Chronique de Concert
Nick Cave & The Bad Seeds
Nick Cave et ses fidèles Bad Seeds arrivent tout de noir vêtus : on dirait une bande de gangsters aux mines patibulaires. Nick Cave, avec sa cravate et sa démarche particulière, entonne l'enlevée "Do you love me", une chanson du dernier album, puis "Lime tree arbour" : en deux chansons, il a fait étalage de tout son talent de songwriter et de performer. L'ambiance du Transbordeur et les lumières rappellent un vieux club de jazz-blues enfumé : c'est idéal pour Nick, qui ne goûte que très peu les ambiances festivalières ensoleillées (et inattentives).
Au cours du concert, les titres rock rapides et les ballades au piano se succèdent, ainsi tout le monde est content et personne ne s'ennuie. Nick Cave et ses Bad Seeds sont aussi à l'aise dans les deux registres : la magnifique et puissante "Into my arms" émeut, "Papa won't let you Henry" provoque carrément un stage diving... Le chant de Nick n'a jamais été aussi convaincant : il joue "No more shall we part" avec un douce voix, assis au piano, puis un peu plus tard, il pousse des hurlements en arpentant la scène comme un lion en cage. Il est assez jubilatoire de voir un chanteur en costard-cravate se déchaîner de la sorte !
Le public est très réceptif et attentif, il encourage le groupe et demande ses morceaux préférés entre les chansons. Sur les titres les plus calmes et les plus prenants, le recueillement du public est remarquable : on se croirait presque dans une église. La religion est un des thèmes du dernier album, les mots "Lord", "Hallelujah" et "God" reviennent très souvent dans les paroles des nouvelles chansons : "God is in the house" est une des grandes réussites et lors de son interprétation, on est pétrifié par l'émotion. Cette fascination-répulsion pour la Bible le rapproche du génial chanteur de country-folk Johnny Cash qui, sur son dernier disque "American recording 3 : solitary man", reprend "The mercy seat" dans une version épurée : cette reprise a dû enchanter Nick qui avait repris "The singer" de Cash sur "Kicking against the pricks". Un retour d'ascenseur en quelque sorte. La version délivrée par le groupe ce soir m'a littéralement cloué au sol : toutes guitares et violon dehors, les Bad Seeds ont magnifié cette chanson d'anthologie.
Les Bad Seeds sont globalement assez effacés et peu démonstratifs (à part le surrexité violoniste hirsute) mais ils sont bien présents musicalement et leur contribution est absolument primordiale. Mick Harvey et Blixa Bargeld, les deux guitaristes postés de chaque côté de la scène, ont fait étalage de leurs registres très étendus pour créer de multiples ambiances. Nick Cave n'oubliera pas de présenter et de remercier chaleureusement les membres du groupe : l'ingratitude ne fait pas partie de son registre.
Nous aurons droit à deux rappels réclamés longuement et bruyamment par une foule en délire, au cours desquels le premier morceau joué par les Bad Seeds est interprété dans une version bordélique, déstructurée mais convaincante, puis lors du dernier rappel, ils interprètent "The curse of Milheaven", une superbe chanson de "Murder ballads" dont Nick a oublié les paroles. Jean-Phi, un roadie français, se verra offrir sa première apparition sur scène avec une pancarte où figure le texte de la chanson. Malgré, ce petit handicap, Nick livre un version musclée et réussie de ce titre. Le refrain, à base de "la la la", se termine par un "We all got to die". Sacré Nick, toujours le mot pour rire : ce n'est pas très gentil de nous rappeler ça alors qu'on passe une aussi bonne soirée. Toutefois, si on doit tous mourir autant que ça soit après avoir assisté à un concert envoûtant comme celui-ci ; Nick Cave a vraiment sorti le grand jeu afin de rendre 1600 personnes heureuses...
Critique écrite le 11 juin 2001 par Pierre Andrieu
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