Sept ans après avoir mis entre parenthèses leurs activités, les Neurotic Swingers, qui furent au début de ce siècle un des meilleurs groupes punk rock de ce pays, repartent pour une mini-tournée qui est en quelque sorte leur chant du cygne. Le but étant de faire quelques concerts avant tout pour le fun. Ils investissent donc ce soir le Poste à Galène avec en première partie les phocéens de Doc Vinegar et les Types Arty, liés au label garage pop Ave the Sound.

Doc Vinegar et les Types Arty est un quatuor qui pratique une power pop élégante. Doc Vinegar, armé d'une telecaster, lunettes noires sur le nez, assure le chant lead. Un second guitariste tient une douze cordes et assure également les choeurs. Ce mariage entre l'acoustique et l'électrique donne une couleur très pop à leur musique, d'autant que le groupe soigne ses mélodies. Le tout est porté par une section rythmique à la fois souple et punchy. Les Doc Vinegar et les Types Arty sont des gens de goûts puisqu'ils débutent leur set avec You tore me town, titre parfait des Flamin'Groovies à la mélodie imparable. La majorité des chansons sont joués en mid tempo mais restent énergiques, les compositions sont plaisantes et plutôt bien écrites. Ces gens semblent amoureux de la power pop la plus élégante, celle qui va des Kinks à Teenage Fanclub (dont ils reprennent start again à la fin du set) en passant par Big Star et ils perpétuent cet héritage avec un certain panache.


On va changer de registre en augmentant le son et en accélérant le tempo avec les Neurotic Swingers. Ils commencent avec un premier titre instrumental très rentre dedans, pipeline : guitare surf sur rythme punk. On rentre tout de suite dans le vif du sujet. Pour les avoir vus qu'une seule fois il y a bien deux lustres, je peux constater que les quatre swingers n'ont rien perdu de leur urgence ni de leur fougue et de leurs qualités : riffs de guitares saignants, basse grondante et batterie frénétique ainsi qu'un sens de la concision très " punk 77 ", dans la lignée du Clash des origines ou des Dead Boys.


Les pépites pop punk que sont sont Please Hate me ou I've just losing my soul sont toujours aussi percutantes et jouissives. Ils ont en plus ce soir un gros son bien scotchant. L'ambiance devient rapidement torride, le public suit à fond. L'énergie furibarde des Neurotic Swingers est joyeusement communicative puisque qu'une flopée de quadras-quinquas commencent à libérer leur trop plein de testostérone en pogotant virilement devant la scène. On sent en plus que les quatre musiciens sont vraiment ravis d'être là. Raph Swinger, le bassiste chanteur est d'ailleurs à ce sujet assez disert : il plaisante sur le fait, qu'en dépit du contexte ambiant plutôt morose, et à voir le public de soir, " qu'on sera toujours là pour aller boire des coups en terrasse et assister à des concerts de rock'n'roll, et ceci jusqu'à nos soixante dix ans " (ce que je ne peux qu'approuver).


Son chant punk éraillé se complète bien avec celui, plus haut perché et gouailleur, du guitariste Stephane Lollipop. Pour le rappel, le quatuor envoie une reprise de nineteen, grand classique des Dogs (qui furent quand même en leur temps et même après, et il faut le rappeler au monde entier, un des meilleurs groupes de rock'n'roll de ce pays) et termine avec un burn the floor chaotique à souhait. Bref, un retour en force réussi, le Poste a bien chauffé avec un très bon moment de punk'n'roll hautement énergique et libérateur, ce qui fait foutrement du bien en cette période plutôt plombante.

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