Chronique de Concert
Nick Cave and the Bad Seeds
Nous étions en automne et nous étions contents de marcher dans des feuilles mortes : ça faisait sens. Rien de morbide, juste un sentiment de fané qui convenait et soulageait de la fatigue de l'été. Les injonctions au bonheur pouvaient s'amenuiser, il était l'heure : ressentir.
Les Bad Seeds portaient depuis toujours le costume et un genre de politesse ancrée, que certains philosophes appelaient esthétique, nous fit nous apprêter. C'était un minimum sans obligation, un petit luxe, un public aussi beau que la musique. Skeleton Tree, dont le voyeurisme ne nous avait jamais attiré, semblait un fantôme de moins en moins écrasant et nous étions là à deviser, franchir les sas rouges, trouver places, attendre. La grand-messe ou ce qui y ressemblait comptait nombre d'adeptes dans le hangar, qu'il s'agissait de changer en nef à la hauteur des espoirs indéfinis.
Ce fut la voix, d'abord, qui retentit et qui dans la plénitude de ses moyens et des espaces alentours, dessinait et découpait à l'envi, jusqu'au frisson. Nous fûmes parmi les autres, saisis. Puis les Bad Seeds, entre ombre et sourires, donnèrent les reliefs supplémentaires, bruit et fureur, mélodie et silence. Tapis, des classiques s'apprêtaient, des blues criés ou murmurés, des contes narrés en circonvolutions, je vais parler d'une fille, et Dieu toujours qui se faisait désirer. Nous dansions dans les menus espaces entre deux larmes. Autour, tout autour, tout le monde faisait de même. Nous ne pouvions que le croire. Nous ne pouvions que voir nos joies s'écouler à la fin de chansons offertes comme si c'était le dernier ou le premier soir, et les dents qui luisaient. "Jubilee Street" parmi les autres, "Into My Arms", "Red Right Hand", chacun avait de quoi remplir ces moments arrachés à la stupidité de ce qu'on essayait et de ce qu'on essaiera encore de faire, malgré nous, de nos vies.
Derrière, "The Mercy Seat", terminal. Puis deux extraits de Skeleton Tree qui, en nous laissant à leur porte, permirent aux émotions de reposer.
Il y avait rappel. "The Weeping Song", chantée parmi le public. "Stagger Lee", chantée parmi les spectateurs invités sur scène, leçon de tableau vivant. Puis, finalement, "Push the Sky Away", pas d'âge pour la naissance des classiques, ou faire du public entier un tableau un acteur de ce concert.
Nous pouvions retrouver les bières et la nuit.
Setlist :
Anthrocene (Skeleton Tree)
Jesus Alone (Skeleton Tree)
Magneto (Skeleton Tree)
Higgs Boson Blues (Push the Sky Away)
From Her to Eternity (From Her to Eternity)
Tupelo (The First Born Is Dead)
Jubilee Street (Push the Sky Away)
The Ship Song (The Good Son)
Into My Arms (The Boatman's Call)
Girl in Amber (Skeleton Tree)
I Need You (Skeleton Tree)
Red Right Hand (Let Love In)
The Mercy Seat (Tender Prey)
Distant Sky (Skeleton Tree) (feat. Else Torp)
Skeleton Tree (Skeleton Tree)
The Weeping Song (The Good Son)
Stagger Lee (Murder Ballads)
Push the Sky Away (Push the Sky Away)
Critique écrite le 04 octobre 2017 par Clement Chevrier
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