau de cette première partie de concert, "Be the rain", permet au Loner de se lâcher dans un déluge de guitare saturée (d'une rare violence pour un set acoustique) et de hurlements à travers un mégaphone. Sous un tonnerre d'applaudissements, il quitte la scène en nous rassurant d'un "Be back in a short while". Plus de 100 minutes de magie.
On profite de la pause pour faire un tour dans les couloirs de ce lieu magnifique, on s'offre un tee-shirt et une bière teutonne en se disant que la vie est parfois bien douce.
Après une bonne vingtaine de minutes, on a regagné nos sièges et les lumières s'éteignent. C'est parti pour le good old stuff !! Tout d'abord, un petit "Lotta love" pour se mettre en jambe. Pas un de mes morceaux préférés mais les nouveaux titres étant très denses, il n'est pas désagréable de se détendre un peu en fredonnant cette mélodie toute simple.
Puis vont s'enchaîner : "Comes a time", "Long may you run" (à l'orgue),"Birds" (au piano à queue), "Old man", "Don't let it bring you down" "Only love can break your heart" et "After the gold rush" (au piano), et au milieu de tout ça, le moment historique de cette deuxième partie de concert : un "Danger bird" au piano à queue, lent et fascinant. A ma connaissance, ce titre n'avait jamais été interprété de cette façon auparavant.
Puis vient "War of man", un morceau de l'album "Harvest moon" qui clôt le concert sur une note écolo, bouclant la boucle après les titres de Greendale. NY remercie, quitte la scène et les lumières se rallument.
Et c'est parti pour presque dix minutes d'applaudissements en standing ovation. On sait qu'il va quand même revenir, un concert sans rappel, pas possible. Mais il se fait désirer. Il faut dire qu'au total, entracte non compris, il a quand même joué plus de 2h30. Enfin, sa grande carcasse se pointe sur le côté de la scène et lorsqu'il empoigne une guitare et plaque les premiers accords de "Heart of gold", on sent une clameur monter sous la voute de l'opéra de Francfort et les frissons envahissent plus d'une échine. Le morceau se termine trop vite, on en veut encore, mais non, cette fois c'est bien fini, Neil remercie, s'en va et les roadies sont sur scène pour ranger le matos et nous signifier qu'il faut rentrer.
Je n'avais jamais vu Neil Young en concert solo acoustique. Malgré le prix exorbitant des places, j'y retournerai sans problème. Après plus de 35 ans de carrière, un artiste qui pourrait se contenter de gratouiller son best of et qui au contraire risque tout en consacrant les deux tiers de son show à des morceaux difficiles, inconnus du public, d'une intelligence et d'une beauté stupéfiante mérite le respect et la reconnaissance.
En gros, moi j'ai vachement aimé.
Critique écrite le 16 juillet 2003 par Eric
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