Chronique de Concert
New Model Army
A 19h40, il pénètre seul avec sa guitare sur la scène du Trabendo et s'attaque d'emblée à "Family life", le premier extrait de l'album "Thunder and consolation" de la soirée. Le son est parfait, la voix et la silhouette de Sullivan sont intactes. Toutes les inquiétudes sur une potentielle date de péremption se dissipent une à une, alors que les autres membres de NMA rejoignent un par un Sullivan au fur et à mesure que les chansons se succèdent. Ils sont bien là tous les quatre au complet quand il s'agit de s'attaquer à "Inheritance", "Bad old world" et à "Frightened", titre exhumé du tout premier album du combo. Alors que l'ambiance chaude et typique d'un concert de New Model Army s'est installée et que le public est bien à point après une dizaine de titres, Sullivan explique que lors d'un repas français l'entrée précède le plat de résistance et que c'est la même chose lors d'un concert de son groupe : il annonce un petit break. Quelques minutes plus tard, la troupe de musiciens revient toutes guitares électriques dehors et fait monter le thermomètre d'un coup. NMA est à la hauteur de sa réputation. Son punk rock teinté de folk est carré, abrasif, intense, nerveux, habité et transpire une générosité rare. Les quinquas se mettent à pogoter, à reprendre les refrains de "Lust of power", "Here comes the war" et "Believe it" à gorges déployées. Entre les titres, Sullivan évoque tout le mal et toutes les craintes que lui inspirent notre époque tourmentée. L'intensité et la chaleur du concert ne cessent de grandir. Que ce soient des titres récents comme "Maps", très anciens comme "1984" ou emblématiques comme "The charge" ou "Before i get old", tous sont joués avec la même ferveur et la même osmose. A aucun moment, la moindre seconde de temps mort ne transparait dans la prestation du groupe. L'intensité monte encore alors que le public est déjà en ébullition depuis un moment, quand Sullivan et sa horde sauvage s'attaquent à "Vagabond" et "The hunt". On est à ce moment précis dans un instant de grâce et de jouissance musicale ou plus rien d'autre n'a d'importance. C'est clairement pour cela qu'on aime New Model Army et qu'on va les voir et revoir sur scène depuis des années. Le concert se finira vers 22h40 après près de 3 heures de concert et un rappel fiévreux, dans lequel Sullivan, visiblement émoussé, jettera ses ultimes forces tel un William Wallace des temps modernes dans de formidables versions de "51st state", "No rest" avant de conclure en apothéose par un "I love the world" repris en chœur par tout le public. Encore une fois cet infatigable combo a tout donné pour notre plus grand plaisir. Clairement, on en redemande, et on reviendra comme en pèlerinage chaque automne lors de ses escales parisiennes, et ce tant que le combo continuera à jouer !
Critique écrite le 14 novembre 2022 par lol
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