Chronique de Concert
Nick Cave
C'est dans une formation resserrée autour de quatre Bad Seeds au lieu de huit que Nick Cave venait arpenter les planches de la scène du Grand Rex en ce mois de mai 2015. L'idée était de présenter des chansons de son répertoire dans une approche plus intime, recentrées autour du piano dans un mode plus crooner et apaisé que ses prestations électriques avec les Bad Seeds au grand complet. Pour les connaisseurs, c'était l'occasion d'entendre les chansons dans une orchestration proche du dernier album "live From KCRW" sorti il y a maintenant quelques mois, ou du fameux Pirate "live in Belvoir"
Une fois de plus l'Australien a ébloui de sa classe un Grand Rex plein à craquer. Attaquant seul au piano par "Water's edge" puis une version un peu décevante de "The weeping song", il enchaina par une version un peu plus teigneuse de "The red right hand" avant de quitter son piano pour une version habitée et endiablée de "Higg Boson Blues". Cette chanson du dernier album (Push the sky away), qui le verra se déplacer jusqu'au milieu de la salle, est clairement devenu un classique à ranger non loin d'un "Stagger lee" ou d'un "Plain got ring".
Apres ce premier morceau de bravoure, il retrouvera son rôle de crooner pour quelques chansons dont "The ship song" avant de retourner une fois de plus le public avec une version très mordante de "From her to eternity". Si j'aime beaucoup les ballades de Nick Cave comme "Into My Arms", " Black hair", "people ain't no good", je dois avouer que je préfère le voir sur scène dans son rôle de maître de cérémonie, debout, invectivant l'audience comme un prédicateur possédé.
Dans ce registre, même si elles ont été plus que de très bonnes factures, les versions chantées assis au piano de "Jubilee street", "Tupelo", "Jack the ripper" n'ont pas eu la même sève que celles, exceptionnelles, qu'il avait livré au Zénith lors de son escale parisienne précédente, debout et totalement possédé. Pour autant la version apaisée de "The Mercy seat" était particulièrement réussie. La formidable reprise d' "Avalanche" de Leonard Cohen, pendant laquelle on aurait pu entendre une mouche voler, fut un des plus beaux moments de ce concert, tant le public est resté sans voix, fasciné par la beauté mélancolique de son interprétation piano violon, pour laquelle il était accompagné par son fidèle second, Warren Ellis, le sosie du sorcier Saroumane du seigneur des anneaux.
Le concert se terminera au bout de 2h30 par un rappel cloturé par le très beau "Pushing The sky away" (quoique inférieur à la version du zénith de fin 2013). Si Nick Cave n'a plus rien à prouver depuis longtemps, il fait partie de ces rares artistes qui offrent toujours quelque chose de différent à chaque Concert. La maîtrise totale de son art lui permet d'alterner de vrais moments de bravoures comme des ballades "cohenienne" qu'il pourra encore jouer pendant de longues années avec la même ferveur. Il nous a gratifié une fois de plus d'un concert tutoyant des sommets que peu de gens fréquentent.
On a déjà hâte de le retrouver, mais plutôt avec les Bad Seeds au complet pour un concert plus théâtral... On ne bouderait cependant pas un autre concert intime piano voix dans une petite salle comme le Studio de l'Ermitage...
Liens : www.nickcave.com, www.facebook.com/nickcaveandthebadseeds, twitter.com/ncandtbs, www.youtube.com/nickcavetv.
Critique écrite le 19 mai 2015 par lol
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