Chronique de Concert
Nervous Cabaret & 21 Love Hotel
Pour la première partie de la soirée, l'association Bouche à Oreille (qui organise les concerts dans cette magnifique salle qu'est l'espace Doun) avait fait venir de Paris le groupe 21 Love Hôtel. Un groupe qui monte, un groupe dont on entend parler ici et là depuis environ deux ans, le plus souvent en bien. Ils ont l'air charmants et jouent une pop-folk planante également charmante. 21 Love Hôtel, c'est un batteur (un peu brutal à mon goût), deux guitaristes dont Frédéric D. Oberland, un des deux membres fondateurs (qui utilise trois fort belles guitares, et joue également, sur scène, du xylophone, de l'accordéon, du banjo) et une jolie chanteuse (Clémence Léauté, deuxième membre fondatrice). Je vais faire assez court sur cette première partie, parce que je n'ai été touché ni par leur musique, ni par leur performance... Les compositions de 21 Love Hôtel, même si on ne peut pas leur reprocher grand chose, me laissaient un goût de déjà entendu, et j'ai surtout trouvé que, sur scène, tout ça manquait un peu de spontanéité et de fraîcheur.
Je dois juste reconnaître leur bon goût (et leur culot, qui me fait penser que ce groupe est peut-être meilleur que j'en ai eu l'impression) en ce qui concerne la reprise finale. Il s'agissait en effet de l'immense Mercy Seat et, reprendre en concert (et de belle façon) une chanson de Nick Cave qui a déjà été reprise (entre autres) par Johnny Cash, est une prouesse remarquable.
S'en est suivie une assez longue pause. Pause animée toutefois puisque les membres de Nervous Cabaret présents ce soir là on fait leur balance pendant cette pause (faute de temps avant le début de la soirée) : Elyas Kahn (guitare, basse et chant) , Brian Geltner (batterie), Sam Kulik (Trombone, percus) + un bassiste dont j'ai oublié le nom... (honte sur moi !).
Le passage de la balance vers début du concert se fait en douceur, sans changer grand chose à l'ambiance, puisque le public applaudit les tests des instruments et les "one, two, three, check, check, check" et que la lumière ne change pas. Mais les changements vont vite arriver, et la température de l'ancienne écurie où se déroule le concert va vite monter.
La première fois que j'ai entendu parler de Nervous Cabaret, c'était pour leur prestation aux transmusicales de Rennes, il y a trois ans. Ils avaient enflammé le public, reléguant tous les autres groupes de cette édition 2005 loin derrière eux... Trois ans après, et une quarantaine de concerts en France (dixit Loïc, leur ingé-son pour l'Europe), je ne connaissais pas grand-chose de plus d'eux à part quelques titres écoutés sur le net ou entendu à la radio. Visuellement, ça commence bien. Elyas Kahn est habillé en pirate dandy, Brian Geltner, accroché à la batterie n'arrête pas de faire des grimaces, le bassiste a un look d'ex taulard rock'n roll, et enfin, Sam Kulik ressemble à un étudiant hors du temps de Berkeley (grand, émacié, cheveux très long attaché en couettes-arrières avec un t-shirt Zaire-74). Bref, un genre de Village People hype ! Ça atténuait un peu l'a priori (pas très positif) que je pouvais avoir sur cette mode du rock-oriental-new-yorkais... Mais ces quatre-là viennent de Brooklyn et pas de Greenwich Village, et, chez eux, le mélange des genres n'est pas dû à un effet de mode, il est une façon de vivre, nécessité... Et tout ça change pas mal de choses.
Musicalement, il est à la fois facile et difficile de décrire leur style. Facile, parce que comme je l'écrivais au début, dire "Nervous Cabaret" suffit presque à les décrire entièrement. Difficile parce que leurs influences sont nombreuses et que leur univers est vaste. En vrac, dans le désordre, et de façon non exhaustive, quand on entend ce groupe, on peut penser aux pétillants Clap Your Hands Say Yeah, au sombre Joseph Arthur, mais aussi beaucoup à Arno (période Arno And The Subrovnicks), ou encore aux mélopées Kawali de Nusrat Fateh Ali Kahn. Un mélange de tout ça, donc : du rock qui puise dans le meilleur, une voix rocailleuse et puissante, et des mélodies universelles teintées de Moyen-Orient. Et si l'on ne devrait retenir qu'un seul de ces qualificatifs, ce serait sans doute la puissance qui devrait rester.
Tout commence en douceur (relative) avec Tryptych, un titre assez long du premier album... titre qui se destructure assez rapidement, pour monter en... PUISSANCE. Puis les titres de leur derniers albums (Drop Drop) s'enchaîneront, mélangés à ceux du premier (intitulé sobrement Nervous Cabaret) : le rageur, tendre et sautillant Instant Lady, le "slow" (ha ha ha !) Grand Palace of Love, le nerveux Furious Bed, le plus calme Passion Plumber... jusqu'au grandiose, jouissif et tubesque Mel Gibson. Des textes tourmentés et fantasmatiques qui passent de la "simple" chanson d'amour à des considérations sur la religion, les rêves ou la culpabilité. Tout avec de la classe, du gros son, une énergie gigantesque, une joie visible et contagieuse d'être sur scène, une justesse et un équilibre (tout semble se passer sur un fil) époustouflants.
On ne ressort pas indemne d'un concert de Nervous Cabaret. J'en suis ressorti ensorcelé, ravi de voir qu'un groupe a pu réussir à intégrer autant de bonnes musiques sans en dénaturer aucune, heureux de les compter parmi le groupes que j'ai vu en concert parce que leur présence sur scène enthousiasmante, et avide de leurs mélodies que j'écoute en boucle depuis. Avec l'impression, une fois de plus, que l'association BàO réussit l'exploit à chaque fois d'accueillir dans ce petit village de campagne qu'est "Rogueness" des groupes d'une qualité digne des plus grandes salles.
Et pour avoir un peu de son :
La page de 21 Love Hôtel : www.myspace.com/21lovehotel
Et celle de Nervous Cabaret : www.myspace.com/nervouscabaret
Critique écrite le 23 septembre 2008 par ChloroPhil
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